Albertville, la ville française qui veut se chauffer au fromage<!-- --> | Atlantico.fr
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Oubliez le nucléaire ou le charbon et laissez vous tenter par le Beaufort !
Oubliez le nucléaire ou le charbon et laissez vous tenter par le Beaufort !
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Éco(lo)

En 1962, Charles de Gaulle a demandé : "Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ?" Il aurait peut-être dû réfléchir à la manière dont la fermentation de celui-ci pourrait l'aider à relancer son pays.

En France, 75% de la production électrique est essentiellement assurée par les centrales nucléaires et hydroélectriques (barrages en rivières et barrages réservoirs en montagne – 12%). Le reste est assuré principalement par des centrales thermiques (7%) à charbon ou à gaz. Les éoliennes et les panneaux solaires n’assurent que 4 à 5% de la production. Cependant, en 2014, Ségolène Royal a fait adopter une loi à l'Assemblée visant à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% en 2025, et à 30% en 2030. Il faut donc se tourner vers des chemins alternatifs permettant de produire de l'électricité sans recourir aux énergies fossiles. "Les énergies renouvelables" s'avèrent être une bonne solution. Et si d'autres pistes un peu atypiques pourraient nous aider ?

2,8 millions de KWh d'électricité par an

Située à Albertville, la ville savoyarde plus connue pour les Jeux Olympiques d’hiver de 1992, l’usine de méthanisation "Savoie lactée" crée de l'énergie à partir des résidus de lait cru du Beaufort (un fromage au lait cru de vache à pâte pressée). Appelé lactosérum, ce sous-produit très chargé en gras et protéines était auparavant destiné aux déchets ou donné aux porcheries. Au lieu de le jeter, l’Union des Producteurs de Beaufort a décidé de le réutiliser. "Ce projet innovant, et que nous avons voulu naturellement respectueux de l’environnement, est l’aboutissement de cinq années de réflexion, avec nos agriculteurs, nos partenaires et des experts tels que Valbio", précise dans un communiqué Yvon Bochet, le président de l'Union des Producteurs de Beaufort. 

© Savoie lactée (Dossier de presse, 8 octobre 2015)

"Sur 110 litres de lait, il reste 100 litres de petit lait, le lactosérum, qui va servir ensuite à être transformé dans notre centre de méthanisation", explique Maxime Mathelin, le responsable de l’usine. La société Valbio ajoute donc le lactosérum à des bactéries. En se mélangeant dans une grande cuve, ils fermentent naturellement, libérant ainsi un cocktail de méthane et de dioxyde de carbone, qui est à son tour utilisé pour la création de l'énergie. Au total, il en sort pas moins de 2,8 millions de KWh d'électricité par an. De quoi alimenter une ville de 1 500 habitants ! L’électricité est ensuite revendue à l’entreprise EDF. Pour le moment, elle sert notamment à alimenter les cuisinières et préparer des fondues à base de Beaufort.

Une innovation expérimenté en Indonésie

Valbio n'est pas la seule société qui produit de l'énergie avec du fromage. À Kalisari (Indonésie), un village entier produit de l'électricité "verte" avec du tofu.

Depuis quelques années, les résidus liquides de la fabrication de ce fromage de soja ne sont plus jetés dans le caniveau mais retraités pour produire du biogaz bon marché. Le processus est identique à celui de l'usine "Savoie lactée". Une fois que le lait est caillé grâce à l'ajout d'acide acétique, et que le jus est égoutté, le liquide usé est versé dans les grandes cuves. Ainsi, des matières organiques fermentent par le biais de l'introduction d'une bactérie, et produisent du biogaz. Il sert ensuite à éclairer le village. Ces habitant rêvent qu'un jour leur village devienne "100% vert" et soit autosuffisant en électricité grâce au tofu.

Cette énergie permet en outre de réduire les émissions de carbone, dont l'Indonésie est l'un des plus grands émetteurs au monde. Son gouvernement, qui s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre, souhaite que la part des énergies renouvelables atteigne 25% du total d'ici à 2025. Comme le rapporte Sciences et Avenir, "si cette production était étendue à l'ensemble du pays, plus de 56 000 tonnes de combustibles fossiles estimés pourraient être ainsi remplacés chaque année par ce biogaz". C'est en tout cas vers ce changement important que se dirige l'ONG néerlandaise Hivos, qui a installé en Indonésie 20 000 digesteurs pour produire du biogaz.

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