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Des salariés dans le quartier de La Défense.
Des salariés dans le quartier de La Défense.
©MIGUEL MEDINA / AFP

Bonnes feuilles

Pascal Perri publie « Génération farniente » aux éditions de l’Archipel. La France est confrontée à un vaste mouvement d'allergie au travail. Nombre de Français manifestent des doutes sur son intérêt et sa pertinence. Cette génération rassemble tous les âges et dénonce la dimension sacrificielle du travail. Elle entend vivre de la solidarité des autres et met notre société en péril. Extrait 2/2.

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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Les exemples de démission face au travail sont nombreux, sans que l’on puisse les mesurer avec certitude. Il faut cependant observer les tendances. Moins d’appétit pour le travail et, dans certains cas, un appétit différencié.

Écoutons à nouveau Benoît Serre, professionnel des ressources humaines : « Les jeunes voudraient passer de la subordination à la coopération. » Ils plébiscitent de nouvelles formes de collaboration, aimeraient aussi réa‑ ménager leur temps de travail. Tout revient toujours au temps et on le comprend car il s’agit d’une ressource limitée et non stockable. Cette course au temps libre ou, selon les cas, « libéré » peut conduire à des excès  : « Certains voudraient tout concentrer sur quatre journées de travail par semaine, dans le cadre des 35  heures. Je leur explique que ce rythme est épuisant. » Tout se passe comme s’il convenait de se débarrasser du travail le plus vite possible pour se consacrer à soi.

Les hommes s’impliquent davantage dans la vie familiale : ménage, enfants, etc. Un certain nombre de tâches jadis exclusivement féminines sont aujourd’hui partagées. D’où le besoin de longs week-ends, d’horaires aménagés en semaine pour aller chercher les enfants à l’école, de congés parentaux qui sont désormais accessibles aux hommes. Ajoutons le recul des grandes causes sociétales et de la transcendance dans la vie des foyers. On se détourne de la politique, du syndicalisme, on fréquente moins les églises. Priorité est donnée à l’individu, au couple, à la famille, à l’épanouissement individuel.

L’enjeu est pourtant de trouver la bonne distance entre l’optimum du salarié et celui de l’entreprise. Claudia Senik, philosophe économiste, spécialiste de la mesure du bonheur (qui n’est pas le bien-être), s’étonne. Les Français sont moins heureux, malgré leurs bonnes conditions de vie objectives : assurances sociales, enseignement accessible et gratuit pour tous, santé publique gratuite (ou apparemment), État providence… Beaucoup de Français, encore fascinés par les années 1980, oublient qu’elles furent marquées par le chômage massif. Il y a peu de rationalité dans une sensation diffuse et collective, mais c’est souvent ce qui alimente la psychologie et nous n’y pouvons pas grand-chose. Mettez tout cela dans une marmite – nostalgie, ressentiment, insatisfaction chronique, perte de contrôle – et vous expliquez en partie la défiance d’une partie de la jeunesse à l’égard du travail.

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La France est un paradis social peuplé de gens qui se croient en enfer. Le monde du travail y est souvent présenté comme le champ de bataille privilégié entre le patronat et les exploités. C’est là, dans les entreprises, que l’on peut prendre sa revanche sur « les gens du château » – la formule est de Pierre Mauroy, Premier ministre de François Mitterrand de 1981 à 1984, révélatrice d’un imaginaire de gauche français qui continue à lire le présent dans le miroir du passé révolutionnaire.

Extrait du livre de Pascal Perri, « Génération farniente Pourquoi tant de Français ont perdu le goût du travail », publié aux éditions de l’Archipel

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