Un chasseur de têtes se met à table : ses années de lutte pour devenir un habitué du Fouquet's, ce lieu de pouvoir incontournable<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Un chasseur de têtes se met à table : ses années de lutte pour devenir un habitué du Fouquet's, ce lieu de pouvoir incontournable
©

Bonnes feuilles

4 000 repas pris, en trente ans, dans le célèbre restaurant des Champs-Elysées, cela mérite le respect ! D'autant que Catherine Euvrard n'y a pas rencontré que des grands patrons. Trenet, Aznavour, Johnny, Bruel, Michèle Morgan... Grâce à une table située juste à l'entrée du restaurant, dont la chasseuse de tête a su faire sa "tour de contrôle", un poste d'observation idéal sur le monde des affaires et du show-biz. Extrait de "Mon Fouquet's - Un chasseur de têtes se met à table", de Catherine Euvrard, publié chez Eyrolles (2/2).

Catherine  Euvrard

Catherine Euvrard

Catherine Euvrard dirige CE Consultants, l'un des plus importants cabinets de chasseurs de tètes, spécialisé dans le recrutement de cadres supérieurs et dirigeants.

 

Voir la bio »

« Arrivée sur zone, objectif en vue », comme disent les militaires.

J’ai découvert à peu près à cette époque que je pouvais miser sur un atout non négligeable pour me rapprocher encore de mon objectif : ma proximité avec les deux filles de la maison, Jenny-Paule et Dominique Casanova. Bien plus que leur père, ou que leur frère Jean-Louis, elles étaient souvent à l’entrée du prestigieux restaurant pour accueillir la clientèle et aplanir toutes ces épineuses questions de placement et de préséance qui me pourrissaient la vie. Il était inévitable que je finisse par faire amie-amie avec elles, d’autant que nos âges étaient à peu près identiques. En outre, j’ai vite découvert que Dominique était Gémeaux, tout comme moi (je suis du 5 juin et elle du 13). Du coup, nous avons pris l’habitude d’organiser des « déjeuners de Gémeaux », prétextes à de nouvelles fêtes et, surtout, à de nouvelles rencontres.

Ce sont les deux filles Casanova, fort douées pour le marketing, qui ont eu l’idée de lancer le Club Fouquet’s. Un excellent outil de fidélisation de la clientèle, notamment d’affaires. Ce Club proposait à ses membres des avantages divers (soirées spéciales autour d’un thème donné, d’un anniversaire, d’un plat comme la choucroute ou le pot-au-feu…) et, au déjeuner, l’accès prioritaire à la fameuse véranda George- V et à un menu allégé à prix doux. Quand j’ai été admise dans ce Club, le menu était à 30 francs. Il est aujourd’hui à 74 euros. Rien à voir, en tout cas, avec ce qu’il faut dépenser pour se restaurer « à la grande carte », comme disent les maîtres d’hôtel. D’autant que ce tarif de 74 euros inclut le vin, le café et le service. Cela peut sembler cher, mais n’oubliez pas que l’on est sur les Champs, dans un décor exceptionnel, au coeur de Paris et dans l’un des tout meilleurs restaurants de la capitale.

En passant, je trouve d’autant plus étrange que de bonnes âmes aient reproché à Nicolas Sarkozy, qui était membre du club et y déjeunait de temps en temps, lorsqu’il était maire de Neuilly, cette soi-disant « dépense somptuaire », alors que la « gauche caviar » ne se voyait jamais critiquée pour ses agapes répétées chez Le Divellec (dans le cas de François Mitterrand), ou chez Laurent et Ledoyen (dans celui de François Hollande). Deux tables (que je respecte au demeurant) qui affichent un prix moyen très supérieur à – 72 – © Groupe Eyrolles celui du Club Fouquet’s ! Mais, bon, ça doit être cela la politique…

Après deux ou trois années probatoires, je fus donc admise au Club grâce au parrainage des deux filles Casanova. J’y suis, depuis cette époque, le numéro 200 et quelque (le Club réunit aujourd’hui près de huit cents habitués). Mais, surtout, j’eus droit, dans la foulée, à la cérémonie du rond de serviette. Un beau jour, à l’heure du déjeuner, je trouvai sur ma table un rond de serviette en métal argenté, gravé à mon nom. La consécration ! J’étais désormais reconnue comme une habituée, au même titre que les grands noms passés et présents du show-biz, des affaires ou de la politique qui avaient franchi le seuil du Fouquet’s.

Même s’il n’y remet pas les pieds pendant des années, tout membre du Club sait qu’il retrouvera son rond de serviette à son retour, astiqué, impeccable, dans l’énorme armoire en bois qui trône dans l’entrée du restaurant. Chaque jour, de quatre-vingts à quatre-vingt-dix membres du Club déjeunent dans la galerie George-V, soit environ 10 % de l’« effectif ». La plupart se connaissent, de nom, de vue ou de réputation, mais il m’arrive encore régulièrement d’y nouer des contacts nouveaux, tant amicaux que professionnels.

Extrait de "Mon Fouquet's - Un chasseur de têtes se met à table", de Catherine Euvrard, publié chez Eyrolles, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !