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François Fillon : "La radicalité de mon projet exige de briser les conservatismes et de contourner les prescripteurs d’opinion traditionnels"
©Reuters/Charles Platiau

Fillon 2.0

Dans le cadre de la campagne des primaires, François Fillon lançait, mardi, une plate-forme numérique afin de permettre aux citoyens de donner leur avis sur ses propositions et d'étoffer ainsi son programme en vue de 2017.

François Fillon

François Fillon

François Fillon est député de la 2ème circonscription de Paris. Il a été pendant cinq ans le Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Il est actuellement candidat à la primaire de la droite qui se déroulera en novembre 2016.

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Atlantico : François Fillon, vous lancez une plateforme numérique dans le cadre des primaires de Les Républicains. Quel est l’objectif de cette démarche ? Et qu’allez-vous faire des propositions/conseils que vous allez recevoir ?

François Fillon : La sortie de mon site de campagne est la continuité d’une démarche initiée il y a plus de deux ans, visant à puiser dans les échanges avec le terrain la matière pour bâtir mon projet politique. Lors de mes nombreux déplacements et dans le cadre des travaux menés dans nos ateliers thématiques, l’écoute, la concertation, l’échange sont au cœur de ma démarche. Le numérique offre la possibilité de démultiplier cette approche sur une plus grande échelle. Cela nécessite une méthode et une organisation structurée pour que ces échanges foisonnants débouchent sur un contenu structuré et cohérent. Nous y sommes préparés.

Jusqu’à quel point donnez-vous la parole aux citoyens et quelle place leur donnez-vous dans votre campagne ? Est-ce une façon de leur redonner un rôle dans la politique ? Un rôle qu’ils auraient perdu ou qui leur aurait été subtilisé avec le temps ? En quoi peut-elle répondre à une attente des Français et réinventer la démocratie ?

Dans toutes les campagnes présidentielles auxquelles j’ai participé, j’ai vu le programme politique rédigé par une poignée de collaborateurs. La société civile, tout comme les élus locaux, étaient associés en bout de course, souvent davantage pour relayer le projet que pour y contribuer. J’ai voulu partir de la société civile. Plusieurs centaines de personnes (entrepreneurs, médecins, professionnels du logement, spécialistes du numérique, parlementaires, élus locaux…) ont été associées à l’effort programmatique. C’est pourquoi les témoignages ont une place importante sur mon site de campagne : ils sont l’occasion de multiplier les retours d’expérience, à partir desquels on peut établir un diagnostic et construire des propositions.

Ma conviction est qu’on ne peut plus résumer la politique aux partis ! Ils n’ont plus le monopole de la pensée et de l’action. L’instauration des primaires constitue une percée démocratique qui doit se traduire par une participation intellectuelle et militante des citoyens à travers les réseaux sociaux. La radicalité de mon projet exige de briser les conservatismes et de contourner les prescripteurs d’opinion traditionnels. Le pouvoir du numérique me permet d’aller directement vers les Français qui veulent que ca change.

Jusqu’à présent, les tentatives de plateformes numériques mises en place par les partis politiques ont toutes échoué (que ce soit CooPol lancé par le PS en 2010 ou bien Créateurs de possible lancé par l’UMP la même année). Pourquoi pensez-vous que ce sera différent avec votre formule ?

Beaucoup d’initiatives passées relevaient davantage du gadget que d’une démarche de fond, structurée et organisée. Je place au contraire le numérique au cœur de mon approche. Le numérique n’est plus seulement un secteur en particulier, c’est une tendance de fond qui vient tout bouleverser. Par ailleurs, la technologie a progressé : vote en ligne, agrégation des résultats d’un même module participatif sur différents supports numériques, diffusion de  masse… Certaines possibilités qui nous sont offertes aujourd’hui ne l’étaient pas dans un passé récent.

Les échecs passés ont montré la difficulté de mobiliser des participants. Comment motiver les citoyens ?

Au contraire, je crois que l’envie de s’exprimer, de participer, de donner son avis ne fait que s’amplifier. En tant que consommateurs, les Français sont amenés à donner leur avis fréquemment : sur les services qu’ils utilisent, les restaurants, les hôtels dans lesquels ils se rendent... En tant qu’utilisateurs des réseaux sociaux, ils sont habitués à s’exprimer auprès d’une audience de souvent plusieurs centaines de personnes : il est normal que le citoyen aussi soit appelé à jouer un rôle participatif plus grand. A nous de faire évoluer notre démocratie pour intégrer cette tendance de fond et cette aspiration croissante à l’expression des opinions et à leur prise en compte.

L’expression sur Internet est par nature difficilement contrôlable et la toile fourmille d’exemples malheureux d’abus. Par ailleurs, dans les expériences passées, les débats ont souvent pêché par manque de fond (exemple : Sur Periscope, le service de streaming vidéo en direct de l’UMP, Bruno Le Maire a dû répondre le mardi 21 avril 20015 à la question : "- Bruno veux-tu m’épouser ?" Et il a répondu : - Et bien non, je suis déjà marié et je suis très heureux avec ma femme Pauline"). N’avez-vous pas peur que via Internet le débat s’en retrouve appauvri et/ou extrémisé (les opinions extrémistes notamment sont surreprésentées sur le web) ?

C’est le revers de la médaille. Quand le nombre de contributions augmente, il est normal que cela donne lieu à des dérives, même si souvent il s’agit de traits d’humour. Sans rien renier du fond, il faut adapter le contenu aux formats qui sont de plus en plus privilégiés : des formats courts, extrêmement pédagogiques, permettant un rôle actif. C’est précisément le sens de la reformulation de toutes les principales propositions de mon projet sous la forme de questions appelant un vote. En quelques minutes, la personne qui consulte ces questions est amenée à prendre connaissance de mes propositions et à exprimer son accord, ou désaccord, avec la mesure, et le cas échéant à y apporter un commentaire.

35 propositions ont déjà fait l’objet d’une mise sous ce format, qui tout en étant raccourci, respecte précisément le sens. J’invite d’ailleurs tous vos lecteurs à se rendre sur www.fillon2017.fr et à voter sur les principales mesures. C’est l’occasion de mesurer les changements que les Français sont prêts à promouvoir pour redresser notre pays.

Si vous êtes élu candidat de Les Républicains pour la présidentielle de 2017, comptez-vous ou pouvez-vous garantir que vous allez reproduire l’aventure ?

Bien sûr. Non seulement je la poursuivrai, mais je l’amplifierai dans le cadre de la campagne présidentielle. J’ajoute que si je suis élu, je porterai un projet d’une grande ambition pour le numérique, qui est aujourd’hui à la fois un enjeu de souveraineté, de croissance et de lien social.

Est-ce une façon aussi de pointer l’importance du numérique dans tous les secteurs de l’économie et son importance dans la croissance à venir ?

Je propose par exemple dans mon programme de conduire un effort très important en faveur de l’open data, qui permet aux administrations de rendre accessibles leurs données et permettre aux start-ups de développer des plateformes innovantes  à partir de cette information.

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