Activités extra-scolaires, l’heure du choix : tout ce qu’il faut savoir pour ne pas se tromper<!-- --> | Atlantico.fr
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Les activités périscolaires s’articulent autour de plusieurs grands thèmes : la musique, les activités avec un aspect plus ludiques et le sport.
Les activités périscolaires s’articulent autour de plusieurs grands thèmes : la musique, les activités avec un aspect plus ludiques et le sport.
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Temps libre

A l'approche de la rentrée les parents renouvellent les inscriptions de leurs têtes blondes au club de judo, de théâtre ou encore aux cours de musique. Mais gare aux excès d'activités, car le temps libre laissé à la disposition des enfants est tout aussi important pour leur développement psychologique.

Dominique Dufour

Dominique Dufour

Dominique Dufour est le créateur de nouslespapas.fr, un site qui fournit des conseils aux pères et dans leurs relations avec leurs enfants. Il est également l'auteur de Comment devenir un super papa ainsi que de J'attends et j'élève des jumeaux aux éditions idéos.

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Monique de Kermadec

Monique de Kermadec

Monique de Kermadec

Psychologue clinicienne et psychanaliste, spécialiste de la précocité et la réussite chez l'enfant et l'adulte. Elle est l'auteur de Le petit surdoué de six mois à six ans et de Pour que mon enfant réussisse parus chez Albin Michel.

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Atlantico : Quelles sont les activités périscolaires les plus plébiscitées aujourd'hui ? Observe-t-on une évolution de leurs popularités ?

Dominique Dufour : Les activités périscolaires s’articulent autour de plusieurs grands thèmes : la musique, les activités avec un aspect plus ludiques, et le sport. Il existe des préférences de la part des enfants et des adolescents, en fonction de leur âge, et de leur sexe. Globalement cependant, on peut dire que les activités les plus plébiscitées demeurent celles que l'on connaît déjà, c'est-à-dire le football, le judo, le tennis, le piano ou encore le violon. Sans tomber dans les stéréotypes, les filles optent toujours autant pour l’équitation par exemple, ou encore la danse. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que dans le cas de la dance, là où la génération qui a aujourd’hui une vingtaine d’année pratiquait du modern jazz, elles ont évolué au gré de la musique contemporaine et apprennent désormais le break dance ou le hip-hop. Un peu suivant le même phénomène, les garçons se mettent à la guitare électrique, bien que la guitare classique conserve leurs faveurs.

Pour les enfants plus petits, les parents d’aujourd’hui ont tendance à vouloir leur faire découvrir des activités originales. Cela peut se faire par une série de visites de musées pour enfants (que l'on trouve en Province comme à Paris), ou bien des cours de codage, où ils peuvent également apprendre à concevoir des robots, ou encore des cours pour leur apprendre à concevoir des films avec leurs smartphones. Depuis quelques années il est vrai, les cours de cuisine, de jardinage, voire de compostage émergent et séduisent les parents.

Peter Gray, un chercheur en psychologie de l'université de Boston a récemment publié un article dans lequel il explique que l'évolution tendant à imposer des activités périscolaires pouvait être néfaste pour le développement des enfants. En quoi cela-peut-il leur nuire ?

Monique de Kermadec : L'effet qu'il évoque peut effectivement être fondé dans certains cas. L'excès d'activités périscolaires pour un enfant lee contraint à être systématiquement soumis à la vigilance d’un adulte, ce qui l’empêche de développer ses propres ressources. Lorsque l’enfant a du temps de libre, et pourquoi pas le temps de s’ennuyer, il doit se trouver le désir de faire quelque chose. Or, lorsque l’adulte propose ou supervise, l’enfant se positionne dans la situation de réaction, et non de désir, ni de demande.

