3 étoiles ont disparu en 1952. Les astronomes n’arrivent toujours pas à les retrouver <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
La mort supposée de ces étoiles est-elle une hypothèse recevable ?
La mort supposée de ces étoiles est-elle une hypothèse recevable ?
©MARIANA SUAREZ / AFP

Cartographie du ciel

Selon les chercheurs de l’Observatoire Palomar, en Californie, des astronomes ont perdu la trace d'un trio d'étoiles.

Benjamin Peter

Benjamin Peter

Benjamin Peter est chargé de l'actualité spatiale auprès de la Cité de l’Espace à Toulouse.

Voir la bio »

Atlantico : En 1952, des astronomes ont “perdu” un trio d'étoiles. Ce sont les chercheurs de l’Observatoire Palomar, en Californie, qui en ont fait la découverte. Comment peut-on perdre des étoiles, au juste ?

Benjamin Peter : Comment des étoiles peuvent disparaître ? C'est là toute la question, c’est vrai.

En l’état actuel des choses, nous savons que les astronomes de l’Observatoire Palomar ont, en 1952, braqué un télescope sur une partie du ciel et qu’à 20h52  ils ont observé la présence de trois étoiles. A 21h45, environ, elles n’étaient plus là. On parle donc de la disparition mystérieuse de trois étoiles, ce qui n’est pas un phénomène commun, que l’on pourrait observer tous les jours. D’autant plus que, depuis, les chercheurs ont de nouveau essayé de pointer leur télescope sur cette zone du ciel. Ils n'ont plus jamais vu ni ce trio d’étoiles, ni une seule, ni aucune.

Nous ne savons pas comment l’expliquer. Pour autant, comme c’est toujours le cas avec la science, il y a des hypothèses. Bien sûr. Et ce qu'on peut imaginer, finalement, c'est un incroyable concours de circonstances.

Ces trois étoiles auraient pu n’en être qu’une. Dans ce cas- là, ça pourrait être finalement ce qu'on appelle une étoile à neutrons, aussi appelée un pulsar. Les pulsars sont des étoiles qui tournent sur elles-mêmes et qui diffusent des faisceaux d'onde radioélectriques. Ils les diffusent au niveau des pôles. Quand les faisceaux sont alignés avec la Terre, on peut les apercevoir. Si ce pulsar apparaît au moment même où l’on observe également le transit d'un trou noir ou même peut- être de plusieurs, ça expliquerait qu'on retrouve trois points à un moment et plus juste après.

Cette hypothèse apparaît crédible : la “disparition” de nos étoiles résulterait d’un phénomène anti-gravitationnel qui permet d’observer brièvement trois points lumineux et puis plus rien juste ensuite. Le problème vient du fait qu’un tel concours de circonstances a très peu de chances de se produire… et il semble encore moins probable que nous soyons-là pour l’observer à deux reprises, comme cela serait le cas si l’hypothèse se confirmait.

Quelles sont les autres hypothèses qui pourraient permettre d’expliquer la disparition de ces trois étoiles ?

Bien sûr, il y a d'autres hypothèses. D’aucuns envisagent que ces étoiles aient en fait été des objets très lointains, qui gravitent dans notre système solaire externe. Nous savons effectivement qu’il existe de tels objets dans le nuage d’Oort, au-delà de la Ceinture de Kuiper, située à environ deux années-lumières de notre planète. C’est là que naissent la plupart des comètes avant de transiter ensuite dans le système solaire.

Ceci étant dit, il apparaît possible que nos trois étoiles disparues aient en fait pu être des objets très lointains qui, dans un concours de circonstances spécifiques se sont avérées particulièrement lumineux l’espace de quelques minutes. Avant de continuer à orbiter dans le nuage d’Oort. Se faisant et parce que celui-ci est très éloigné du soleil, ils auraient pu se déplacer pendant les 45 minutes entre les deux observations.

La mort supposée de ces étoiles est-elle une hypothèse recevable ?

On sait que les étoiles peuvent disparaître, en effet. Cependant, ce genre de phénomène prend des milliards d’années, la plupart du temps. Dans le cas des plus grosses, cela provoque des supernovas, avec une luminosité extrêmement forte. En astronomie, on parle alors de magnitude. Ce cas de figure, c’est un état de fait, laisse des traces. Observer ce cas de figure, d’ailleurs, c’est le rêve de nombreux astronautes. Les étoiles les moins massives, c’est-à-dire jusqu’à huit fois la masse du Soleil, finissent par s’effondrer sur elles-mêmes et deviennent une nébuleuse planétaire.

Dans le cas des étoiles de 1952, il apparaît donc peu probable qu’elles aient disparues parce qu’elles sont mortes. Nous l’aurions vu. Ceci étant dit, il faut savoir que ce n’est pas la première fois que nous perdons des étoiles observées il y a des années de cela et que nous ne retrouvons plus maintenant. Le réseau Vasco, qui comporte des citoyens et des astronomes (professionnels comme amateurs), permet de comparer des clichés qui datent de 1950 au ciel que l’on observe aujourd’hui et de repérer les éventuelles étoiles manquantes. On recense aujourd’hui environ 800 étoiles disparues.

Rien n’empêche d’envisager, cependant, que ces étoiles se soient transformées en un trou noir raté, c’est-à-dire que l'étoile va se transformer en micro-trou noir qui va immédiatement absorber la lumière qu’elle émettait.

Faut-il composer avec d’autres hypothèses potentielles ?

Oui, il y a une troisième hypothèse que l’on ne peut pas ignorer. Il est tout à fait possible qu’il ne s’agisse guère que d’une erreur humaine. C’est sans doute le scénario le plus probable. Il est possible qu’au moment du premier cliché, des impuretés aient été confondues avec des étoiles, d’autant que ces photos remontent à 1952. A l’époque, la technologie n’était pas aussi fiable et rigoureuse qu’elle ne peut l’être aujourd’hui.

Je pense qu’il faut rester humble, particulièrement quand on étudie l’espace. Il y a beaucoup de phénomènes qui dépassent nos connaissances actuelles et c’est pourquoi il faut continuer notre exploration spatiale, depuis la Terre comme en orbite. Des missions comme Euclid, qui a récemment été lancée, nous aident à mieux comprendre comment s’est formé l’univers que l’on connaît, comment il a pu grandir aussi.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !