Bonnes feuilles
Les bénéfices immenses d’un monde fondé sur la liberté face à la radicalisation d’une partie de l’opinion
Mathieu Laine publie "Il faut sauver le monde libre" aux éditions Plon. Les civilisations ne doivent jamais s'endormir sur leurs acquis. Le monde libre et ses fondamentaux ne sont pas à l'abri. Pour éviter le pire, il est urgent de nous lever et de réveiller nos consciences. Il n'y a pas d'alternative. Il nous faut sauver le monde libre. Extrait 1/2.
Trop de liberté: voilà donc, d'après maints observateurs, ce qui aurait abîmé notre monde. Trop de déréglementation, d'individualisation, de globalisation. On y revient toujours. Trop de laisser-faire, de laisser-aller, de libre circulation des biens et des personnes. Trop de liberté sur le marché, mais aussi, pour les plus réactionnaires, dans les mœurs. Trop d'argent, trop de riches. Trop de juifs, aussi. Pour certains, la boucle paranoïaque se construit ainsi. Ce couvercle-là est de nouveau soulevé et interroge nos échecs et nos capacités d'intégration. Avant d'y venir, acceptons de nommer, comme Camus nous a invités à le faire, l'obscène, inquiétant et odieux cycle de haine et d'immondice que celui qu'animent une fois encore la colère, la frustration, l'irrationnel et l'envie.
Chaque jour, désormais, on fait le procès de ce mouvement de libération, accusé du fait même d'être en action et rendu responsable du fossé mettant à distance ceux que l'on appelle les bénéficiaires du monde libre, et les autres.
C'est pourtant oublier, comme nous l'avons vu, comme nous le redirons, que nous vivons tous, sans exception et sans suffisamment le mesurer, les bénéfices immenses d'un monde fondé sur des valeurs absolument essentielles. C'est même parce que ces dernières ont, au moins en partie, gagné d'autres terres que les nôtres que davantage d'hommes et de femmes sur Terre ont pu connaître à leur tour la prospérité et le recul de la violence, de la mort, de la maladie et de la pauvreté.
Ces grands piliers de l'action humaine, passés au tamis de tant de siècles, les plus violents des néocontestataires les bafouent sans sourciller. Comme si l'on pouvait, immunisés par le désir d'égalité comme par l'instinct de revanche, frapper, casser, bousculer, insulter, invectiver, sombrer dans le racisme, l'antisémitisme, l'obscurantisme, et fouler aux pieds le fondement vital de nos démocraties que sont les droits essentiels, les institutions, les votes, les élus et leurs mandats. La très grande puissance du monde libre réside dans sa capacité à changer de dirigeants par le vote et non par la force. D'aucuns l'ont manifestement oublié.
Radicalisation et conspirationnisme
La radicalisation outrancière d'une partie de l'opinion, nourrie de conspirationnisme, de complotisme, de comparaisons irrationnelles, de bulles de désinformation volontaire, d'aigreur et de caprices, constitue un phénomène qu'il convient d'entendre et d'adresser autant qu'une insulte à la raison, une mise en marge de la République et une menace profonde pour l'avenir de notre communauté humaine. L'appel contemporain des populations aux hommes à poigne armés de leurs programmes populistes alimente, aux quatre coins de l'Occident, ce recul profond des libertés qui, chaque fois que l'histoire l'a connu, a fait souffrir dans sa chair et par le sang le peuple en son entier.
Les revendications diffuses, confuses, exagérées et totalement déconnectées des réalités de notre monde, inconscientes des capacités publiques comme privées et du fonctionnement même de l'action humaine, en appellent à plus de murs, de frontières, de prélèvements sur les plus productifs, d'interdictions, d'expulsions.
Le comble, c'est qu'on voudrait intensifier cet interventionnisme qui a, comme nous le verrons, fragilisé le monde libre et empêché le bon et plein fonctionnement de sa matrice autorégulatrice, responsabilisante et productrice de confiance en soi, d'estime de l'autre, de croissance, de mieux-être, de sauts artistiques et créatifs, d'innovations et de la circulation efficace des connaissances au soutien de l'esprit critique et du progrès.
Si le monde libre est le savant mélange de valeurs essentielles, d'un État respectueux et protecteur des personnes, d'une autorité supérieure apte à faire respecter ses principes à travers le droit tout en n'abusant pas, à son profit, du monopole de la violence légale, il a trop souffert d'interventions diverses défiant jusqu'à l'excès la capacité des hommes à agir librement entre eux dans le respect des valeurs du monde libre.
Extrait du livre de Mathieu Laine, Il faut sauver le monde libre, publié aux éditions Plon
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