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Angela Merkel a décidé de sauver la Grèce
©Reuters

L'édito de Jean-Marc Sylvestre

La chancelière a reçu lundi le premier ministre grec Alexis Tsipras. Au terme d’un entretien très serein, dit-on, les deux chefs d’État se seraient mis d’accord pour cesser les attaques réciproques et trouver une solution à la fois politique et financière au blocage grec. En attendant, Athènes aura de l’argent jusqu’au 8 avril.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’est Angela Merkel elle-même, qui a sifflé la fin d’un conflit aussi ridicule que dangereux. Elle a invité le premier ministre Grec à lui rendre visite. Avant cela elle s’était assurée que le ministre de l'économie Yanis Varoufakis ne mettrait pas les pieds à Berlin et que dorénavant ce serait les ministres des affaires étrangères qui règleraient les questions de détails, ce qu’ils ont fait dimanche soir en toute sérénité et discrétion. A commencer par le dossier glauque des dommages de la dernière guerre.

Dans les faits, la chancelière allemande a obtenu que les dirigeants grecs cessent leurs attaques puériles et ridicules à l’encontre du peuple allemand, qualifié de nazi dans la presse. Elle a aussi obtenu que le premier ministre s’aligne sur les engagements qui avaient été pris par le gouvernement précédent, ce qui veut dire que la Grèce va devoir retarder la présentation ou l’application des mesures et des promesses qui coûteraient de l’argent au budget.

Enfin, la chancelière a expliqué très calmement que la zone euro ne pouvait pas se réformer pour s’adapter aux facéties électorales de la gauche radicale, mais qu'à un moment un gouvernement responsable se devait, tout en respectant le verdict de urnes, de respecter aussi les traités internationaux.

En contrepartie, Angela Merkel a compris que le gouvernement grec avait un problème de survie à très court terme et qu’il lui fallait trouver de l’argent jusqu'au 8 avril, date à laquelle les engagements du gouvernement grec seront confirmés et alors la tranche de 7 milliards pourra être versée.

Si les engagements pris hier soir n’étaient pas confirmés, la situation deviendrait très critique… on entrerait dans un nouvel épisode psychodramatique qui pourrait alors conduire au désastre.

En attendant, la Grèce pourra payer ses fonctionnaires, l’Allemagne garantissant semble-t-il les traités. En prime, Angela Merkel a demandé à son ministre des affaires étrangères de rouvrir le dossier des indemnités de dommages de guerre que les nouveaux dirigeants avaient brandi, et de le présenter à Berlin, alors que tout le monde pensait que ce problème avait été réglé. Pour Alexis Tsipras, la question est moins financière que politique.  

A priori, Angela Merkel est décidée à trouver une solution. Non pas parce qu’elle craint une sortie de la Grèce de l’euro. Elle s’y est préparée et l’ensemble de la zone euro aussi. Mais elle veut sauver la Grèce parce qu’elle considère à juste titre que sa sortie serait désastreuse sur le plan politique.

D’abord désastreuse pour l’Allemagne qui serait jugée responsable de cette éviction. Ensuite désastreuse pour la zone euro dans son ensemble, avec des effets très négatifs sur le marché des changes. Enfin désastreuse pour l’économie grecque à la veille d’une saison touristique qui s’annonçait plutôt bien. Les Allemands sont des gros clients de la Grèce au mois de juillet et d’août. Un clash violent aurait détourné les touristes vers une autre destination et privé la Grèce de ressources dont elle a besoin.

Le feuilleton grec est-il donc entré hier soir dans une phase de négociation plus soft ? Finis les échanges verbaux injurieux et violents, finies les menaces imbéciles, place à la recherche de compromis. Le plus intéressant c’est que cette négociation se fait à l’abri des caméras de télévision. Que Bruxelles laisse faire le seul partenaire de la zone euro qui peut payer.

On a enfin compris à Athènes comme à Bruxelles et dans les autres capitales d’Europe, que les problèmes graves ne pouvaient être traités que sérieusement par des gens sérieux, et surtout pas sous la pression de la rue. On a aussi compris que seuls les résultats comptent, peu importe la forme. On est plus en campagne électorale. Une petite leçon de pragmatisme. Ca ne fera de mal à personne.

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