62% des Français ne pensent pas qu’il soit possible de baisser durablement les impôts sans baisser les dépenses publiques<!-- --> | Atlantico.fr
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62% des Français sont conscients de l'impossibilité de concilier des dépenses publiques élevées et une baisse des impôts.
62% des Français sont conscients de l'impossibilité de concilier des dépenses publiques élevées et une baisse des impôts.
©Reuters

Sondage exclusif

D'après un sondage Ifop pour Contribuables Associés, dévoilé en exclusivité par Atlantico, 62% des Français jugent qu'il est impossible de toucher aux impôts sans toucher aux dépenses publiques. De même, 82% de nos concitoyens estiment que l'impôt est aujourd'hui un frein réel à l'emploi. A l'évidence, les promesses de François Hollande semblent bien difficiles à tenir...

Eudes Baufreton

Eudes Baufreton

Eudes Baufreton est délégué général de Contribuables Associés
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Atlantico : Dans le cadre d'un sondage réalisé par l'IFOP en exclusivité pour Atlantico, on réalise que 62% des Français sont conscients de l'impossibilité de concilier des dépenses publiques élevées et une baisse des impôts. Que peut-on en dire ?

Eudes Baufreton : Ce qu'il est important de remarquer, c'est que les Français lient désormais le niveau de dépense au niveau d'impôt. Auparavant, les politiques s'appliquaient consciencieusement à dissocier les dépenses des impôts, mais aujourd'hui les Français ne sont plus dupes.
Plus important encore, c'est ce que ce chiffre révèle et quelles questions ils soulèvent. Fondamentalement, on peut s'interroger sur le consentement des Français à l'impôt, dorénavant. Aujourd'hui, ils s'interrogent sur l'utilisation et la justification de l'impôt qu'ils payent. C'est une question qui, naturellement, est amenée en raison du caractère excessif de l'impôt aujourd'hui. C'est ça qui pousse les gens à se demander ce qui est payé avec l'impôt : ce dernier empiète sur leur liberté privée. Une réduction du pouvoir d'achat c'est un empiètement sur les libertés individuelles et cela amène les gens à faire le bilan. "Qu'est-ce que, dans ma vie quotidienne, est payé (ou dépensé) par l'Etat ? Qu'est-ce qui est justifié ?" Tous n'adhèrent plus nécessairement à ce projet de société, financé par les impôts. Cette question du consentement à l'impôt c'est, à mon sens, l'élément le plus fort de ce sondage.
Je crois qu'une autre question mérite qu'on s'attarde dessus, également. Les gens pensent en majorité que le niveau de l'impôt, selon qu'il soit élevé ou non, a une incidence sur leur pouvoir d'achat, et donc sur l'emploi. Les Français ont désormais conscience (et il est surprenant que les médias ne s'y intéressent pas) qu'un niveau excessif d'impôt à une conséquence directe sur le chômage. Concrètement, si nous n'avions pas tant d'impôts à payer, nous ferions face à moins de chômage.

L'extrême majorité des Français (82%) estiment néanmoins que les impôts qu'ils payent aujourd'hui ont un impact considérable sur leur consommation et donc sur l'emploi. Sur cet aspect, les électeurs du Front de Gauche et des Républicains tombent d'accord. Comment peut-on l'expliquer ?

Je crois que cela traduit clairement le fait que le peuple comprend qu'il fait face à un discours politique, qui n'est pas nécessairement en phase avec la réalité des choses. Cela révèle le décrochage entre la réponse politique qu'on nous propose jusqu'à présent, et l'attente de nos concitoyens. J'y vois le fait que les Français, conscients  des promesses de tel ou tel politiciens, sont également conscients du lien entre chômage et emploi. Ces promesses, qui ne tiennent pas face à la réalité des événements, cristallisent plus encore ce décrochage.
On peut illustrer tout ça avec une petite histoire : celle du jockey qui est trop lourd pour son propre cheval. Tant qu'il n'y aura pas de cure d'amaigrissement, le jockey sera toujours trop lourd. Pour rendre la France plus économique, il est indispensable que la sphère de l'Etat diminue. Cela correspond donc à moins de dépenses publiques pour moins d'impôts, ce qui découlera sur plus de compétitivité pour les entreprises et plus de pouvoir d'achat pour les ménages. Si les ménages peuvent consommer on rentre dans un cercle vertueux : leur consommation se fera au profit des entreprises qui pourront elles mêmes recruter. Le point de départ de ce cercle, c'est l'allègement des dépenses de l'Etat en commençant par la suppression du statut de la fonction publique, du mille-feuilles territoriale… Une fois cette cure réalisée, les entreprises gagneront en compétitivité et les ménages en pouvoir d'achat. Ces deux acteurs n'étant plus autant taxés, tout le monde en profitera. Nous ne parviendrons pas à baisser le chômage tant que l'Etat ne fera pas facture d'amaigrissement.
Malheureusement, on explique aujourd'hui que plus nous ferons face au chômage, plus nous aurons besoin de l'Etat. Plus il y aura besoin de l'Etat, plus cela justifiera, bien entendu, de lever des impôts. Or le fait est que plus on lève des impôts et plus cela va mal. Le recours, dans une situation difficile apparaît être l'Etat, quand l'Etat est en fait le problème. Si l'Etat était moins interventionniste, nous ferions face à moins de problèmes. Ce sondage illustre le fait que tout le monde, dans le peuple, le sait. C'est l'élite et c'est le système qui persistent à vouloir des levées d'impôts, un Etat fort. Ca n'est pas représentatif de la volonté du peuple, c'est représentatif de ce dualisme dans lequel la société est ancrée aujourd'hui. D'un côté, les politiques, les patrons du CAC 40, les grands médias, etc. De l'autre, les Français qui se rendent compte que cette élite les pompe et que cela fragilise notre système économique, en plus de provoquer le chômage. C'est d'autant plus marqué en province, mais on réalise que cette élite est en train de briser le pacte social. C'est pourquoi les Français pensent que la réponse n'est plus politique. On a d'abord cru que Nicolas Sarkozy avait un problème, avec l'arrivée de François Hollande, certains réalisent que c'est systémique.

En dépit de la décision du gouvernement d'accueillir 30 000 migrants sur deux ans, 73% des Français estiment qu'ils ne sont pas à même d'accuser le coup financier d'une telle décision. Dans quelle mesure le gouvernement risque-t-il de faire face à un retour de bâton ?

Cela va creuser plus encore l'écart entre l'intelligentsia d'une part, qui ne souffre pas de cette immigration et en est préservée, et d'autre part ceux qui le subissent de plein fouet. Quand on jette un œil au sondage, on réalise d'ailleurs qu'il s'agit avant tout d'ouvriers, bien plus réfractaires que les revenus plus élevés. Ces derniers ont les moyens de ne pas le subir. On creuse l'écart entre le peuple, les Français dans leur grande majorité, et les dirigeants. 
C'est parce que les gens se rendent de plus en plus compte qu'il faut s'attendre à un retour de bâton. Un sentiment d'injustice, et non de racisme, monte. Le problème c'est le suivant : les plus modestes d'entre nous ont de moins en moins à manger dans leurs assiettes et on leur annonce qu'ils vont désormais devoir partager. Cela engendre des réactions de replis, certes, mais pas des réactions racistes pour autant. C'est très pragmatique, bête et sans doute méchant, mais aujourd'hui les gens ne peuvent pas assumer une nouvelle dépense liée à l'accueil des migrants.

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