Fonctionnaires ou salariés du privé, qui est le mieux loti ? Partie 2 : les salaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, la hausse trop forte des rémunérations explique, en partie, le décrochage de la compétitivité française.
Pour le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, la hausse trop forte des rémunérations explique, en partie, le décrochage de la compétitivité française.
©Reuters

Série : le match public / privé

Pour le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, la hausse trop forte des rémunérations explique, en partie, le décrochage de la compétitivité française. Le salaire moyen des salariés du privé est pourtant inférieur à celui des fonctionnaires. La tendance s'inverse toutefois pour les cadres. Deuxième partie de notre dossier consacré aux différences entre fonctionnaires et salariés du privé.

Nicole Roth

Nicole Roth

Chef du département emploi et revenus d'activité de l'Insee.

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Elodie Rubini

Elodie Rubini

Elodie Rubini est Chargée de mission à l’IREF et diplômée de Sciences-Po Paris. Elle a auparavant travaillé en banque d’affaires, en tant qu’analyste financier, notamment au sein de départements de fusions-acquisitions, de restructuration d’entreprise en difficulté ou encore de levées de fonds.

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Lucas Léger

Lucas Léger

Lucas Léger est chargé de mission à l'IREF, l'Institut de Recherches Economiques et Fiscales. Il a notamment beaucoup travaillé sur la fiscalité verte, ainsi que les emplois verts.

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  • Les salaires annuels moyens net en EQTP (en équivalent temps plein) sont de 25 560€ dans le privé, ils sont plus élevés dans la Fonction publique d'Etat (FPE) (28 880€) mais plus faibles dans la Fonction publique territoriale (FPT) (21 800€).
  • Les cadres du privé gagnent en moyenne 47 850 euros par an, contre 33 780 euros dans la FPE.
  • En 2011, les 10% des cadres les mieux rémunérés du secteur privé percevaient un salaire moyen annuel de 74.060€, alors que les 10% des fonctionnaires de catégorie A les mieux payés, recevaient respectivement 48.130€ et 54.270€ pour la FPE et la FPT.
  • Le salaire moyen dans la FPE s’élève à 2.554€ nets mensuels pour les titulaires et à 2.438€ pour les titulaires et les non-titulaires. Dans la FPT et la FPH, le salaire moyen est respectivement autour de 1.831€ et 2.187€ nets mensuels.
  • Si on considère les non-salariés (hors auto-entrepreneurs) le revenu moyen annualisé est de 37 240€, avec de forts écarts selon les secteurs et une hétérogénéité beaucoup plus marquée que parmi les salariés

>>> A lire également :

Fonctionnaires ou salariés du privé, qui est le mieux loti ? Partie 1 : les allocations familiales

Partie 3 : l'accès au logement

Partie 4 : les retraites

Atlantico : Fonctionnaires ou salariés du privé, qui sont les mieux payés d'après les salaires moyens recensés ?

Nicole Roth : Les salaires annuels moyens net en EQTP (en équivalent temps plein) sont de 25 560€ dans le privé, ils sont plus élevés dans la Fonction publique d'Etat / FPE (28 880€) mais plus faibles dans la Fonction publique territoriale / FPT (21 800€).

Ces différences s’expliquent notamment par des effets de qualification : il y a par exemple 19% de cadres dans le privé, 63% de catégories A parmi les titulaires de  la FPE (dont une partie importante d’enseignants) et 9% de cadres dans la FPT.

Elodie Rubini et Lucas Léger : Sur l’ensemble de la population, les fonctionnaires sont généralement gagnants, le salaire moyen s’établissant à 25 830 euros, contre 25 560 dans le privé. Cette faible différence cache cependant de nombreuses disparités.

Les écarts de salaires entre les cadres et les ouvriers dans le secteur marchand sont plus importants que dans la fonction publique. Ils varient, dans le premier cas, entre 19 150 (pour les ouvriers et employés) et 47 850 euros (pour les cadres) dans le premier cas, contre 20 170 (pour les ouvriers et employés) et 38 240 euros (pour les cadres) dans le deuxième.

