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Mais qui sont donc les principaux "ennemis" de l'euro ?
Mais qui sont donc les principaux "ennemis" de l'euro ?
©Reuters

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Le Parlement allemand a voté ce jeudi l'élargissement de l'enveloppe et des compétences du fonds de secours européen. L'euro n'est donc pas (encore) mort. Mais ceux qui creusent sa tombe -volontairement ou non- restent nombreux. Revue d'effectif...

Olivier Pastré

Olivier Pastré

Olivier Pastré est économiste, professeur à l'Université Paris VIII, président de la banque IM Bank (Tunis) et membre du Cercles des économistes.

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Mais qui sont donc les principaux "ennemis" de l'euro ?
Revue d'effectif...

Le Traité de Nice

Le premier ennemi de l'euro est le Traité de Nice de 2001. Il correspond à une erreur diplomatique, économique et politique majeure, dans la mesure où on a décidé d'élargir le nombre des participants à l'Union européenne avant de renforcer le gouvernement de l'Europe. Il est clair qu'il est plus facile de trouver un consensus à 12 ou à 15 qu'à 27. Donc tout les ennuis de l'euro et de l'Europe découlent de cela.


La gouvernance de l'Europe

Le deuxième ennemi de l'euro - qui découle du premier - c'est la gouvernance de l'Europe. Du fait du traité de Nice, celle-ci est extrêmement fragile et soumise, pour chaque décision, au diktat de pays qui ne voient que leur intérêts propres. Bien-sûr la signature du Traité de Nice peut être expliquée par le contexte politique et géostratégique de l'époque, mais le résultat c'est qu'on a une gouvernance qui ne gouverne pas.

Gouverner avec un grand nombre d'acteurs rend toute décision complexe, donne lieu à des compromis et à des discussions de marchands de tapis. Cela complique forcément les choses en temps de crise.

José Manuel Barroso

Ce n'est pas sa faute, mais le Président actuel de la Commission européenne José Manuel Barroso est une bonne illustration de la gouvernance qui a été mise en place. Il n'a pas de vision politique de l'Europe et ne dispose pas de l'autorité pour se faire respecter.

On regrette Jacques Delors. Barroso est incapable de prendre des décisions et d’entraîner dans son volontarisme les participants de la gouvernance européenne. Dans une période de crise, il faut un pilote dans l'avion qui ait une vision claire de ce qu'il faut faire.

Par comparaison, le Président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a lui réagi de manière extrêmement rapide, en prenant des décisions que beaucoup - dont moi - ne le croyaient pas capable de prendre à l'époque. Heureusement qu'il était là.

Les pays laxistes

Si la Grèce n'avait pas fait autant de bêtises et n'avait pas triché sur les statistiques, on n'en serait pas là. Il est clair que de nombreux pays ont cru que leur entrée dans l'Union européenne était le règne du « tout est permis et demain on rase gratis ».

Parmi ces pays laxistes, il n'y a pas uniquement des pays du Sud : certes la Grèce, l'Espagne et le Portugal en font partie. Mais l'Irlande n'est pas franchement au sud de l'Europe et je n'inclue pas dans cette liste l'Italie où il n'y a pas eu de détérioration de leur politique économique suite à leur entrée dans la zone euro.

Les pays trop rigoureux

Les pays trop rigoureux sont également des "ennemis" de l'euro. Je pense principalement à l'Allemagne.

Le principe de l'Europe c'est la solidarité, donc il faut accepter quelques sacrifices à ses sacro-saints principes, si l'on veut rester dans une maison commune. L'Allemagne est moyennement coopérative, bien qu'elle ait fait depuis un an, malgré un électorat très hostile, des progrès significatifs : les dirigeants allemands ont été très réticents, mais lorsqu'il a fallu signer ils ont signé. Reste qu'on peut regretter que l'Allemagne ne soit pas plus pro-active dans sa coopération.

Timothy Geithner

Le Secrétaire au trésor américain de l'administration Obama, Timothy Geithner,  nous donne des leçons, alors que les États-Unis sont l'une des économies les plus mal gérées au monde et que le système bancaire américain reste l'un des plus fragiles au monde.

Sans céder à la théorie du complot, il est clair que les États-Unis se réjouissent des difficultés de l'Europe. Il existe une guerre économique à l'échelle mondiale : Tim Geithner et les États-Unis ne font donc rien pour résoudre les problèmes européens. Les Américains affaiblissent le dollar pour rendre plus compétitives les entreprises industrielles américaines, ils n'adoptent pas les règles internationales en matière bancaire et usent de protectionnisme quand ça leur paraît utile...

Les marchés financiers

A partir du moment où il y a une économie en difficulté, la partie spéculatrice des marchés financiers se saisit de l'occasion pour gagner de l'argent. Les hedge funds entre autres ont gagné pour certains beaucoup d'argent sur les CDS grecs.

La droite radicale européenne

La droite radicale - pour ne pas dire extrême - est évidement l'un des ennemis de l'euro. Tout comme la gauche extrême, d'ailleurs. Ils sont pour le repli sur soi, le nationalisme, l'autarcie ou le protectionnisme. Tout ce qui est absolument assuré de ruiner ses électeurs.

C'est le paradoxe Marine Le Pen : toutes ses propositions économiques ne feraient que fragiliser ses électeurs. Mais grâce à son immense talent ceux-ci ne s'en rendent même pas compte : le protectionnisme ou la sortie de l'euro ne pénaliseront pas Mme Bettencourt, ça pénalisera ceux qui n'ont pas d'argent...

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