2022 ou l’année où les démocraties libérales ont montré qu’elles étaient loin d’être à passer par pertes et profits <!-- --> | Atlantico.fr
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Des résidents chinois au Japon et des sympathisants organisent un rassemblement pour protester contre la politique chinoise du zéro-covid et le pouvoir dictatorial du Parti communiste chinois à Tokyo, le 30 novembre 2022.
Des résidents chinois au Japon et des sympathisants organisent un rassemblement pour protester contre la politique chinoise du zéro-covid et le pouvoir dictatorial du Parti communiste chinois à Tokyo, le 30 novembre 2022.
©KAZUHIRO NOGI / AFP

Bilan 2022

2022 touche à sa fin. L’exercice clôt, c’est l’heure du premier bilan. Une année noire, diront certains. Il est vrai qu’à première vue, l’année qui vient de s’écouler ne nous a rien épargné.

Pierre  Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata, Fondateur de Rinzen, cabinet de conseil en économie, il enseigne également à l'ESC Troyes et intervient régulièrement dans la presse économique.

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Guerre en Ukraine, inflation massive, menace d’une récession en Europe, instabilité politique au Royaume-Uni, mais aussi au Mali, percée de l’extrême droite en Italie, affaiblissement de l’Allemagne, flambée des prix de l’énergie…

Dans ce concert de mauvaises nouvelles, la France n’est pas en reste. La fragmentation de l’Assemblée nationale interdit tout débat constructif et contraint le gouvernement à passer ses réformes en force, de 49.3 en 49.3. Plus inquiétant sans doute, les Français ont découvert que les secteurs clés de la santé, de l’éducation et de l’énergie – tout ce qui relève du contrôle absolu de l’Etat – se trouvent au bord de la faillite. L’école ne forme plus correctement, l’hôpital n’a plus les capacités de soigner et le nucléaire a été sacrifié sur l’autel des idéologies. Difficile de faire pire en une année. 

Sous l’avalanche des bad news, beaucoup ont cédé à la tentation de la table rase. Une telle accumulation de catastrophes et de crises serait le révélateur d’un système à bout de souffle. Fin de l’hégémonie américaine, échec de l’Europe, défaillances de l’économie de marché, faiblesses de la démocratie ; 2022 ce serait tout cela. Un vaste champ de ruines qui appellerait à tout changer. Revoir l’organisation du monde, modifier les alliances, refermer la parenthèse de la globalisation et oublier les démocraties trop tièdes pour faire face à l’ampleur des problèmes. Tel serait donc le triste bilan 2022 : la fin du monde moderne.

Pas si vite. Avant de refermer le livre des comptes, levons les yeux de notre nombril et prenons un peu de hauteur. Les démocraties sont en crise, l’économie va mal, c’est un fait. Nul ne le conteste, et c’est d’ailleurs la force de ces systèmes de ne jamais occulter leurs défaillances. Qu’en est-il des organisations alternatives ? Ont-elles traversé 2022 avec plus de calme et de sérénité ? Absolument pas. D’ailleurs, la plupart des crises qui ont frappé le monde au cours des dernières années ne sont pas nées dans les démocraties libérales mais au cœur des régimes autoritaires que certains plébiscitent aujourd’hui. La pandémie est chinoise et la guerre est russe. Et où en sont ces pays aujourd’hui ?

La Chine, passée entièrement sous le contrôle d’un homme, suite au 20ème Congrès du PCC, est embourbée dans une politique sanitaire ubuesque. Suite à la diffusion de la Coupe du monde, les Chinois ont même découvert avec stupeur qu’ils étaient les seuls à être encore confinés et prisonniers d’une stratégie « zéro Covid » aussi inefficace que mortifère. Ajoutons à cela les images de ces gratte-ciels détruit faute d’acheteurs et les rapports montrant que le gouvernement chinois ne fournit plus aucune donnée pertinente sur la situation économique pays et on comprend l’état réel du pays. La Chine, un géant en carton-pâte, voilà ce que révèle l’année 2022. 

Pire encore côté russe. La prise de Kiev en trois jours a laissé place à une guerre longue que Poutine ne peut plus gagner. L’armée russe, réputée si puissante, a révélé toutes ses faiblesses. L’économie s’effondre, les soldats fuient, la propagande s’enlise. Pour la Russie, 2022 c’est la preuve que le pays n’est rien d’autre qu’un village Potemkine. 

Quant à la République Islamique d’Iran, la mort de Mahsa Amini a déclenché une révolte qui en menace jusqu’aux fondements. En dépit de la répression, Iraniennes et Iraniens poursuivent leur mouvement pour la liberté.

Où que l’on regarde, les dictatures sont au bord de l’effondrement ; et ils sont l’épicentre des crises qui nous touchent uniquement par effet de débordement. Voilà ce que nous enseigne l’année écoulée : s’il plane une odeur de souffre sur nos démocraties libérales c’est que les régimes autoritaires sentent le sapin. 

Malgré le tumulte, 2022 confirme donc la tendance observée par Fukuyama : pas de fin du monde, juste la fin de l’Histoire. De bonne augure pour l’avenir.

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