Realité des pratiques
Violences obstétricales : Marlène Schiappa embrigadée dans le combat de féministes ultra contre un phénomène exagéré
La secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a demandé un rapport au Haut conseil à l'égalité concernant les pratiques obstétricales non consenties.
Qu''en est-il vraiment de la réalité des violences obstétricales ?
Odile Buisson : Je pense que c’est un fantasme relayé par des groupes d’activistes suffisamment virulents pour intoxiquer les cerveaux d’une ministre ou de ses conseillers. Ceci n’est guère rassurant car il y a dans le pays une résurgence de courants réactionnaires qui veulent se réapproprier le corps des femmes. La gynécologie et l’obstétrique ont contribué à libérer les femmes de la douleur et des contingences de leur physiologie compliquée mais hélas ceci a un coût. C’est pourquoi l’Etat tente de surfer sur ces tendances pour « démédicaliser » la physiologie féminine, l’accouchement et ses suites. Ce n’est donc pas étonnant que les gynécologues et les obstétriciens soient diabolisés : la chasse aux sorcières médicales est bel et bien déclarée.
Quelles seront selon vous les retombées de ce rapport ?
Je pense que les données seront bidonnées aux seules fins de faire admettre à la population qu’elle peut très bien se passer de médecins accoucheurs, de pédiatres et d’anesthésistes. Je vous laisse imaginer les économies de santé ! Les syndicats de sages femmes, très actifs depuis que le métier s’est masculinisé, l’ont bien compris car ils tentent coûte que coûte de reprendre le « marché » de l’accouchement, quel qu’en soit le prix à payer pour nos filles et petites filles… Je suis prête à parier que le déremboursement de la péridurale est « dans les tubes ». Le raisonnement ne relève pas de la pensée complexe : il suffira de dire « la:péridurale nécessite davantage d’extraction aux forceps, l’extraction au forceps nécessite une épisiotomie : c’est de la violence obstétricale ! C’est une mutilation génitale ! un génocide du périnée ! Un peu de propagande comme l’Etat sait le faire et le tour est joué.
Selon Marlène Schiappa, il n'appartient pas aux médecins de décider de la réalité des chiffres du nombre d'épisiotomie. Que pensez-vous de cette affirmation ?
C’est une affirmation ubuesque car on ne « décide » pas de la réalité d’un chiffre, on en fait le constat.. Or nous constatons qu’en France, le taux d’épisiotomie était de 27% en 2010 alors qu’au Pays Bas il était de 30%, au Luxembourg de 36%, en Allemagne de 28%, een Italie de 50% et en Espagne de 43%, Seule l’ Angleterre avec 24% faisait un peu mieux que nous. Nous n’inventons riens ce sont les chiffres d’Euro Peristat.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) a fait des recommandations très claires pour améliorer encore le taux d’épisiotomie. Du reste dans un souci de transparence et de démocratisation des savoirs , le collège vien d’ouvrir son site au grand public. C’est la seule façon de lutter contre les désinformateurs. J’invite Mme la ministre à venir désormais y puiser ses sources.
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