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A Chypre, la ville de Famagouste est coupée en 2 depuis 42 ans. Aujourd'hui des habitants veulent la réunifier et la transformer en éco-cité.
©wikipédia

Eco-géo

Depuis l'invasion de la Turquie en 1974, la ville de Famagouste est séparée du quartier de Varosha, autrefois très fréquenté, et se vide de ses habitants grecs au point de devenir une ville fantôme.

Antoine Bienvenu

Antoine Bienvenu

Antoine Bienvenu est journaliste.

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1974 : En réponse à un putsch de nationalistes chypriotes grecs soutenus par Athènes, la Turquie envahit, puis occupe 40% de l’île de Chypre. Famagouste, ville portuaire de la côte Est, perle touristique du pays avec ses remparts vénitiens, son ancienne cathédrale Saint-Nicolas, réplique de la cathédrale de Reims édifiée sous le règne de la dynastie française des Lusignan, devenue mosquée Lala Moustapha Pacha au XVIe siècle, est séparée du quartier de Varosha. Autrefois, très prisée pour ses plages de sable blanc, où ont séjournées l’été des stars de cinéma comme Richard Burton, Liz Taylor ou Brigitte Bardot, cette partie de la ville se vide de ses habitants chypriotes grecs et devient une ville fantôme, transformée en no-man’s land. L’accès est barré par des rangées de barbelés.

Depuis quelques années, un groupe de militants en faveur de la réunification de l’île a comme objectif de transformer la ville fantôme en EcoCité, un label qui désigne des grands projets d'aménagements urbains avec une connotation écologiqueUne Ecocite est une ville plus respectueuse de son milieu, moins consommatrice d’énergie ou d’espace périurbain, et répondant aux attentes des habitants actuels et futurs. L'idée est que ce quartier qui nécessite d’être entièrement reconstruit ne le soit pas tout-en-béton, mais s’appuie sur les meilleures pratiques en termes de développement durable et devienne un modèle pour le reste de l'Europe.

Ce quartier de Varosha revêt un intérêt dans les négociations pour l'avenir de Chypre, comme l’explique Georges Lordos, l’un des porteur du projet de revitalisation de ce no-man's land, au site terraeco.net : "En occupant Varosha sans attribuer nos maisons à des Chypriotes turcs, comme ça a été le cas ailleurs dans le nord de Chypre, les Turcs savaient qu’ils pourraient conserver le quartier comme monnaie d’échange dans les négociations pour la réunification de l’île".

L’idée est aussi de pacifier et réunifier Famagouste, de rendre Varosha à ses propriétaires initiaux, de construire de nouveaux hôtels et de rouvrir le port au commerce international. Depuis quelques mois, les choses avancent bien avec l’élection à la présidence de la République turque de Chypre du nord de Mustafa Akinci le 26 avril 2015. Un modéré de gauche qui semble bien décidé à relancer le processus de paix.

Le Famagusta Ecocity Project (Projet pour une EcoCité à Famagouste) a commencé par une campagne de financement participatif sur Internet qui a collecté plus de 30 000 euros sur Kickstarter en octobre 2013 pour produire un documentaire de présentation du projet.

Mais l’objectif de transformer le quartier en ruine en ville nouvelle, 100 % verte, nécessitera des milliards d’euros.

Le projet est porté notamment par Vasia Markides, artiste Chypriote grecque installée aux Etats-Unis et Ceren Boğaç, Chypriote turque, architecte et psychologue environnementaliste. Les 2 femmes se sont entourées d’experts pour montrer que leur projet n'a rien d'une utopie : des architectes comme Jan Wampler, l'ingénieur Bernard Amadei, collaborateur de l'administration Obama, des économistes comme Fiona Mullen, et des urbanistes, experts en permaculture, politiques, spécialistes de la médiation de conflits, entrepreneurs, ingénieurs, horticulteurs, historiens, artistes, cinéastes ainsi que des Chypriotes grecs et turcs qui se sentent concernés.

L’architecte qui a la charge de mener le projet à son terme est un Chypriote grec, Andreas Lordos, le frère de Georges. Il imagine une ville entourée d’une ceinture verte où panneaux solaires, éoliennes et plantations agricoles se partageraient l’espace. "On ferait des murs végétaux sur les bâtiments et avec l’électricité produite par les panneaux solaires, on condenserait l’humidité présente à l’intérieur des bâtiments pour alimenter en eau les jardins et ces murs végétaux", détaille-t-il à Terraeco.

L’équipe qui porte ce projet d'EcoCité bicommunautaire veut à la fois promouvoir la coexistence pacifique des habitants de Famagouste, en faire un lieu de paix en pleine zone conflictuelle, adopter les technologies écologiques les plus innovantes, et développer l’économie.

Okan Dagli qui n’est pas membre de l’équipe mais qui est très impliqué dans le paysage politique de la République turque de Chypre du nord, résume bien l’esprit du projet : "Résoudre le problème de Famagouste, c’est résoudre le problème de Chypre. Et puis, il y a 70 ans, c’était déjà une ville verte. Il y avait de grands jardins, des champs d’orangers, des moulins à vent. D’une certaine façon, on n’a qu’à refaire ce qui existait déjà."

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