Alibaba, WhatsApp, Uber : sommes-nous face à une nouvelle bulle numérique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’introduction en bourse du géant chinois Alibaba a battu tous les records.
L’introduction en bourse du géant chinois Alibaba a battu tous les records.
©Reuters

Le buzz du biz

L’introduction en bourse du géant chinois Alibaba a battu tous les records. Le e-commerçant, valorisé à 168 milliards de dollars, en a levé plus de 25 et conduit rapidement à une revalorisation de ses principaux actionnaires (comme Softbank et Yahoo!). Décryptage comme chaque semaine dans votre chronique "Le buzz du biz".

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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L’introduction en bourse du géant chinois Alibaba a suscité un vent d’excitation dans le monde numérique et financier. Il faut dire qu’elle a battu "tous les records" : le e-commerçant, valorisé à 168 milliards de dollars, en a levé plus de 25 et conduit rapidement à une revalorisation de ses principaux actionnaires (comme Softbank et Yahoo!). Sur les marchés, c’est la frénésie : le numérique a le vent en poupe et l’optimisme des investisseurs le pousse chaque jour plus loin. Peut-être trop…

Le 15 septembre dernier, dans un entretien qu’il accordait au Wall Street Journal, le très influent investisseur Bill Gurley, s’est inquiété : selon lui, cet enthousiasme est excessif et ne présage rien de bon. Il a même lâché une bombe, en faisant référence à "1999" - c’est-à-dire à l’éclatement de la bulle internet. Il "pense que la Silicon Valley dans son ensemble, c’est-à-dire cette communauté d’investisseurs en capital-risque ou cette communauté de start-up, prend des risques excessifs en ce moment – sans précédent depuis 1999".

Dans les faits, les valorisations boursières des entreprises de la Silicon Valley s’envolent : Facebook a racheté WhatsApp pour 19 milliards de dollars (alors que l’entreprise n’a un chiffre d’affaires que de quelques millions) et Uber est valorisé à près de 20 milliards de dollars. Les commentateurs inquiets citent également l’exemple du succès de l’application "YO" (qui permet d’envoyer des messages dont le contenu est "yo" à ses amis), qui a fait débat cet été : l’entreprise a levé 1,5 millions de dollars et est valorisée à 10 millions, laissant les sceptiques dubitatifs (selon son fondateur, ce succès est justifié : le principe de l’application recouvre d’immenses potentialités).

La déclaration de Bill Gurley n’est pas passée inaperçue. Elle est depuis à l’origine d’un vif débat dans la presse économique et la Silicon Valley. Marc Andreessen, un autre investisseur star du numérique, a vivement répliqué, également dans les colonnes du Wall Street Journal : selon lui, "il n’y a pas de bulle" et "les gens qui disent que la situation est semblable à celle des années 1990 et que tout va s’écraser ne savent pas de quoi ils parlent". Le message est clair.

Si Bill Gurley a cependant raison, la correction du marché sera inévitable. La sous-évaluation des risques conduirait en effet les start-up à prendre des initiatives inconsidérées, non rentables. L’économie ayant cette faculté de s’auto-réguler, la bulle – si elle existe – finira par éclater et ramener les cours financiers à leur juste valeur.

Les investisseurs en seront pour leurs frais. Comme l’explique Bloomberg, cela ne plonge pas les politiques dans la panique ni dans la compassion angoissée, les victimes potentielles étant des fonds financiers et des hommes fortunés. Mais ils ne seront pas exactement seuls : le magazine économique rappelle ainsi que la première source de financement du capital-risque est … les fonds de pension publics américain, c’est à dire les retraites des fonctionnaires (en 2013, ils représentaient 25 % des financements, 20 % en 2014). Pas de quoi paniquer cependant : l’investissement en capital-risque représente une part infime de leurs ressources (1,6 % par exemple pour celui de l’Indiana) et les pensions ne seraient donc pas menacées.

Il n’en reste pas moins que l’incertitude demeure. Dans ce débat, il est un acteur qui devra également se pencher sur le sujet : la Fed, dont la politique monétaire généreuse consiste à inonder les marchés de liquidités depuis 2013… Certes, elle a commencé à ralentir le rythme et l’intensité des injections, mais comme le rappelaient les analystes de Natexis en juillet : "Comment se termine l’histoire de l’excès de liquidité et de l’écrasement des primes de risque ? Par une crise financière ou par l’inefficacité financière". Si bulle il y a et qu’elle éclate, le rôle de la politique monétaire sera certainement au cœur des débats.

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