Les prospérités du Vice : un site et sa disparition navrante...<!-- --> | Atlantico.fr
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Le bureau du média Vice situé à Paris fermera à la fin du mois de mars, selon une annonce sur les réseaux sociaux de son rédacteur en chef.
Le bureau du média Vice situé à Paris fermera à la fin du mois de mars, selon une annonce sur les réseaux sociaux de son rédacteur en chef.
©Mario Tama / Getty Images / AFP

Fermeture de Vice-France

La rédaction française du magazine Vice va fermer d’ici la fin du mois de mars. Cette annonce intervient après la démission surprise de la dirigeante de Vice Media, Nancy Dubuc.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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"Les prospérités du vice" est bien sûr un roman de D.A.F. de Sade, où l'héroïne Juliette arrive à ses fins, non par vertu, mais en pratiquant tous les vices ; débauche grâce à laquelle, tout lui réussit. D'où notre titre, clin d'œil au scabreux livre du Divin Marquis, mais renvoyant ici à un site internet nommé lui aussi VICE, dont l'édition française disparaît bientôt.

Pourquoi évoquer ce piteux avatar anar-mondain-GAFAM-Soros, renvoyé au néant pour ab­sence d'intérêt ? D'abord, ce que l'allemand nomme joliment Schadenfreude (joie malsaine, plaisir honteux) : de bons petits bourges s'intitulant VICE par défi puéril - osons dire pipi-caca-bobo - fan-club d'un capitalisme "progressiste" - qui à la fin les tue car "pas rentables" ? Après Buzzfeed-France, autre média-antifa, le couperet tombe. Fin de VICE-France.

Quand même, ce bientôt défunt VICE-France mérite une ultime oraison funèbre, pour son la­cry­mal chef d'œuvre du 25 juillet 2022. "Ce que les mamans des dealers ont à dire" : titre poi­gnant ayant alors attiré l'auteur ; bonne pioche : l'ar­ticle lui-même, pure merveille, renvoyait, rayon pathos, le célèbre mélodrame "Les deux or­phe­lines" au rang de glacial traité de droit administratif.

Ne faisons plus attendre le lecteur - ici prévenu de sortir son mouchoir : l'émotion la plus in­tense le submergera bientôt.

Assa et Fatima sont deux mamans de dealers de stupéfiants, que l'intrépide journaliste de Vice rencontre dans une cuisine où - je cite - "une montagne de factures s'amoncelle et noie le meuble déjà branlant" ... La pauvreté, les factures, les impayés... Le décor est posé, place aux mamans qui racontent "les difficultés de leur quotidien... "La famille d'Assa baigne dans la pré­carité depuis des générations... " Leurs grands fils (Samir et Elias)... Dealers ! C'est la vie que la société leur a donné... C'est la misère qui a poussé mon fils dans le trafic" ...

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"Samir glissait des billets dans mon portefeuille"... "Une main sur son épaule, Samir dépose un baiser plein de tendresse sur la joue de sa mère"... "Quand on ne sait rien faire d'autre, c'est compliqué de sortir du deal", gémit le chérubin... Fatima (au visage "marqué par la fatigue") "L'inquiétude la réveille plusieurs fois par nuit, craignant une nouvelle interpellation de son fils, l'arrivée brutale de la police dans son logement social [Vous avez bien lu...] ou l'expulsion de celui-ci".

À ce moment du récit, l'auteur suffoque : salauds de colonialistes français quand même... Re­léguer des damnés de la terre et leurs mamans dans de lugubres logements so­ciaux où ils sont contraints - rien ne leur est épargné ! - de payer des loyers...

(Retour au mélo) Elias "esquisse un mouvement de manche, comme pour essuyer une larme montante"... les risques, les injustices subies... Assa (qui "chiffonne nerveusement son tablier de cuisine") "en a gros sur le cœur et dans les tripes... J'en veux à ceux qui ont imposé cette situation à nos fils"... "Assa et Fatima ont vu le racisme teinter leur vie d'une couleur sombre... Et Elias et Samir ! "Quand les institutions arrêteront d'être racistes, j'arrêterai de dealer !" En­core et toujours, les outrages s'entassent "Les deux familles sont aujourd'hui accompagnées dans l'élaboration d'un dossier de surendettement" [Décodeur : les fransaouis vont encore casquer] Ce qui n'empêche nullement Elias et Samir de "continuer leurs petits trafics".

Ah lala ! Pas toujours drôle d'être vendeur de stupéfiants - affligé en prime, d'une maman limite dépressive, ce qui "se devine à ses soupirs réguliers... Des gens ont décidé que vous étiez mauvais rien que par vos origines, pleure la mère de famille"...

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Quand même... L'absolue déveine... Mamans des dealers les plus nuls à l'ouest des Galapagos, seuls à ne pas faire du cash, même au bas de l'échelle... Les plus modestes choufs (guetteurs) rapportant deux-trois mille euros par mois - absolument nets de tout impôt ou taxe... Plus haut dans le gang, des dollars par valises... Villa au bled et vacances à Dubaï... Vraiment, la journaliste qui signe le mélo manque de bol avec ses damnés de la terre... Sauf si... l'auteur refoule l'idée avec horreur, mais quand même... lancinante petite ritournelle dans sa tête...

Si "Ce que les mamans des dealers ont à dire" n'était qu'un affreux pastiche... Si l'émotive autrice de cet article camouflait en fait un beauf de droite ... Si toute l'affaire résultait plutôt d'un pari de comptoir... "Roger quand même, quelle honte... Elias et sa larme montante ... Assa et son tablier de cuisine... Tu vas pas oser ?" ... "Moi ? Tiens regarde : et hop, "le baiser plein de tendresse"...

Vraiment, frémit l'auteur, cette hypothèse serait par trop affreuse. Heureusement, nous pouvons la chasser sans crainte de nos esprits car nous ne vivons pas dans un monde de vice.

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