Alléluia !
900 milliards d'euros sur 18 mois, l'Europe comprend ENFIN la nature de la crise qu'elle connaît depuis 2008
La BCE a annoncé jeudi un plan de rachat de dette de 60 milliards d'euros par mois pendant 18 mois. La zone euro se met ainsi au diapason des politiques monétaires des autres grandes zones économiques.
Cette fois ça y est. Ce 22 janvier 2015, la Banque centrale européenne s’est mise au diapason des autres grandes banques centrales du monde en se décidant, enfin, à procéder à un vaste programme de rachat d’actifs.
Mario Draghi, président du conseil des gouverneurs, a réussi à faire passer cette décision au vote des membres de la BCE (vote auquel les représentants estonien, grec, irlandais et espagnol n’auront pas participé en raison de la mise en place du vote tournant en ce début d’année 2015).
Ainsi, à partir du mois de mars 2015, et jusqu’au mois de septembre 2016, la BCE procédera au rachat d'actifs, privés et publics, pour un montant mensuel de 60 milliards d’euros.60 milliards pendant 18 mois, soit 1 080 milliards d’euros au total. Il est à noter que dans cette annonce, Mario Draghi tient compte de mesures d’ores et déjà annoncées, à savoir le rachat de dettes privées, dont le montant approche les 10 milliards par mois.
Ainsi, le montant des "nouvelles" mesures correspondent à 900 milliards d’euros, soit 50 par mois, qui seront utilisés au rachat de dette des Etats européens. A l'échelle de la France, la Banque centrale procédera donc au rachat de 10 milliards de dette publique par mois pour un total d'environ 180 milliards. Près de 10% du PIB du pays.
Il est à noter que seul 20% du montant de ces rachats sera effectué par la BCE elle-même, 80% des montants seront engagés directement par les banques centrales nationales (la banque de France, la Bundesbank etc.) Par ce biais, Mario Draghi donne une limite au "partage" de risque au sein de la zone euro. Désormais, il est établi que la collectivité n’assume que 20% du risque pris. Chaque pays assumant 80% du risque de sa propre signature.
Mais d’autres limites ont pu être mises en place par le conseil des gouverneurs. D’une part, la BCE s’autorise à racheter de la dette d’un Etat jusqu’à un maximum de 30% du total de la dette de l’Etat en question. D’autre part, la BCE est autorisée à procéder à l’achat d’une émission obligataire à hauteur de 25% du montant total de chaque émission.
Le programme annoncé aujourd’hui par Mario Draghi est ambitieux, un véritable premier pas vers la sortie de crise et la lutte contre la déflation. De plus, lorsque Mario Draghi indique que le plan pourrait être rallongé au-delà de septembre 2016, si l’objectif d’une inflation à 2% sur le moyen terme n’était pas encore atteint, il rassure les marchés. Car il indique un objectif précis, et que le QE n’est rien d’autre que le moyen mis en œuvre pour y parvenir. Il n’est pas une fin en soi, mais un outil.
Cependant, un point essentiel reste en suspens. L’analyse des autres plans d’assouplissement quantitatifs qui ont pu être mis en place à travers le monde révèle que ceux-ci n’ont été pleinement efficaces qu’à partir du moment où la banque centrale modifiait son objectif. Par exemple, en septembre 2012, la FED avait pu lier la mise en place de son QE3 (assouplissement quantitatif 3) à la poursuite d’un objectif de taux de chômage de 6.5%. Sur ce point, la BCE est restée conservatrice, en se contentant de poursuivre un objectif de maîtrise des prix, à 2% d’inflation sur le moyen terme. L’efficacité ne pourra donc qu’être relative.
Mais le plus important, en ce 22 janvier, est que le programme monétaire annoncé par Mario Draghi n’est rien d’autre que l’aveu de la nature monétaire de la crise qui frappe l’Europe depuis 6 ans. 6 années passées à traiter cette crise par la voie budgétaire pour ne parvenir à aucun résultat, et enfin, une prise de conscience. L’autruche européenne vient de sortir la tête de son trou. Toutefois, ce plan ne sera pas suffisant pour sortir définitivement le continent de la crise. Mais il est un premier pas, véritable cette fois-ci.
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