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Aucun candidat à ce stade ne propose aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques.
Aucun candidat à ce stade ne propose aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques.
©Ludovic MARIN / AFP

Démocratie

Aucun candidat ne propose aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques, préalable indispensable à une restauration de notre souveraineté et au rétablissement de notre capacité à maitriser notre destin collectif.

Jean-Claude Gruffat

Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat, Français résident aux États Unis, engagé au Parti Républicain (US) et administrateur de deux Think tanks libéraux, Compétitive Enterprise Institute, et Atlas Network, s’exprime ici à titre personnel.

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Panorama des élections à venir

A moins de deux mois du premier tour, et alors que le président sortant na toujours pas confirmé quil se représenterait pour un second quinquennat, les principaux candidats en lice font assaut de mesures catégorielles supposées corriger inégalités ou perte de pouvoir dachat.

Elles sont théoriquement financées pour la gauche par une fiscalité encore plus confiscatoire, pour les droites par des suppressions demplois dans la fonction publique, des réductions de prestations sociales pour certaines catégories, tels les étrangers.

Ces mesures ne paraissent pas véritablement financées, et si mises en oeuvre, contribueront à laggravation des déficits. La France est en tête des pays développés pour les prélèvements sociaux en pourcentage du PNB. Le déficit budgétaire de 2021 s’établirait selon les annonces du premier ministre à 7% du PNB ; notons que la norme établie par lUnion européenne est de 3%, que lon devrait respecter en 2027, selon les prévisions de ladministration Macron. Le dernier exercice équilibré était au début des années 1970. Rappelons que lAllemagne est en excédent budgétaire, ce qui permet à la France, grâce à lEuro, de bénéficier dune notation de crédit non justifiée par nos déficits abyssaux et notre endettement public.

La droite propose des réductions dimpôts, dits de production. La gauche veut aggraver la fiscalité. Ignorant la courbe dite de Laffer selon laquelle au-delà dun certain niveau de ponctions sociales et fiscales laugmentation des prélèvements se traduit par une baisse des rentrées fiscales. Aucun candidat à ce stade et en aucun cas, le titulaire actuel de la fonction, ne proposent aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques, préalable indispensable à une restauration de notre souveraineté et au rétablissement de notre capacité à maitriser notre destin collectif.

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Le passif des régimes passés

Nous avons eu successivement durant les deux derniers quinquennats un président faible, avec des premiers ministres relativement autonomes et un parti majoritaire indiscipliné ;

suivi dun président jupitérien, affublé de ministres médiocres par son propre choix, soutenu par un mouvement politique sans ancrage électoral dans le pays réel. Le titulaire de la fonction suprême est titulaire dun pouvoir sans partage, son parti a perdu successivement toutes les échéances électorales. Pourtant, il ne gouverne pas, il godille selon sa cote de popularité. Les décisions sont prises uniquement en fonction de ce simple indicateur. Il supprime lENA mais laisse une administration centrale surpuissante et incontrôlée gérer le pays sans partage, ni concertation, ni responsabilité sanctionnée. Cette dualité dun pouvoir politique présidentiel, supposé fort mais largement ineffectif, dun législatif sans pouvoir car sans moyens, face à une administration en contrôle effectif du pays, est la source de nos maux et de nos vulnérabilités. Ce thème nest pas central dans notre débat public, pourtant il est au moins partiellement perçu par un des candidats non issus du sérail.

Un nécessaire retour aux fondamentaux de la démocratie libérale

Le philosophe britannique John Locke fut sans doute un des premiers penseurs à réfuter la théorie du droit divin des monarques, et à promouvoir la prééminence des droits individuels fondamentaux, vie, liberté et propriété. Principes repris en 1776 dans la Declaration of Independence” des treize colonies américaines contre la monarchie britannique, Life, Liberty and pursuit of Happiness”.

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Une autre formulation de ces principes est la règle dite de subsidiarité, selon laquelle le pouvoir, non exercé directement par les individus, doit être délégué par eux à un échelon décisionnel du plus proche niveau de proximité.

Les pouvoirs délégués sont ce que lon caractérise habituellement par lexpression domaine du régalien”. Défense nationale, police, justice… En bref, le domaine dit de sécurité. Cest précisément, et avant tout dans ces secteurs, que singulièrement les présidences de Francois Hollande et Emmanuel Macron ont fait preuve de laxisme, dinsuffisances de moyens, voire de carences fondamentales, tolérant labandon de souveraineté sur des portions de territoire au profit de réseaux de délinquants et de dérives communautaristes. 

Une des causes de cet état de fait est une désastreuse absence de politique migratoire renforcée par un gouvernement des juges nationaux et extra-territoriaux. Ainsi quune idéologie expiatoire de plus en plus tolérée et endossée au plus haut de lEtat pour une colonisation historique notamment dans le continent africain. Cette abdication de lEtat face à ses missions régaliennes, est aggravée par limportance croissante de ce que lon appelle aux Etats-Unisthe administrative state”.

Cest-à-dire le développement en sus des trois pouvoirs fondamentaux et supposés équilibrés - exécutif, législatif, et judiciaire - dun quatrième de plus en plus puissant, car autonome : celui de ladministration centrale et dun secteur public étatique sans tutelle véritable, si ce nest très a posteriori, par la Cour des Comptes. Parallèlement la déconcentration sest effectuée par une multiplicité d’échelons intermédiaires, sans rapport avec la règle de subsidiarité.

Tous ces doublons contribuent à une dilution de lautorité, notamment dans les domaines de la sécurité, ainsi qu’à une explosion des coûts de gestions. Le pouvoir central se déchargeant de tâches régaliennes sans transfert des recettes correspondantes, fragilisant ainsi les finances des collectivités territoriales. Certains parlent de ce millefeuille territorial, peu proposent dy porter remède.

La crise du COVID-19, la manière dont elle a été gérée, les voltefaces, la primauté du politique sur les responsables du système de santé, a été une autre manifestation évidente des dysfonctionnements de notre système de gouvernement. Lalternance de décisions de confinement et de relâchement, le mécanisme absurde des autorisations administratives, les masques, la gestion de la production, puis de la distribution de la vaccination, pour recourir en urgence aux services dun cabinet de conseil américain, sont une nouvelle évidence de notre sous gouvernement, doublé par une sur administration.

Il est dommage que les candidats naient pas également conscience de ce problème fondamental quest la subsidiarité de notre pays et quEric Zemmour, le seul candidat qui ose affronter cette réalité en face, soit diabolisé. A cela rien d’étonnant : on est habitué à ce que lopinion générale sen prenne au porteur de mauvaise nouvelle. Remarquons quil serait tout aussi illusoire de saccrocher à un homme providentiel, même si on est porté à le croire parce quil nest pas issu du sérail, ce qui crédibilise son analyse et renforce sa sincérité.

Enfin, il est à souhaiter que tous les candidats au poste présidentiel aient une égale conscience de cette problématique. Les Français doivent pouvoir choisir entre ceux qui proposeront la meilleure offre pour répondre à ce problème crucial qui déterminera lavenir de notre pays.

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