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Mais pourquoi tant de haine ? Ou les vraies raisons pour lesquelles les Français n’aiment pas Macron
Les rapports entre le président et son peuple ont été rarement aussi tendus, exécrables, haineux qu’aujourd’hui et pourtant rien de ce que fait le chef de l’État n’est illégal… Le désamour et maintenant la haine sont personnels.
Le désamour et la colère, puis la haine que suscitent le président de la République sont devenus incompréhensibles. Le rapport entre le chef de l’État et l’opinion ne correspond à aucune rationalité. Il touche le plus souvent à la sphère où se conjuguent l’affectif et l’émotion. Il est général et touche toutes les strates de la population. Les jeune, les pauvres, les riches, les provinciaux et les citadins, tous les Français ont des reproches et des critiques au président, avec parfois des expressions violentes ou injurieuses, des menaces aussi à peine voilées.
A tel point d’ailleurs, qu’on peut se demander comment le président et les membres de son gouvernement vont pouvoir gouverner normalement et même sortir de leur bureau sans escorte de protection.
Quand on demande par sondages et enquêtes « pourquoi une telle haine ?» , on s’aperçoit qu’on a dépassé la simple opposition à la réforme des retraites pour intégrer une collection de doléances multiples sur les conditions de travail, le niveau des prix, la révolution climat ou même la révolution tout court. Tout y passe. Le président est non seulement responsable, il est coupable de tous les maux de la société.
Emmanuel Macron a sans doute fait beaucoup d’erreurs, de maladresses dans son management, sa stratégie politique, sa communication. Mais a priori, il n’a commis aucune illégalité. Il n’a, a priori ,rien volé dans les caisses de l’État… l’histoire reconnaitra même qu’il a fait ce qu’il pouvait faire pour gérer les crises auxquelles il était confronté.
Sans aucune intention polémique, quand on repasse le film de tout ce que ce pays a traversé depuis qu’Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, on s’aperçoit que l’histoire nous a servi une succession de malentendus spectaculaires. Emmanuel Macron s’est sans doute trompé, mais les Français aussi.
Les Français ont élu Emmanuel Macron à une forte majorité parce qu'il apportait un souffle nouveau face à l’immobilisme apparent dans lequel nous étions tombés. Il représentait une sorte de rupture avec le passé et proposait de faire rentrer la France dans la modernité. Une modernisation que ni Jacques Chirac, ni François Hollande et pas même Nicolas Sarkozy n’avaient pu mettre en œuvre.
Quand Emmanuel Macron s’est installé à l’Élysée, son premier objectif a été d’installer les conditions d’un retour à la prospérité économique. Parce que sans prospérité, ni croissance, rien n’est possible. Les réformes sur la fiscalité des entreprises et sur l’emploi ont été assez bien acceptées parce qu’elles ont très rapidement engendré des efforts visibles, sauf que très rapidement, l’exécutif a commencé à se heurter à certains intérêts particuliers. Le mouvement des gilets jaunes a évidemment cristallisé cette colère dont on parle encore aujourd’hui. Colère contre quoi, contre qui ? Pas facile de définir « les raisons de la colère . » A l’époque, Emmanuel Macron a éteint la crise des gilets jaunes en prenant la parole dans de longs débats puis en signant des chèques pour calmer quelques douleurs flagrantes.
Quand la crise du covid est arrivée, il n’a pas tergiversé. Face à ce virus que personne ne connaissait, il a fermé le pays en attendant de s’équiper de masques et de vaccins… mais il a aussi protégé les actifs de production et les actifs humains parce qu’il fallait bien ménager les possibilités de sortie. Que n’a-t-on pas dit sur ce président autoritaire au pouvoir, de plus en plus solitaire qui allait conduire l’économie à la ruine et le pays au chômage?
La France est sortie du covid plutôt en bon état. Pour tomber presque aussitôt dans les effets de la guerre en Ukraine. Avec les risques de pénurie, d’inflation et de guerre mondiale. Que n’a-t-on pas entendu sur l’attitude de la gouvernance française ? Incapable, inexpérimenté, arrogant, imprévoyant, hautain… Ce qu’on oublie, c’est que Emmanuel Macron a été réélu pour un deuxième mandat. La réélection a été plus difficile que la première fois mais il a été réélu…
Réélu avec un programme de réformes qu’il n’a pas dissimulé. Réélu avec l’ambition d’entreprendre la rénovation du fonctionnement de l’État et de restaurer les conditions de la prospérité économique.
Mais impossible désormais de signer des chèques pour acheter la paix sociale. Il fallait convaincre de travailler plus, de réindustrialiser etc. etc. .. Rien de nouveau. Le diagnostic est partagé par tous les analystes, les experts, les chefs d’entreprise et en fait par une grande majorité de l’opinion. Mais dès qu’il a essayé de passer à la prescription, tout se bloque. Il veut continuer à marche forcée, à dérouler son programme de réformes mais tout bloque. Les grands chantiers ( la santé, l’éducation nationale, les assurances sociales).
Alors pourquoi, pourquoi tant de résistance à sa personne ? L’homme est trop jeune, pas assez expérimenté disent certains philosophes, trop arrogant, trop brillant, trop isolé… peut être ? Mais tous ces défauts valent-ils tant de haine ?
Les vraies raisons sont ailleurs. Ce n’est pas l’homme qui est insupportable aux Français, ce sont les réformes qui s’imposent et qui font peur. La révolution digitale est lancée, la révolution écologique se prépare, les pays émergents doivent construire leur souveraineté économique, l’immigration doit être régulée et nos pays occidentaux vont devoir protéger leur modèle, leur culture, leur prospérité et leur souveraineté. Et pour cela, il va falloir changer nos logiciels, trouver des filons de productivité et sans doute travailler plus et autrement. Tout le monde se doute de ces changements annoncés et tout le monde éprouve peu ou prou de l’inquiétude face à la nécessité de changer d’habitudes. La crise du covid a été un formidable catalyseur de changement ( dans les modes de vie et de travail ) mais aussi un formidable facteur de résilience. Personne n’avait le choix.
Face aux grandes réformes de structure dans les pays démocratiques, les populations ont la liberté de choisir. Et aujourd’hui, tout se passe comme si la majorité refusait de changer ses habitudes pour garantir l’ avenir , donc pas de majorité politique et quand le chef de l’État utilise les outils que lui offre la Constitution pour continuer d’avancer ( le 49.3), l’opposition se déroule dans la rue.
Faute de pouvoir arrêter cette marche incontournable vers le progrès, l’opinion cherche à arrêter le chef d’orchestre du changement ou à bloquer la maison France.
Emmanuel Macron n’est pas insupportable en tant qu’homme, c’est l’équation qu’il défend qui est rejetée. En refusant la modernité tout se passe comme si les Français avaient choisi le déclin. La France n’est pas la seule démocratie dans le monde à donner l’impression de faire collectivement un tel choix.
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