Stellantis : 36 millions d'euros pour Carlos Tavares, c'est normal ou obscène ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Carlos Tavares, le patron qui valait 36 millions par an (ou pas).
Carlos Tavares, le patron qui valait 36 millions par an (ou pas).
©AFP / ERIC PIERMONT

Débat sans fin

La vérité, c’est que les grands patrons devraient être payés juste ce qu’il faut. Ni plus ni moins.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Le problème avec le débat sur les rémunérations stratosphériques des dirigeants de grosses boîtes, c’est qu’il revient tous les ans sans jamais faire avancer le schmilblick. 

Les mêmes démonstrations contradictoires sont énoncées, ça s’engueule pendant une semaine, personne ne change vraiment d’avis, puis la polémique s’éteint d’elle même jusqu’à ce que la vague suivante d’assemblées générales d’actionnaires ne la ranime avec l’annonce d'un nouveau package record...

Ma théorie sur cette discussion sans fin, c’est que tout le monde a raison et que c’est justement pour ça que c’est sans fin. Absolument tout le monde. Les « contre », qui exigent des salaires plus raisonnables pour les patrons, et les « pour », qui leur souhaitent bon vent ou les admirent carrément.

C’est qu’à bien y regarder, ces arguments répétés ad nauseam sont tous aussi valides les uns que les autres et difficilement contestables pour qui choisit d'être de bonne foi : bien sûr que 36 millions d’euros par an pour un seul type, c’est obscène ; évidemment que personne n’a besoin d’autant de pognon pour mener une vie ultra confortable ; non, la contribution individuelle d’un manager, fut-il le plus performant au monde, ne saurait « valoir » 1 000 à 2 000 fois celle de l’un de ses salariés, fut-il le moins investi et le plus branleur de la troupe. Pourquoi pas 5 000 fois ? Ou même 10 000 fois si on va par là...

Imparable. La cause est entendue, il faut limiter le salaire des patrons !

D’un autre côté, qui trouverait anormal que le boss d’une multinationale employant 250 000 personnes et filant du boulot à autant de sous-traitants reçoive au moins la moitié de ce qu’un attaquant du PSG engrange sur la même période ? Qui empêcherait les propriétaires d’une entreprise privée de rémunérer un PDG au tarif qui leur semble adapté, vraisemblablement parce qu’ils perçoivent cette dépense comme un investissement ? Et qui prétendrait que n’importe qui, à la place du boss de Stellantis, aurait su transformer Fiat et PSA, deux canards boiteux notoirement promis à la faillite, en un quatrième constructeur mondial ultra bénéficiaire ? Vous auriez pu le faire, vous ? Et Mbappé, il aurait su ?

Indiscutable. Affaire résolue. Il faut laisser les entreprises se démerder comme elles l’entendent, les salaires des dirigeants des groupes publics étant, de leur côté, déjà plafonnés au niveau de celui d’un joueur de Ligue 2.

Convaincus ? Je peux vous la refaire dans l’ordre inverse si vous avez encore un doute. Ou vous la reproposer l’an prochain à la même époque juste au cas où...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !