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"Pas l'obligé de Hollande" : Emmanuel Macron sort la dague, mais qui sera le mort à l’arrivée ?
©Reuters

Tu quoque mi fili

Dans une interview pour la presse régionale, le ministre de l'Economie a de nouveau pris ses distances avec François Hollande. "Lorsqu'un président nomme quelqu'un ministre, il le fait parce qu'il pense que c'est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé", a-t-il expliqué.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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A ma droite des «  Hollandais «  exaspérés par le ministre de l’Economie. A ma gauche des ministres pas forcément membres du premier cercle  présidentiel qui s’étranglent devant le comportement de leur «  camarade »  franc tireur. Et cela depuis qu’Emmanuel Macron a pris son envol en lançant son propre mouvement en vue de son émancipation politique. Au milieu, Manuel Valls qui joue les redresseurs de torts fidèle au Président de la République et,  plus tout à fait au dessus de la mêlée ,François Hollande ,pas vraiment fâché qu’un ministre moderne sorte du carcan partisan afin que le débat s’installe à gauche, mais préoccupé par  la tournure que prend  ce débat puisqu’en l’espace de quelques semaines Emmanuel Macron est devenu «  le meilleur candidat pour représenter la Gauche «  lors de la prochaine présidentielle. Alors, sa formule  résumée en « loyal  sur le plan personnel au Président de la République, mais pas son obligé »,-même si ce elle n’est pas tout à fait exacte, n’est pas bien  passée  du tout .Ni auprès des premiers cités parmi lesquels le Ministre de la Défense qui appelle à jouer collectif ou encore auprès de Stéphane Le Fol, porte parole du gouvernement ex, et futur directeur de campagne. Ce pourrait  même être l’élément déclencheur du petit électrochoc qui  déclenchera  une « clarification », expression consacrée pour évoquer une explication des gravures voire une rupture  lorsqu’un conflit politique éclate. « Loyal, mais pas obligé » ,c’est  en résumé la définition  par Emmanuel  Macron de sa relation avec  François Hollande ,dans l’interview qu’il accorde aux journaux  du groupe Ebra.

Et puisque cette relation entre le président et son ministre est devenue un sujet de questionnement , on peut considérer que « pas obligé » c’est la réponse au «  Il sait ce qu’il me doit «  de François Hollande sur France 2 l’autre semaine qui réagissait lui-même à  la séquence «  people » d’Emmanuel Macron dans Paris-Match .La  parution,  le jour de l’émission , de ce long  reportage sur la vie privée du ministre et sa famille a provoqué de sérieux remous . François Hollande qui espérait amorcer une remontée dans les sondages grâce à cette émission, a été déstabilisé par l’opération de communication du ministre de l’Economie. Ce dernier a alors plaidé la maladresse de sa femme. Aujourd’hui, après avoir  essuyé un recadrage présidentiel, Macron regrette que la formule «  pas obligé », ait été sortie de son contexte. S’abritant derrière son inexpérience politique ,il joue les novices alors qu’il connait bien les règles du jeu et sait pertinemment que pour marquer les  esprits au-delà de la sphère politico médiatique, il faut savoir frapper fort , voire cogner .Quand Emmanuel Macron  s’en prend aux trente cinq heures , au statut de la fonction publique, ou qu’il critique l’impôt sur la fortune le Ministre de l’Economie fait les délices du patronat .Et cela ne déplait pas tant que cela à François Hollande qui sait que son éventuelle réélection via le centre , agrémenté d’une synthèse autour des différentes sensibilités représentées au gouvernement . En cherchant à  briser des totems de gauche, Emmanuel Macron tend à supplanter Manuel Valls dans le registre de la modernité et il fragilise  encore plus le socle présidentiel. La méthode n’est pas nouvelle. Valéry Giscard d’Estaing il y a longtemps, Nicolas Sarkozy plus récemment, ont  forgé leur personnage en se démarquant  du chef : le premier, du Général de Gaulle, le second, de Jacques Chirac, et ce, parfois avec brutalité. C’était le prix à payer selon eux pour «  secouer le cocotier » de leurs époques respectives. Ils étaient identifiés comme des animaux politiques prometteurs. C’est aujourd’hui le cas d’Emmanuel Macron.

Eternellement catalogué dans la catégorie « ancien banquier, il  « n’était pas attendu dans ce registre. En lançant son mouvement «  En Marche » , il a pris une nouvelle dimension qui tend à virer à l’emballement. Car Emmanuel Macron ne s’attaque pas seulement aux totems de gauche, il est en campagne pour une recomposition politique ; le «  ni droite ni gauche » a ses faveurs , et celles d’une partie de l’électorat qui se détourne de François Hollande et est en quête d’autre chose que les  querelles partisanes .Mais dans l’esprit de François Hollande et de celui de ses amis, Emmanuel Macron doit mettre son rayonnement au service du chef de l’Etat et non œuvrer (- ouvertement !) pour son avenir présidentiel . Jusqu’à présent, le Ministre de l’Economie qui voit loin et bénéficie d’appuis solides (-mais ces derniers sont-ils vraiment représentatifs des «  Français « ?), n’a pas franchi la ligne jaune ; il la frôle , joue les naïfs et s’excuse , mais cherche en même temps à savoir jusqu’où il peut ne pas aller trop loin .Et la question qui se pose pour François Hollande est de savoir s’il pourrait se passer d’un Ministre qui incarne plus que tous les autres la jeunesse et la modernité, le pragmatisme et la compétence , autrement dit un atout pour lui . A l’heure actuelle la réponse est clairement « non ». Mais dès lors que cet atout se transformerait en handicap parce que concurrent potentiel, la donne changerait du tout au tout .En d’autres circonstances, - dans le cas d’Arnaud Montebourg notamment, François Hollande n’a pas hésité à trancher. Emmanuel Macron serait il en mesure de e présenter à la présidentielle sans être passée par aucune case initiatique du suffrage universel auparavant ? Ses soutiens le croient, ses adversaires sont persuadés du contraire. Et c’est autour de cette question que se joue dorénavant l’avenir du Ministre de l’Economie.

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