Prof menacée pour avoir montré un tableau classique : est-il encore possible de résister à l’islamisme à l’école en échappant à la violence ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé "une procédure disciplinaire à l'endroit des élèves qui sont responsables de cette situation et qui ont d'ailleurs reconnu les faits".
Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé "une procédure disciplinaire à l'endroit des élèves qui sont responsables de cette situation et qui ont d'ailleurs reconnu les faits".
©Bertrand GUAY / POOL / AFP

Réponse forte

Au sein des établissements scolaires, les incidents liés aux convictions religieuses sont de plus en plus nombreux. Le dernier en date : les menaces envers une professeure après le refus de certains élèves dans un collège dans les Yvelines de regarder le tableau "Diane et Actéon" de Guisseppe Cesari.

Jean-Pierre Obin

Jean-Pierre Obin

Jean-Pierre Obin est ancien inspecteur général de l'Éducation nationale. Il a publié Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école (Hermann, 2020) et Les profs ont peur (Éditions de l’Observatoire, 2023).

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Thibault de Montbrial

Thibault de Montbrial est Avocat au Barreau de Paris, Président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure.

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Atlantico : Une professeure d’un collège d’Issou dans les Yvelines a été menacée après avoir montré une œuvre d’art, un tableau du 17e siècle représentant des femmes nues. Le cours a choqué et certains collégiens n’ont pas hésité à accuser l’enseignante de propos racistes et d’avoir tenté de provoquer des élèves musulmans. Face à la multiplication de ces incidents à l’école, que peut-on faire ? 

Thibault de Montbrial : Il’engagement d’un rapport de force sur la durée constitue la seule voie envisageable. Ce rapport de force, c'est le rappel permanent de règles strictes, assorti d’une application des procédures disciplinaires et le cas échéant pénales s'il y a lieu, avec des sanctions.

Sans le tryptique rappel des règles/engagement des procédures/sanctions effectives, il est impossible de reprendre la main. Il faut opposer la force combinée de notre volonté et de nos lois à celle de l’entrisme islamiste. Les hésitations et même la bienveillance naïve sont, en face, perçus comme de la faiblesse.

Jean-Pierre Obin : Je ne vois pas d'autres solutions que d'être ferme pour réagir. Les attaques sont de plus en plus virulentes, précises et plus vastes. C'est une guerre identitaire qui est menée contre nous, notre civilisation et notre culture. On s'achemine vers une sorte de séparation entre la population musulmane et les autres membres de la communauté nationale. Comme l’a montré le récent sondage IFOP auprès des musulmans de France, il y a un gouffre qui est en train de se creuser entre une grande partie de la population musulmane et le reste de la population, que ce soit sur les sujets sociétaux, religieux ou politiques. C'est extrêmement préoccupant. 

Il faut être extrêmement ferme vis-à-vis des élèves et des parents. Il est hors de question d’aménager les programmes scolaires. Je pense qu’il s’agit de s’attaquer à la culture française, la culture occidentale et aux valeurs de la civilisation des lumières. Et c’est dans cette direction que l’on doit chercher les sanctions qui doivent être prises, tant sur le plan pénal pour les parents mis en cause, que sur le plan disciplinaire pour les élèves.  

Est-ce qu'on a les moyens d'appliquer ce rapport de force ?

Thibault de Montbrial : C'est une question complexe, qui implique un alignement à la fois politique, institutionnel et administratif. 

Le politique doit donner un cap et s’y tenir. Une fois de plus, les atermoiements du macronisme auront font perdre un temps précieux : comment comprendre le passage de Jean-Michel Blanquer à Pap N’Diaye puis à Gabriel Attal ? Il faut se réjouir à ce sujet de la ferme détermination affichée par le nouveau ministre de l’éducation. Pourvu que ça dure!

L’alignement institutionnel implique que les rectorats et les parquets travaillent main dans la main, avec la police si nécessaire, et que tout signalement d’un fait pénalement qualifiable fasse l’objet d’une poursuite effective. L’autorité de l’État doit s’exercer de façon tangible le plus tôt possible.

Enfin, l’administration doit soutenir sans faille ni relativisme les professeurs qui, eux, se retrouvent en première ligne, seuls devant les classes ou à la sortie des établissements.

L’État dispose de moyens qu’il faut mobiliser, et il est important de médiatiser les actions menées afin que nul ne doute de sa détermination. À terme, l’objectif est double : faire cesser les comportements en question, et rétablir la confiance des enseignants et des proviseurs dans la capacité de l’Etat à les protéger.

En face, ce sont des gens qui ne connaissent que le rapport de force ou qui jouent de ce rapport de force ?

Thibault de Montbrial : Il est important de comprendre que les gens à l'origine de cette politique d'entrisme exécutent un plan de conquête pensé depuis des décennies. On sait que les frères musulmans et les salafistes ont plusieurs axes de pénétration des sociétés occidentales en général, et de la société française en particulier, considérée comme fragile et vulnérable. 

Dans son livre « le frérisme et ses réseaux », l’anthropologue, Florence Bergeaud-Blackler montre notamment comment est ciblé le monde l'enseignement en général, depuis la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur. 

Le but est de déclencher des incidents qui, par leur nombre et la publicité qui leur est donnée notamment sur les réseaux sociaux, vont produire un effet incitatif et conduire à leur multiplication. Le mimétisme et l’esprit de provocation sont des contributeurs aussi important que la pureté idéologique.

Jean-Pierre Obin : Ce sont des incidents qui commencent à se multiplier. Ce qui est nouveau, c’est que maintenant les élèves et les parents théorisent en disant que la présentation de ces tableaux vise explicitement les musulmans. Ce serait une provocation anti-musulmane et islamophobe. C’est totalement inacceptable ! Ce positionnement va tout à fait dans ce que souhaitent les Frères musulmans d’Europe qui réclament une instruction à part pour les élèves musulmans qui respectent leurs convictions et leur culture. Malheureusement, on va tout à fait dans cette direction. Je pense d’ailleurs que ce n’est pas un hasard si ce programme est progressivement mis en œuvre par un certain nombre de parents et d’élèves.

Les profs ont peur. Est-ce qu'on peut encore résister à l'islamisme à l'école en échappant à la violence ?

Thibault de Montbrial : Il le faut. Mais les résultats convergeants de tous les sondages sur l’adhésion de nombreux jeunes à un islam de plus en plus rigoriste sont très inquiétant. C’est pourquoi la seule issue réside dans la fermeté de l’État, avec une coordination totale entre ses différents services, sous la houlette d’un pouvoir politique à la détermination et aux idées claires.

Chaque atermoiement est une faille dans laquelle l'islamisme continuera à s'engouffrer. L’enjeu, c’est la cohésion de notre société.

Jean-Pierre Obin : Il ne faut pas laisser les choses dériver. Si on n’assure pas la protection des professeurs ou s’ils ne se sentent pas en sécurité et soutenus par leur hiérarchie, l’Education nationale aura alors de grosses difficultés pour recruter. C’est vraiment vital pour l’école française de tenter de juguler ce mouvement de séparatisme et d’affrontements. Contre l’islamisme, la première réaction à avoir c’est la solidarité, la fraternité, l’unité des enseignants et plus largement celle des français. La classe politique a un grand devoir aujourd’hui, celui de s’unir contre cette guérilla qui risque de devenir une guerre. 

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