Mélenchon, ou comment s’en débarrasser<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Retraite (de Russie)

Ruffin, Glucksmann, Autain... Y a-t-il un Bardella pour sauver la gauche ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Si comparer Le Pen senior à Mélenchon hérissait encore les candides il y a quelques années, c’est les distinguer l’un de l’autre qui est devenu compliqué. Un peu comme dans un jeu des sept erreurs dont le dessinateur étourdi aurait oublié de modifier la deuxième image avant publication...

Même goût pour la tonitruance bavarde maquillée en culture universelle ; même main de fer crispée sur une structure opaque et autoritariste déguisée en parti démocratique ; mêmes fréquentations sulfureuses et références historiques flippantes parfaitement assumées ; même certitude mégalomane d’être le prophète intransigeant sans la victoire duquel la France cessera bientôt d’être la France ; même fascination pour les despotes sévèrement testostéronés ; même recours plus ou moins ambigu à la figure du juif comme autre absolu et malfaisant, catalyseur traditionnel des frustrations des simplets en colère...

A la droite du côté obscur, on a pourtant fini par comprendre qu’avec un tel boulet, on resterait cantonné à la marge et au seul portefeuille d’inspecteur des travaux finis pour l’éternité. Le grand âge du capitaine aidant, le « Front », lexicalement belliqueux, s’est alors transformé en un « Rassemblement » plus fédérateur, la démagogie ouvriériste et la retraite à 60 ans ont progressivement grand-remplacé le poujadisme fiscophobe des origines, puis la Marine a débarqué — cerise féminine sur le clafoutis de la dédiabolisation.

Mais l’aspérité patronymique perdurant, ça n’était toujours pas suffisant. On a donc fait émerger un Bardella de 28 ans pas spécialement futé, certes, mais présentant bien, sans passif parce que sans passé, rassurant pour les plus vieux et carrément émoustillant pour les plus jeunes. Résultat de ce relooking extrême : 30 % d’intentions de vote aux élections européennes.

A la gauche de la farce, en revanche, où le patriarche périmé n’est toujours pas disposé à calculer ses annuités via France Connect, on réalise enfin dans quelle impasse on se trouve, d’où l’ouverture officieuse du concours de beauté censé faire émerger un « Bardella progressiste » qui cocherait les mêmes cases socio-démographiques que son homologue du RN. 

Il y a seulement quinze jours, c’est Glucksmann qui semblait d’ailleurs tenir la corde. Il faisait la une de Libé, les matinales d’Inter, les vespérales de France 5, et même les Zones franches d’Atlantico. Juste avant, c’était Autain, dont le principal titre de gloire reste de n’avoir jamais fait partie du premier cercle mélenchonien  ce qui n’est pas bezef. Et cette semaine, c’est au tour de Ruffin de prendre l’avantage, un sondage le voyant même en terrasseur potentiel du dragon ou, au minimum, en qualifié du second tour de la présidentielle.

Pour la semaine prochaine, on ne sait pas encore. 

Dans « Amédée, ou comment s’en débarrasser », la pièce la plus ionesquienne de Ionesco, un vieux couple (l’Amédée du titre et sa Madeleine), cherche à se débarrasser d’un cadavre d’autant plus encombrant qu’il ne cesse de grossir, ce qui finit par provoquer, outre un certain nombre de difficultés conjugales, pas mal de soucis avec le syndic de l'immeuble. Le couple tente toutes sortes de stratagèmes, le cadavre géant se dégonfle, Amédée s’envole (dans les sondages ?), mais tout se termine en eau de boudin tout de même ce que BHL prédisait justement dans son, hum, Grand cadavre à la renverse

Mais bon, après tout, tant que la cantatrice chauve n'a pas chanté, tout reste possible...

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