Les bourses mondiales terminent le trimestre dans l’euphorie, mais quel pied de nez à tous ceux qui font la guerre au libéralisme<!-- --> | Atlantico.fr
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Les bourses mondiales viennent de connaître une euphorie historique.
Les bourses mondiales viennent de connaître une euphorie historique.
©Johannes EISELE / AFP

Atlantico business

Les bourses ont terminé des deux côtés de l’Atlantique dans une euphorie historique et durable. Alors que les pessimistes dominent l’espace médiatique, et que les dictatures se battent contre le système libéral capitaliste, quel pied de nez ! D’autant que les moteurs de la bourse sont aujourd’hui les épargnants particuliers du monde entier.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le premier trimestre de l'année s’est terminé dans l'euphorie boursière. À New York comme à Paris, et ailleurs. Le Dow Jones a touché les 40 000 points, signant comme le S&P 500 une progression supérieure à 10%. Les boursiers américains, les petits porteurs et les retraités (qui sont nourris à la capitalisation) peuvent enfin compter leurs gains. Les deux années précédentes n’avaient pas été fameuses ; ils se rattrapent cette année et politiquement, c’est plutôt une bonne affaire pour Joe Biden. La bonne santé de l'économie américaine, la croissance et la baisse de l'inflation ont ruisselé dans les comptes des particuliers. Donald Trump aura du mal à promettre mieux. Du côté européen, c’est Paris qui mène la danse, l'indice CAC 40 a signé pour la 20e fois un record avec un indice à 8000 points et une progression de 9% depuis le début de l’année. Alors que cote conjoncture tout le monde pleure et se plaint.

De telles performances n’arrivent pas par hasard. Elles correspondent à de vrais ressorts qu’on a tendance à oublier, surtout quand le climat des affaires paraît très nuageux, mais par ailleurs, la bonne santé de la bourse a aussi de vraies significations qui devraient faire réfléchir les adeptes de la géopolitique.

Premier point : la tendance boursière correspond évidemment à la politique monétaire de la banque centrale américaine. Il est évident que Jerome Powell a soufflé dans le bon sens en annonçant qu’on pouvait s'attendre à une série de baisses des taux d’ici à la fin de l'année. Quand les taux baissent alors que l'inflation tombe, c’est bon pour la bourse et pour les entreprises. L’investissement va coûter moins cher à l'entreprise et l'épargnant peut espérer un retour plus confortable de son engagement. Les entreprises du Cac 40 n’entendent pas dans les discours de Mme Lagarde de la Bce, la même détermination, mais elle ont la conviction que l’Europe suivra la trace des Américains, parce que l’Allemagne qui est un peu maitre des taux n’a jamais eu autant besoin de retrouver de la croissance qu’au jourd’hui .

Mais cette hausse boursière est alimentée par des fondamentaux économiques qui sont très puissants.

D’abord par les nouvelles technologies de l'intelligence artificielle qui annoncent une vague de productivité et de progrès qui ressemble à une révolution. Le patron de Nvidia et Sam Altman, le fondateur d’OpenAI, ont un impact équivalent aujourd’hui à celui que pouvaient impulser un Bill Gates (Microsoft), un Steve Jobs (Apple) ou même un Mark Zuckerberg (Facebook) ou Jeff Bezos (Amazon). À voir le nombre de start-ups qui se créent dans l'univers de l'IA et les changements qui s’opèrent dans toutes les entreprises, il est évident que les promesses que les technologies portent dopent les boursiers.

Ajoutons à ces changements, l’évolution de la mondialisation qui ramène vers l’Occident des centres de production et qui permettent de s'affranchir des économies émergentes, est très rassurante. La meilleure preuve, c’est que ce sont les particuliers qui mènent la danse en rapatriant leur épargne investie en obligations à taux fixes vers des placements boursiers plus risqués certes en théorie, mais plus rémunérateurs. Le marché est rarement myope, et tous les observateurs considèrent que nous sommes au départ d'un mouvement de long terme.

Le deuxième point est d’admettre que ce mouvement, qui n’est pas spéculatif, trouble beaucoup d'adeptes de la géopolitique. Qu’on le veuille ou non, ce mouvement marque la force de l'économie de marché et du système capitaliste. Ce faisant, il fait aussi un pied de nez incroyable aux systèmes organisés qui aujourd’hui combattent l'Occident. À commencer par la Russie qui s’est jurée d’abattre des démocraties libérales mais qui n’ont pas de solutions alternatives alors même qu'elle ne pourront pas refuser à leur population les effets des progrès technologiques. Elles ne pourront d’autant moins que les élites (les oligarques notamment) en ont besoin. D’abord parce que le style de vie offert par l'économie de marché leur est confortable, ensuite parce qu’ils ont eux-mêmes investi énormément d’argent en Occident.

Les Russes, les monarchies pétrolières, les dictatures asiatiques ont des excédents d'épargne et ces excédents d’épargne sont investis sur les bourses occidentales faute de pouvoir les réinvestir chez eux. La géopolitique se construit sur des principes d'identité, de souveraineté étatique, de puissance militaire, mais on constate aujourd’hui que les populations ont besoin de prospérité économique et sociale, de technologie et de progrès, avec ou sans liberté individuelle.

Même si l’exemple occidental prouve qu’avec un peu de liberté individuelle, de droit de propriété privé, d'État de droit respecté, le système libéral est un peu plus efficace. Au minimum, la bourse prouve que le système libéral est capable lui de générer des richesses, ce qui n’est pas exactement le cas de la Russie et même aujourd’hui de la Chine.

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