Bonnes feuilles
Xavier Bertrand, de "Macron-compatible" à "Macron-divergent"
Ian Hamel publie « Xavier Bertrand, l’obstiné » aux éditions de L’Archipel. Xavier Bertrand a gravi un à un les échelons jusqu’à être, aujourd’hui, un candidat crédible dans la course à l’Elysée. Ian Hamel retrace le parcours hors norme d'un candidat aussi opiniâtre qu'atypique. Extrait 2/2.
Toujours est-il qu’au début du quinquennat, l’ancien ministre de la Santé est plutôt classé dans la catégorie « Macron-compatible ». Le Parisien évoque « sa curiosité au début du quinquennat, mêlée de bienveillance. Il pensait avoir l’oreille du président, il découvre que celui-ci ne l’écoute pas car, en fait, il n’écouterait personne. Est-ce par déception que le président des Hauts-de-France devient petit à petit « Macron-divergent » ? « Vous pouvez faire toutes les propositions du monde, ça ne l’intéresse pas. C’est simple, il a gagné en n’écoutant personne et il pense qu’il réussira en n’écoutant personne, donc il ne changera plus », lâche, amer, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro.
Une élue, passée de La République en marche à La Manufacture, avant de quitter par la suite le think tank du président des Hauts-de-France, assure que, malgré sa surenchère perpétuelle vis-à-vis des propositions d’Emmanuel Macron, Xavier Bertrand a gardé le contact avec lui au moins jusqu’en 2019. « Bertrand a raison sur un point : Macron n’écoute personne. Il ne lit même pas les notes que vous lui préparez. Mais Bertrand non plus n’écoute pas, et il s’intéresse encore moins aux informations que vous pouvez lui communiquer. Les deux ont un point commun : ils naviguent à vue, en fonction des études de marketing. Je n’ai pas été étonnée en découvrant que l’Élysée, via le service d’information du gouvernement, diligentait des enquêtes d’opinion à un rythme encore plus soutenu que sous Sarkozy. Xavier Bertrand, s’il était élu, se comporterait exactement de la même façon », constate la députée, doublement déçue.
L’Obs, de même, pense que les ponts n’ont pas été totalement coupés entre Macron et Bertrand, pendant un long moment. « Campé dans le rôle d’opposant constructif, Xavier Bertrand alterne idées et critiques ciblées pour se hisser à hauteur d’épaule du chef de l’État. Quand des ronds-points montaient les cris de “Macron démission”, il s’est élevé contre ceux qui voulaient jouer “à la roulette russe avec les institutions”», note Marie Guichoux en juin 2019. Pendant la crise des Gilets jaunes, loin de pousser au crime, Xavier Bertrand tient un discours raisonnable d’homme d’État. « On ne peut pas demander qu’un président démissionne à chaque éruption de colère des Français, ça voudrait dire que le pays est ingouvernable », insiste-t-il. Il n’est pas exactement un soutien au chef de l’État, mais, dit-il, « j’aide mon pays, je veux juste éviter qu’il ne chavire ». Ce qui lui vaut de faire partie des six personnalités les plus appréciées des Français.
© L’Archipel, 2021
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