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Annonces ou pas : l'équation politique hautement inflammable d'Emmanuel Macron
©FRED DUFOUR / AFP

Sortie du Grand débat

Il y a eu un "blast", mais pas d'effet "waouh" ! Le blast a été provoqué par l'impensable incendie qui a embrasé Notre Dame, bouleversant la France et le monde entier.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Il y a eu un "blast", mais pas d'effet "waouh" ! Le blast a été provoqué par l'impensable incendie qui a embrasé Notre Dame, bouleversant la France et le monde entier. Dans ce moment terrible, on ne pouvait concevoir que les chaines de télévision diffusent à 20H un discours de 18 pages enregistré une heure plus tôt, énumérant toutes les mesures censées mettre fin à la crise sociale qui secoue la France depuis six mois. Un deuil national s'est spontanément instauré, et les annonces reportées à plus tard. Alors que notre monument national le plus symbolique était encore la proie des flammes, dans la nuit, Emmanuel Macron promettait : " cette cathédrale nous la rebâtirons". Il l'a redit solennellement ce mardi soir dans une adresse aux Français, alors que les promesses de dons se chiffrent déjà à près d'un milliard d'euros.

"Au cours de notre histoire, nous avons bâti des villes, des ports, des églises. Beaucoup ont brûlé ou ont été détruites par les guerres, les révolutions ou les fautes des hommes. A chaque fois nous les avons reconstruites", a-t-il déclaré et il a souhaité qu'à travers cette épreuve nous puissions "retrouver le fil de notre projet national, celui qui nous a fait, qui nous unit, un projet humain, passionnément français...Après le temps de l’épreuve viendra celui de la réflexion, puis celui de l’action, mais ne les mélangeons pas...

Je reviendrai vers vous comme je m’y étais engagé dans les jours prochains pour que nous puissions agir collectivement suite à notre grand débat mais ça n’est pas le temps aujourd’hui. Demain, la politique et ses tumultes reprendront leur droit, nous le savons tous, mais le moment n’est pas encore venu". Certes, mais pour dire les choses de manière un peu triviale, il ne faudrait pas que le temps de la réflexion dure trop longtemps. Emmanuel Macron voudrait de faire de cette épreuve un ciment d'unité nationale, voire de trêve sociale. Véritable espoir ou voeu pieux ?

L'émotion n'est pas encore retombée, mais pendant l'émotion l'actualité continue... Et le catalogue de mesures "waouh", destinées à éteindre la colère sociale essentiellement incarnée par les gilets jaunes, a commencé à circuler sous le manteau et s'est retrouvé entre les mains des journalistes qui l'ont divulgué, comme il se doit. Et comme dans une auberge espagnole, chacun y a puisé ce qui lui semblait le plus significatif. Les mesures telles que la suppression de l'Ena, l'indexation des petites retraites, la baisse des impots pour les petits revenus, pas de fermeture de classes ni d'hopitaux jusqu'à la fin du quinquennat, davantage de proportionnelle pour les élections, sont évoquées partout.

Nos confrères se montrent beaucoup plus éclectiques et prudents sur la notion de " travailler plus longtemps" également introduite par Emmanuel Macron, ou encore sur le refus du chef de l'Etat de rétablir l'ISF, dont le retour est réclamé à corps et à cris dans les cortèges des gilets jaunes. L'impact de la suppression sera évalué au bout de deux ans, "après quoi on verra", demeure la philosophie d'Emmanuel Macron, qui ne cède pas sur ce qui a été un, voire le marqueur de son mandat...

Sur la baisse du nombre de parlementaires, les gilets jaunes ont rejoint le voeu du chef de l'Etat qui les a entendus. Quant au RIC, le referendum d'initiative citoyenne, il serait réservé aux consultations communales. De quoi nourrir les réflexions, les frustrations et d'attiser les colères. Pour l'heure ces fuites ont uniquement fait réagir le vice président de LR, Damien Abad qui déplore que " le Grand Débat ait accouché d'une souris". Les gilets jaunes qui avaient promis une journée d'action massive pour ce samedi partagent-ils tous l'émotion provoquée par l'incendie de Notre-Dame en restant chez eux viendront-ils commenter à leur manière ces mesures qui restent officieuses pour le moment ? Comment ceux qui les soutiennent réagiront-ils à cette spectaculaire levée de fonds en faveur de la Cathédrale, alors que Bercy rogne chaque centime ? Ceci n'a rien à voir avec cela, mais il faudrait l'expliquer, remettre les choses en perspective, et vite ! Sinon la France risque de se retrouver prise à ce "piège de la hâte" qui prendrait la forme d'un sursaut de colère qu'Emmanuel Macron voudrait tant éviter.

De même qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, s'il ne veut pas que " l'effet waouh" se transforme en "effet pschitt", le Président de la République doit évaluer la différence entre réflexion et attentisme.

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