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Dernier recours : l’alliance 
des banques centrales pourrait-elle 
vraiment éviter un crash boursier ?
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Pompiers de la dernière minute

L'absence de majorité claire en Grèce va alimenter des tensions supplémentaires de nature à fragiliser la place financière, les banques centrales du monde entier pourraient se concerter afin d’injecter massivement des liquidités sur les marchés.

Philippe Waechter

Philippe Waechter

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.

Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.

Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie(Editions Alphée, 2008).

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Atlantico : Des élections législatives se tiennent ce dimanche en Grèce. Ce scrutin est considéré comme un referendum sur le maintien ou non de la péninsule hellénique au sein de la zone euro. En cas de victoire des partis opposés aux mesures d’austérité, les banques centrales du monde entier pourraient se concerter afin d’injecter massivement des liquidités sur les marchés. Une telle action pourrait-elle calmer les tensions?

Philippe Waechter : La probabilité qu’un parti politique ou un groupe de partis parvienne à obtenir une majorité absolue lors des élections grecques est très faible. Dès lors, si les résultats en Grèce créent des tensions de nature à fragiliser la construction financière, les banques centrales interviendront afin de limiter au maximum leur diffusion.

Elles joueront alors un rôle d’amortisseur afin de calmer la nervosité des marchés qui résultera du scrutin. Mais il est difficile d’anticiper le comportement exacte qu’elle adopteront. Ainsi, s’il y a un retrait massif de liquidités auprès des banques grecques, nous ne savons pas encore qui apportera des liquidités supplémentaires sur les marchés : la Banque de Grèce, la BCE... Cette question n’est pas encore tranchée.

Cette nécessité d’agir conjointement ne manifeste t-elle pas que les banques centrales ont épuisé leurs marges de manœuvre lorsqu’elles agissent seules ?

Les banques centrales veulent avant tout éviter une contagion qui pourrait mettre en péril l’économie et le reste du monde. Elles veulent avant tout rassurer en envoyant un message clair : elles agiront.

La possibilité d'une sortie d’un pays de la zone euro est situation est assez nouvelle. Les banques centrales sont déjà intervenues de manière coordonnée dans le passé, mais elles agissaient ex-post. Aujourd’hui, elles cherchent à intervenir de manière préventive car personne ne souhaite prendre de risque.

Enfin, si elles agiront en étant coordonnée, leur action restera cependant ciblée. Il est probable qu’elles aient déjà repéré les points sur lesquels agir. Cela se jouera de toute façon sur une période très courte. L’objectif est double : éteindre le feu avant que la situation devienne irréversible et empêcher que certains acteurs ne trouvent matière à spéculer.

Est-ce pour cette raison que Mario Draghi a refusé d’abaisser le taux directeur de la BCE le 6 juin dernier ? La BCE souhaite t-elle conserver une marge de manœuvre en cas dé détérioration de la situation ? Va t-elle devoir devenir plus interventionniste dans les prochains mois, quitte à relancer le programme SMP (Securities Market Program) ?

Effectivement. Il est également probable qu’elle attende le sommet européen du 28-29 juin pour coupler son action à celles des autres chefs d’Etat et de gouvernement pour créer une rupture qui puisse modifier durablement les anticipations des investisseurs.

Si la situation se dégrade profondément sur les marchés du fait des situations en Grèce et en Espagne et que les réponses apportées par les institutions européennes sont insuffisantes, seule la BCE pourra intervenir. Il n’est donc pas exclue qu'elle relance son programme SMP (programme d’achat de dettes publiques, ndlr). Elle n’hésitera pas puisqu’elle constituera le dernier rempart. Mais elle endossera alors un rôle qui initialement n’est pas le sien ce qui peut entrainer une modification des rapports de forces entre les différentes institutions européennes. Son action sera donc majeure dans les prochain mois.

Cette intervention coordonnée des banques centrales ne manifeste t-elle pas les limites actuelles des pouvoirs européens à gérer la crise ?

La principale inquiétude réside en ce que personne ne sait à quoi ressemblera la zone euro dans cinq ans, deux ans, ou même un an. En 2009, cette question pouvait sembler absurde. Elle est aujourd’hui réelle.

Les institutions européennes ont jusqu’à présent plutôt bien fonctionné. Mais nous voyons qu’en cas de difficultés ou de situations extrêmes, ces mêmes institutions sont à bout de souffle et nécessitent des réformes. Ce changement est aujourd’hui essentiel. Il peut passer par une coordination fiscale ou encore une union bancaire par exemple. C’est d’ailleurs ce qu’a évoqué Mario Draghi pour changer le cadre européen dans lequel il agit.

Le cadre institutionnel actuel ne permet pas de créer de projection économique stable ce qui vient pénaliser l’investissement des entreprises et la croissance. L’enjeu est considérable.

La gestion de la crise européenne s’internationalise-t-elle ?

Nous sommes dans une crise profonde et large qui inquiète le monde entier. Les derniers propos de Barack Obama viennent confirmer ce sentiment.

L’Europe représente un poids économique considérable et majeur sur la scène internationale. Par conséquent, si son économie est caractérisée par une croissance durablement médiocre, cela inquiète.

La crise européenne sera au menu du prochain G20 où des propositions seront formulées. Mais n’imaginons pas que les Chinois ou les Américains soient prêts à financer la zone euro pour l’aider à se relever. Il faut désormais inscrire l’action des européens dans un cadre constitutionnel nouveau qui évite de renouveler les politiques de « fuite en avant » comme nous les connaissons depuis le début de la crise grecque.

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