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Mais que mesurent vraiment 
les chiffres du chômage ?
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Sans emploi

Selon les chiffres diffusés ce lundi par le ministère du Travail, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A en France métropolitaine a progressé de 0,2 % en février. Reste à voir de qui l'on parle précisément.

Paul Ohana

Paul Ohana

Paul Ohana est le président de la Commission Réforme de l'État de la Fondation Concorde, il travaille sur les politiques publiques. Il est également animateur du Groupe Compétences et Déontologie des Évaluateurs, société française de l’évaluation.

Il est l'auteur avec le professeur Olivier Babeau de Les Échecs du Consultant. Les comprendre, les Éviter.

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Atlantico : Les chiffres du chômage publiés ce lundi affichent une hausse de 0,2% sur le mois de février, soit une progression de 6,2% en un an. Comment expliquer l'échec des politiques publiques menées depuis plus de trente ans par des gouvernements de gauche comme de droite ?

Paul Ohana : Avant de rechercher une explication à l’augmentation des chiffres du chômage, il faut comprendre la signification de cette batterie de chiffres. Que mesure-t-on exactement ? Pourquoi mesure-t-on ? Quel usage fait-on de la mesure ?

Rappelons qu’un indicateur est un outil conçu pour mesurer une finalité que l’on considère comme importante. Sans rentrer dans un débat d’experts , rappelons que l’on définit plusieurs catégories de chômage (courte durée, longue durée, partiel, total,…), plusieurs catégories de chômeurs (seniors, hommes, femmes, jeunes, etc..) et qu’enfin on s’intéresse à juste titre autant à la valeur absolue d’un indicateur qu’à son évolution ! Ceci explique pourquoi le Président Nicolas Sarkozy, se référant à l’évolution de la courbe du chômage, peut légitimement dire que la courbe tendancielle est en baisse pendant que le leader de FO, considérant la valeur absolue des chiffres, peut dire que le chômage augmente !

Veillons d’abord à clarifier ce dont on parle. Ceci étant il est exact que « globalement » le chômage augmente…

Et comme cet indicateur a une valeur d’affichage certain (mais pas seulement), tous les gouvernements de gauche comme de droite ont essayé de le faire baisser. On a donc créé artificiellement des nouvelles catégories socio-professionnelles que l’on a tenté d’intégrer dans le marché du travail. C’est l’exemple des contrats jeunes, des contrats premier emploi qui ont été des bouffées d’oxygene de courte durée.

L'inefficacité des politiques publiques signifie-t-elle qu'il faudrait plutôt mettre l'accent sur la croissance qui de fait, influera sur la baisse du chômage ?

Tout à fait, le chômage est le résultat de multiples facteurs pas tous négatifs. Une restructuration nécessaire peut être la cause d’une réduction d’effectifs. Qu’il faille moins d’effectifs quand on produit moins est aussi une évidence. Mais en contre-partie, si l’on produit en France, si l’on innove, si l’on crée des produits à forte valeur ajoutée, on va générer de la croissance, développer des emplois même si ce ne sont pas ceux que l’on a détruits. De même, si l’on accompagne, si l’on aide les entreprises qui veulent se délocaliser on peut sans tout régimenter, conserver notre patrimoine industriel chez nous.

Comment faire pour lutter efficacement contre le chômage en évitant les effets d'aubaine pour les entreprises ? 

Arrêtons de considérer l’effet d’aubaine comme un péché capital ! Au demeurant il peut avoir un effet d’entrainement. L’important est de s’assurer que la politique choisie donne bien les résultats escomptés. Mais à condition que les mesures proposées s’inscrivent dans une politique claire, réfléchie. Veillons à ce que l’arsenal de nos aides serve à résoudre des problèmes structurels et non pas des problèmes corporatifs ou conjoncturels. Ceux-ci méritent toute notre attention, mais ne confondons pas aide au développement économique et assistanat !

En matière de lutte contre le chômage, où se situe la France par rapport à ses partenaires européens ? 

Dans l’immédiat on peut dire que la France s’en sort moins bien que l’Allemagne mais beaucoup mieux que l’Espagne. Mais là encore soyons prudents, si nos chiffres continuent à être ceux qu’ils sont (et même empirent) notre chômage risque de devenir permanent pendant que nos partenaires auront réglé leurs problemes structurels.

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