Au niveau de la distribution des salaires, les différences sont plus grandes dans le secteur privé. En moyenne, une personne appartenant aux 10 % les plus riches dans le privé gagne 2,9 fois plus qu’une personne du premier décile. Ce rapport est de 2,4 dans la fonction publique d’Etat, 2,0 dans la fonction publique territoriale et de 3,4 dans le secteur hospitalier. C’est pour cette raison qu’il est important de distinguer l’évolution des salaires du secteur publique entre ces trois fonctions. Car même au sein de la fonction publique, les différences sont nombreuses. Et lorsque l'on compare par fonction, ce sont les agents territoriaux qui, en termes de salaires, sont perdants. En revanche, dans la fonction publique d’Etat, le salaire moyen des titulaires, 30 650 euros, y est bien plus élevé que dans le secteur privé dû à une surreprésentation des agents de catégorie A (équivalent au cadres) dans cette fonction.

Ces évolutions s’expliquent par les progressions de salaire en fonction de l’ancienneté, plus rapides dans le privé et ce, quel que soit le niveau de diplôme. Mais là encore, des différences existent entre le niveau de diplôme et le secteur observé. Chez les cadres, la tendance est amplifiée puisque le secteur privé devance le public : ils sont payés en moyenne 3 988€ mensuels dans le privé, contre environ 3 500€ dans le public. Autre exemple, les titulaires dans la fonction publique d’Etat verront leurs salaires augmenter, à niveau de diplôme équivalent, plus fortement que les salariés du privé. Par ailleurs, le niveau des salaires est tiré vers le bas dans le secteur privé, avec une part plus importante du temps partiel et de l’intérim, ce type d’arrangements étant moins courants dans la fonction publique.

Entre fonctionnaire et salariés du privé, la tendance reste-t-elle la même chez les cadres et non cadres ?

Nicole Roth : Les cadres du privé gagnent en moyenne 47 850 euros par an, contre  33 780 euros dans la FPE. Lorsqu’on compare les carrières salariales en prenant en compte le niveau de diplôme, les carrières sont plus favorables en moyenne dans le secteur privé que dans le secteur public, mais elles peuvent aussi être plus heurtées (notament en cas de chômage). Elles sont plus hétérogènes dans le secteur privé.

L’écart de salaires entre le 1er et le 9ème décile est ainsi de 2,9 dans le privé, contre 2,4 dans la FPE pour l’ensemble de salariés. Cet écart entre les déciles extrêmes concerne aussi les cadres : il est de 3 dans le privé, contre 2,1 pour les catégories A de la FPE ou de la FPT.

La progression salariale moyenne dans le temps est-elle supérieure dans le public ou dans le privé ? La tendance reste-t-elle la même chez les cadres et non cadres ?

Nicole Roth : La progression salariale est plus élevée dans le privé, notamment dans les grandes entreprises, en raison des éléments variables de rémunération liés aux performances individuelles qui peuvent être plus importants dans le secteur privé. Les progressions sont davantage encadrées par des grilles dans le secteur public.

Elodie Rubini et Lucas Léger : Globalement, le salaire moyen de la fonction publique est supérieur à celui du secteur privé, mais cet écart tend à se réduire. Le réel décalage porte sur la tendance et sur une certaine catégorie de fonctionnaires seulement. En euros constants, les salaires ont évolué moins rapidement dans le secteur privé. Pour l’ensemble de ces derniers, ils ont augmenté, entre 2006 et 2011 de 0,8 % par an, contre 1,2 % dans la fonction publique d’Etat. En revanche, ces salaires n’ont évolué que de 0,6 % dans les collectivités territoriales et ont baissé de 1,1 % dans la fonction hospitalière (hors cadres).

L’une des explications tient à la structure des rémunérations et de l’avancement au sein du service public, lié à l’ancienneté de l’agent et en partie décorrélé de ses performances. Etant donné que l’âge moyen de la fonction publique est plus élevé que dans le privé, il y a un effet sur le poids global des salaires, qui évolue proportionnellement à l’ancienneté.

Les salaires des fonctionnaires dépendent d’un indice majoré (IM100), dépendant lui-même du point d’indice, lequel est gelé depuis 2010. De facto, avec un point d’indice qui n’évolue pas, les salaires de la fonction publique stagnent, d’autant plus que le niveau de l’inflation est actuellement très faible.

