Sam Altman ridiculise l’Europe par la dimension de ses ambitions<!-- --> | Atlantico.fr
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Sam Altman lors d'une conférence de presse.
Sam Altman lors d'une conférence de presse.
©ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Sam Altman, le génie derrière la percée de OpenAI, souhaite se donner les moyens de ses ambitions.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Comment un homme, un seul, peut-il avoir à lui seul, plus d’ambition, de vision, de ténacité que tout un continent réuni ? Comment expliquer que tous ces élus et technocrates regroupés comme des poulets en batterie de triste qualité dans les locaux Bruxellois, ne puissent accoucher d’autre chose que d’une volonté de régulation et jamais d’une stratégie de succès ? Comment Thierry Breton peut-il donner des interviews annonçant que l’Europe deviendra le meilleur endroit au monde pour l’IA, sans investir massivement dans toutes les composantes nécessaires à la réalisation de cette promesse, sans puces pour alimenter l’IA, et donc sans usines, sans payer ses chercheurs, sans raisonner à l’échelle. Bref, vouloir dominer le monde avec des pièces jaunes, semble une ambition aux courtes cuisses.

Sam Altman est parti à la guerre. Le génie derrière la percée de OpenAI, viré un jour et réintégré le lendemain, se sent pousser des ailes, et souhaite se donner les moyens de ses ambitions. Il cherche la modique somme de 5 trilliards de dollars, afin de révolutionner la production des « puces » (chips) dont la production massive est la condition pour développer les systèmes basés sur l’IA dont il rêve. Bien entendu, il manque un peu de vision sociétale dans ce projet, car il est plus que temps de se demander pourquoi nous voulons de l’IA à tous prix, partout, sur tous les sujets, et si les résultats seront aussi magiques qu’anticipés. Bien entendu, il va se heurter à la difficulté de l’exercice, l’argent ne fait pas tout, mais on ne fait rien sans lui. Bien entendu, il va devoir aller chercher l’argent dans des parties du monde qui l’investissent encore un peu dans les mouvements terroristes ou font partie de forces destinées à remplacer le pouvoir occidental, ce qui n’est pas le moindre paradoxe de la démarche. Mais ce qui reste remarquable, c’est la vision, l’ambition, les moyens recherchés et l’absence totale de filtres.

Il n’y a pas assez de puces produites dans le monde pour alimenter la machine à utiliser l’IA, qui demande de la puissance de calcul, de la rapidité de calcul, de l’énergie, et une amélioration permanente. Comme tout le monde l’avait prévu, Trump, en interdisant les puces Chinoises, leur système d’exploitation et principalement Huawei, pensait les mettre à genoux. Il en a fait des innovateurs encore plus puissants. Les puces qu’ils proposent en Asie, et alimentent la croissance de cette région du monde, n’ont rien à envier à celle du leader mondial Nvidia. Poussés dans leurs retranchements par l’exclusion de Trump, ils sont devenus plus forts, plus vite et pourront même faire du chantage à la production si l’Occident ne sait pas produire ce dont le marché a besoin. C’est toujours le danger du protectionnisme, on pense protéger son marché et on finit non seulement par le tarir, mais par renforcer le concurrent exclu. C’est pourquoi il faut toujours en même temps, favoriser la compétition en interne, lutter contre les monopoles et investir pour créer cette concurrence. Au moins les USA ont des capacités et des acteurs. L’Europe a des régulateurs. Chacun son ambition. Le bureaucrate et ses manches en feutrines ont plus de charme semble-t-il à Bruxelles que les sirènes de la réussite économique et les CPU.

Sam Altman se tourne forcément vers ceux qui investissent aujourd’hui dans tout ce qui assure à un pays, royaume, ville ou région, de rayonner sur le monde. Arabie Saoudite en tête. Ils investissent dans les talents. Ils investissent dans la recherche, notamment en matière énergétique, ils investissent dans la culture, le sport. Ils investissent vers tout ce qui peut leur assurer une dominance mondiale, et transformer ces petits territoires, et faible population, en une concentration exceptionnelle de talent et d’investissement, qui démontre une intelligence que nous aimerions trouver chez nos politiques Européens. Ils ont la vision, les moyens, l’ambition et la stratégie. Et peu de taxes. Des salariés bien payés (en tous cas sur ces secteurs car pour le reste, il y a encore du travail). La religion et les signes religieux, les provocations et attentats, les montées islamistes, ils les ont exportés en Europe, c’est d’ailleurs leur second produit d’exportation après le pétrole. Une véritable réussite (pour eux). Chez eux, la religion ne doit pas restreindre la fluidité du business, la qualité de vie quotidienne et assurer une totale sécurité à chacun. Pendant qu’ils tentent de réduire le voile et augmentent la vapeur, nous suivons un chemin exactement inverse. D’ailleurs, c’est tout un symbole que Sam Altman, lui-même, pense en priorité à se rapprocher de cette partie du monde, malgré la situation politique actuelle dans la région. Les différences confessionnelles, ne sont plus au menu de ce type de conversation.

Il faudrait que nous puissions confier aux entrepreneurs Européens le soin de faire eux-mêmes ce que l’Europe ne fera jamais. Mais où sont-ils ? Avec 10 équivalents de Xavier Niel, décidés à s’attaquer à la stratégie IA de l’Europe, nous pourrions y parvenir, y compris en allant chercher nous aussi l’argent où il est, plutôt que de l’attendre d’où il ne viendra pas. Il faudrait une énergie colossale, qui pourrait être alimentée par le génie Européen, celui de ses citoyens, et notamment ses meilleurs de la classe en Maths (même si cela baisse aussi), à savoir les Français. Mais, cette homme ou femme, providentiel, semble être muet pour le moment, il faut le trouver et vite.

Il semble que le destin du monde ne réside plus dans les forces politiques, mais bien dans les entrepreneurs. Certains, qui rêvent plus grand parviennent à changer le destin de l’humanité plus sûrement que ces institutions essoufflées, enflées d’inutiles, concentrées sur leur propre survie et pouvoir, leurs privilèges, obsédées par la régulation de ce qu’elles ne comprennent pas (la liste est trop longue pour la citer). Ces quelques hommes, Gates, Musk, Altman, Ma, qui à eux seuls changent la direction du centre de gravité terrestre, mais pas forcément toujours pour le meilleur. Mais mieux vaut certainement une avancée avec des erreurs, qu’une stagnation on régression maquillée en illusion de sécurité et de stabilité.

De façon « étrange », Altman, dans ses premières discussions, ne porte pas un seul instant son intérêt vers l’Europe, que Thierry Breton, nous décrit comme le futur paradis de l’IA sur terre. Peut-être qu’il évoque le même acronyme, mais pas la même signification. IA, Institution Avilie ? 

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