J’ai pu observer certains excès de la part des parents, et ces derniers sont d'ailleurs souvent animés de bonnes intentions. Certains parents souhaitant que leurs enfants acquièrent le plus de compétences et de connaissances les inscrivent à plusieurs activités. La tentation peut alors être que le parent souhaite que l’enfant "brille" dans cette activité, et l’enfant ressentira la peur de décevoir ses parents. Il s’investira alors d’une pression, d’une tension pour ne pas décevoir. Certaines activités peuvent également encourager les parents à vouloir s’inscrire dans des compétitions par exemple, et ce qui au départ n’était qu’un loisir, un support de découverte, devient un objet investi d’une potentialité d’échec ou de réussite. Il peut y avoir alors une compétition trop forte, et cela peut être gênant pour l’enfant.

Pourquoi les enfants ont-ils besoin de temps libre pour jouer ? En quoi cela les aide-t-il à mieux se développer ?

Monique de Kermadec : L’élément principal dans l'emploi du temps d'un enfant est l'école, qui est un lieu de travail, d’apprentissage, et parfois de frustration liée aux règles à fournir. L'enfant a pourtant besoin d’un temps qui n’est là que pour le plaisir, il a besoin de sentir qu’il n’est pas soumis uniquement au devoir. La liberté lui permet d’explorer à la fois ses capacités, mais aussi le monde à sa propre vitesse, selon ses moyens. En puisant dans ses ressources, l’enfant développera sa créativité, qui est une qualité essentielle de la vie de tous les jours, que l’on demande d’ailleurs dans la vie professionnelle autant que les compétence. Il aura la mesure de ce qu’il est capable de faire par lui-même, cela s'intègre dans la prise de connaissance de soi à un stade beaucoup plus avancé que pour le sport ou d’autres activités. Et puis bien entendu, ces moments de liberté sont l’occasion de se prouver sa capacité à l’autonomie.

L’une des raisons qui permet d'expliquer que les parents ne laissent plus leurs enfants occuper librement leur temps libre est la perception de l’insécurité qui règne. Auparavant, un enfant pouvait jouer en dehors de la maison sans être constamment protégé, il y apprenait des choses essentielles. Or aujourd'hui, on ne laisse plus - à Paris comme ailleurs - les enfants jouer dans la rue ou dans des parcs sans vouloir le surveiller. Pourtant, il a besoin de cette spontanéité.

Les activités périscolaires demeurent des activités le plus souvent ludiques, et intéressantes pour les enfants et les adolescents. Quelle est la bonne proportion de temps libre et d'activités périscolaires ?

Monique de Kermadec : Au-delà de deux activités, bien que certains réussissent à en gérer un peu plus, le temps qui leur est libre n’existe plus. Parfois également, la raison est d'ordre pratique, mais l’activité ne doit pas se substituer aux nounous, il est important qu’elles restent des vrais loisirs.

Il faut recommander aux parents de prévoir un temps de liberté pour l’enfant comme on envisagerait une activité classique, le week-end par exemple. Et s’il n’en a pas l’habitude, paradoxalement c'est au parent de l’accompagner à faire ce mouvement intérieur personnel, en laissant de côté ses envies de parent.

De la relation au groupe à la découverte de la frustration de ne pas être bon du jour au lendemain, les activités scolaires sont en ces points importantes. Apprendre à jouer du piano ne se fait pas en une semaine, et l’enfant pourra apprendre à ne pas s’immobiliser dans la recherche de la satisfaction immédiate. D’un point de vue psychologique, les activités périscolaires ouvrent un champ d’action pour l’enfant, et en particulier ceux des villes. Le fait d’expérimenter en dehors de l’école et de la maison est bénéfique, cela lui permet de se tester intellectuellement et physiquement. Elles donnent donc à la fois la possibilité de découvrir de nouveaux exercices tout en s’expérimentant. Les parents ont tendance à avoir recours à deux formes d’activités : sportives, ou intellectuelles comme le dessin ou la musique, qui a l’avantage de faire travailler les capacités manuelles. Il peut être intéressant cependant de les diversifier, avec de l’informatique par exemple, l’initier à un outil qu’il utilisera toute sa vie durant est bien évidemment bénéfique.

Mais il ne faut pas pour autant priilégier le temps libre au détriment des activités, comme vous le soulevez il s'agit d'une question de dosage.

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