Même avec un gel des points d’indice des salaires dans la fonction publique, la masse salariale s’accroît inexorablement avec le vieillissement des agents. Par ailleurs, le volume des primes peut-être une part importante des traitements dans la fonction publique. Or, ces primes n’ont pas diminué.

Reste que la seule catégorie A recouvre de nombreuses professions du privé niveau cadre... Quels sont les écarts types de salaire ?

Elodie Rubini et lucas Léger : En 2011, les 10% des cadres les mieux rémunérés du secteur privé percevaient un salaire moyen annuel de 74.060€, alors que les 10% des fonctionnaires de catégorie A les mieux payés, recevaient respectivement 48.130€ et 54.270€ pour la FPE et la FPT.

Par ailleurs, les 10% des cadres les moins bien rémunérés dans le secteur privé percevaient un salaire moyen annuel de 24.780€, alors que les 10% des fonctionnaires de catégorie A les moins payés, recevaient respectivement 22.620€ et 25.950€ pour la FPE et la FPT.

Par conséquent, si les salaires d’entrée sont assez proches dans le secteur privé et la fonction publique, l’avancement des cardes est bien plus rapide dans le secteur privé.

Dans la fonction publique à proprement parlé, des fonctionnaires des hôpitaux, des collectivités territoriales ou de l'Etat, qui sont les mieux payés ? Et pourquoi ?

Nicole Roth : Ce sont toujours les mêmes déterminants qui jouent en majeur : 63% de catégorie A dans la FPE parmi les titulaires, 9% dans la FPT, 11% dans le secteur public hospitalier.

Elodie Rubini et Lucas Léger : Les fonctionnaires de la fonction publique d’Etat (FPE) sont, en moyenne, mieux payés que les fonctionnaires de la fonction hospitalière (FPH) et territoriale (FPT). Le salaire moyen dans la FPE s’élève à 2.554€ nets mensuels pour les titulaires et à 2.438€ pour les titulaires et les non-titulaires. Dans la FPT et la FPH, le salaire moyen est respectivement autour de 1.831€ et 2.187€ nets mensuels.

Cela s’explique notamment par le fait que la FPE concentre davantage de fonctionnaires de catégorie A, représentant 63% de ses effectifs, alors que trois quarts de la FPT et la moitié de la FPH sont des catégories C.

Concernant la catégorie des entrepreneurs, tous statuts confondus, quel est le salaire moyen ? Quels sont les écarts types entre salaires moyens par statut ?

Nicole Roth : Si on considère les non-salariés (hors auto-entrepreneurs) le revenu moyen annualisé est de 37 240€, avec de forts écarts selon les secteurs et une hétérogénéité beaucoup plus marquée que parmi les salariés (voir IP n° 1481, janvier 2014).

Combien de salariés du privé sont concernés par les compléments de salaire (participation, intéressement et épargne salariale) ?

Nicole Roth : La participation, l’intéressement et l’épargne salariale concernent exclusivement les salariés du privé. Environ 7,2 millions de salariés du privé ont perçu une prime de participation, d’intéressement ou d’épargne salariale en 2010. Ces dispositifs ne concernent pas l’ensemble des salariés, ils varient en fonction de la taille des établissements et du secteur d’activité. Pour les salariés qui perçoivent une telle prime, le montant annuel perçu équivaut à environ 7% de leur salaire brut, soit presque un treizième mois.

Les primes accordées aux fonctionnaires compensent-elles le 13e, voire 14e mois perçu dans le privé ?

Elodie Rubini et Lucas Léger : Il semble, à priori, assez difficile de mesurer ces écarts. D’abord parce que la multiplicité des primes au sein de la fonction publique crée des situations très différentes. Ensuite, parce que dans le secteur privé, les avantages liés à un 13eme mois, intéressement ou participation sont également très variables en fonction (i) de la taille de l’entreprise et (ii) du statut du salarié. Par exemple, 63% des cadres ont perçu une prime d’intéressement en 2010, conte 44% des ouvriers et 42% des employés.

Propos recueillis parFranck Michel / sur Twitter

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