Union bancaire européenne : la route est encore longue mais l’Europe n’a pas le choix<!-- --> | Atlantico.fr
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La route est encore longue jusqu'à l'Union bancaire européenne.
La route est encore longue jusqu'à l'Union bancaire européenne.
©wikipédia

Parcours du combattant

Une réunion des ministres des Finances de la zone euro au Luxembourg s'est tenue ce 15 octobre, avec comme sujet principal la mise en place de l’union bancaire si chère à l’Europe.

Alain Fabre

Alain Fabre

Alain Fabre est Conseil indépendant en Fusions & Acquisitions. Il est aussi expert économique auprès de la Fondation Robert Schuman, de l'Institut de l'Entreprise et du mouvement ETHIC. 

Il a récemment publié Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social?, Institut de l'Entreprise, septembre 2013. 
 

Il a publié pour l'Institut de l'Entreprise L'Italie de Monti, la réforme au nom de l'Europe et Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social

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Atlantico : En quoi cette réunion est-elle importante dans la construction du projet d’union bancaire ?

Alain Fabre : Je crois qu’aujourd’hui, le projet de l’union bancaire entre dans sa phase active de préparation pour qu’elle entre en vigueur en 2014. Or, les points de vue divergent de Paris à Berlin sur la manière d’envisager le futur système : les Allemands considèrent qu’il faut une réduction des traités alors que nous considérons qu’il faut opérer à traités constants. Cependant, ces points de vue ont de bonnes chances de se rejoindre.

Les divergences de point de vue peuvent-elles se rejoindre lors de cette réunion ?

Sur ce plan là, les difficultés sont réelles mais pas insurmontables. Il y a un accord sur le fond, à savoir que tout le monde a accepté l’idée qu’après l’enchaînement des dettes souveraines, et par extension leurs incidences sur le fonctionnement des banques et des marchés financiers, tout le monde est d’accord pour faire le lien entre la construction de l’Euro, son intégration progressive et enfin la mise en place d’une union bancaire qui soit capable à la fois de réguler le secteur mais aussi les crises spontanées.

Le projet d’Union bancaire peut-il uniquement s’arranger par le couple franco-allemand ?

Je pense que c’est pour l’instant la principale clé du problème sur le plan politique comme sur le plan technique. On sait que les Français militent plutôt pour adopter un système centralisé à l’intérieur de l’Europe alors que les Allemands invoquent l’importance et la qualité du mécanisme de contrôle, certes par l’intermédiaire de la Banque Centrale Européenne, mais davantage décentralisé.

Il y a par ailleurs des enjeux de politique fondamentale. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne est une démocratie parlementaire, ce qui n'est pas le cas de la France. De fait, il est vrai que lorsque l’Allemagne évoque les traités, elle met en avant son double système politique qui est que d’une part la décision politique revient au parlement, et que d’autre part, sur le plan juridique, elle ne veut pas exposer le problème à une saisine de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui pourrait malmener l’édifice en cours aujourd’hui.

Il convient donc d’être attentif aux arguments juridiques des Allemands et ne pas uniquement les considérer comme une sorte de manœuvre dilatoire.

L’Europe peut-elle encore se passer longtemps de cette réforme bancaire européenne ?

Non. Je pense que les signaux qui ont été envoyés aux marchés dès 2012 doivent continuer en ce sens. Il y a plusieurs piliers dans ce raisonnement : d’une part, les mécanismes fédéraux qui se sont mis en place comme le mécanisme européen de stabilité qui commence à démarrer ; la transformation de la Banque Centrale Européenne en prêteur de dernier ressort - avec notamment le programme OMT initié par Mario Draghi - ; et la réforme du système bancaire au vu de la bonne appréciation des marchés financiers lorsqu’ils ont compris que l’Europe s’intéressaient à ses banques, comme ce fut le cas pour l’Espagne.

Sur ce plan là, je crois que ni les Français ni les Allemands ne font mine de contourner le problème même si la manière de l’aborder est différente. L’enjeu sera donc pour eux de contourner ces divergences, qu’elles soient d’ordre politique, technique, juridique.

Le dernier point important est que pour l’instant, les difficultés bancaires de Europe se situent à la périphérie du système bancaire européen. Or, si nous avons des instruments qui permettent de traiter ces sujets là, on manque encore d’instruments qui seraient de nature à régler les problèmes à l’intérieur du centre du système européen comme les grands établissements bancaires qui viendraient à défaillir. L’Europe doit profiter de l’accalmie actuelle pour mettre en place ces instruments.

Propos recueillis par @SachaConrard

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