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1 000 milliards d’euros par la fenêtre ? Et si la BCE n’en faisait à l'inverse pas assez pour soutenir l’économie...Le plaidoyer exclusif du père du Quantitative easing
©Reuters

Peut mieux faire

Jeudi 8 septembre, au cours d'une réunion très attendue, la Banque centrale européenne a décidé de ne pas assouplir davantage sa politique monétaire. Une décision qui montre que l'institution ne fait pas tout ce qu'elle peut pour atteindre sa cible de 2% d'inflation comme le reconnaît, en exclusivité pour Atlantico, le père du "Quantitative easing", Scott Sumner.

Scott Sumner

Scott Sumner

Scott Sumner a enseigné pendant plus de 30 ans l'économie à l'université de Bentley dans le Massachussets aux Etats-Unis. Détenteur de la Chair en politique monétaire du Mercatus Center, ses recherches se sont principalement orientées vers l'économie monétaire, et particulièrement sur le rôle de l'étalon-or pendant la Grande Dépression. Scott Sumner est auteur pour le blog TheMoneyIllusion.com et plus récemment de Econlog.econlib.org .

 

 

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Atlantico : Les rachats d'actifs de la BCE ont dépassé les 1 000 milliards d'euros. Mario Draghi a pu annoncer que la politique resterait accomodante jusqu'à ce que l'objectif de 2% d'inflation soit atteint. Pourtant, cet objetcif n'est pas rempli depuis plusieurs années. Dès lors, peut-on estimer que la BCE n'en fait pas assez, ou s'agit-il simplement de la preuve que la BCE ne peut pas parvenir à atteindre cet objectif ? 

Scott Sumner : Jeudi dernier, la BCE a décidé de ne pas assouplir davantage sa politique, ce qui a entraîné une chute du prix des actifs. Ainsi, cette décision de ne pas assouplir représente de factoun resserrement de la politique monétaire : les anticipations des opérateurs ont été déçues ; or, toute Banque centrale communique son action en prenant en compte ces anticipations. Par conséquent, le problème n'est pas que la BCE soit incapable d'atteindre sa cible mais plutôt qu'elle ne fait pas assez d'efforts pour y parvenir. Tout d'abord, elle doit faire tout ce qu'elle peut - au travers des outils existants - pour stimuler l'inflation. Ensuite seulement se posera la question de lui donner davantage de moyens. Mais jeudi dernier, elle n'a même pas essayé. 

Quelles seraient les méthodes permettant d'atteindre l'objectif fixé ? De plus, peut-on affirmer que, si la BCE parvenait à cet objectif d'une inflation à 2%, cela correspondrait à une réelle sortie du crise de la zone euro ?

La façon la plus simple pour la BCE d'augmenter l'inflation serait qu'elle évolue vers une cible basée sur le niveau des prix et qu'elle cible une évolution des prix de 2% par an. A l’heure actuelle la BCE cible une inflation à 2% ; à l’inverse, si elle suivait une cible d’inflation par niveau annuel, elle serait contrainte de rattraper le retard pris au fil des mois et des années. Ainsi, si lors d’une année, la cible de 2% était manquée, elle se devrait d’équilibrer la situation l’année suivante en acceptant un surplus d’inflation, pour que le niveau annuel de 2% soit respecté. Cela aurait un effet de relance spectaculaire. Si la BCE ne peut pas avoir recours à cette option, alors elle doit s'engager à acheter autant d'actifs que nécessaire pour stimuler les attentes d'inflation des marchés financiers jusqu'à 2%. Si l'objectif de 2% d'inflation est atteint, la crise de la zone euro serait bien moins prononcée, et la zone euro serait moins susceptible d'exploser, bien que je ne puisse garantir un risque zéro en la matière. 

Comment expliquer que la BCE puisse soutenir une relance budgétaire, dans le respect de la règle des 3%, ce qui semble être un appel à l'Allemagne qui affiche un excédent budgétaire ?

Les appels de la BCE à la relance budgétaire lui permettent de détourner l'attention des échecs de sa propre politique. Comme nous l'avons vu au Japon, la relance budgétaire ne fonctionne pas quand la Banque centrale échoue à atteindre sa cible d'inflation. C'est une erreur d'accuser la politique budgétaire de l'Allemagne d'être responsable de la faiblesse actuelle de la demande agrégée de la zone euro. En revanche, ce que l'on peut reprocher à l'Allemagne, c'est de s'opposer au niveau de relance monétaire nécessaire de la BCE.  

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