Avec le relèvement du plafond du livret A et du livret de développement durable, l'économie est la première oubliée<!-- --> | Atlantico.fr
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Tout le monde attend la mise en œuvre des mesures annoncées pendant la campagne présidentielle, dont le doublement du plafond du livret A.
Tout le monde attend la mise en œuvre des mesures annoncées pendant la campagne présidentielle, dont le doublement du plafond du livret A.
©DR

Bas de laine

Le relèvement des plafonds du livret A (+25%) et du LDD (doublé) au 1er octobre devrait avoir un effet défavorable sur l'assurance-vie, ce qui limitera d'autant le financement de l'économie, l'assurance étant en grande partie placée sur les marchés actions.

Hervé Lambel

Hervé Lambel

Hervé Lambel est candidat à la présidence du Medef et co-fondateur du CERF (Créateurs d'emplois et de richesse en France).

D’une lignée d’entrepreneurs, il est diplômé de l’EPSCI (Essec). Il entre en 2000 à la CGPME, puis fonde en 2003 le CERF, dont il devient Président et porte-parole en 2004. Il fait notamment partie des premiers lanceurs d'alerte sur la crise économique et les problèmes de trésorerie des entreprises. Il est également le créateur d’HLDC, société de service et d’investissement.

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La rentrée est là et, avec elle, les premières annonces gouvernementales. Tout le monde attend donc la mise en œuvre des mesures annoncées pendant la campagne présidentielle. Dès lors, rien d'étonnant que la tentative de justification du report du doublement du livret A fasse du bruit.

Apparue dans la dernière ligne droite avant l'élection du 6 mai dernier, la proposition relative à une réforme du livret A visait à financer les promesses de campagne en matière de construction de logements sociaux. L'équipe du candidat s'est alors inspirée d'une autre proposition, au programme celle-là : le doublement du plafond du livret de développement durable pour financer les PME et les entreprises innovantes. Nous considérant à l'origine de cette réforme, nous en avions critiqué l'annonce que nous jugions maladroite et dont la mise en œuvre telle qu'exposée aurait des effets contre-productifs. Certains de ces effets n'ont bien sûr pas échappé au secteur bancaire qui s'est élevé immédiatement contre, conduisant le nouveau gouvernement à, si ce n'est revenir sur une promesse de campagne, du moins tenter de temporiser.

Nous voici donc face à la mise en œuvre partielle de l'augmentation du plafond du livret A qui passera de 15 300 euros à 19 125 euros. Bien sûr, les banquiers et les assureurs ne sont pas rassurés du fait des nouvelles contraintes qui pèsent maintenant sur leur activité, mais surtout, parce qu'ils savent que dans cette période dégradée et toujours instable sur le plan des marchés financiers, le livret A garantit un rendement supérieur à l'assurance vie en recul depuis plusieurs mois… ce qui est à craindre, c'est donc un transfert de l'assurance vie vers le livret A, ce qui limitera d'autant le financement de l'économie, le livret A étant dédié essentiellement au logement, l'assurance elle, étant en grande partie placée sur les marchés actions.

Maisau-delà du problème des banques et du logement, c'est bien, encore une fois le financement de l'économie qui est sacrifié: le gouvernement n'annonce aucun calendrier pour le doublement du plafond du livret de développement durable sensé orienter (enfin !) les liquidités vers les entreprises qui en ont le plus besoin et ont le sentiment de vivre en apnée depuis des années, les PME et les TPE. Non que cette solution soit la plus pertinente, mais elle est la seule véritablement retenue dans le programme du candidat qui a accédé à l'Elysée… Comment s'étonner, aussi, de ce qui pourrait apparaître comme un abandon si ce n'est une faute économique, quand la Cour des comptes produit un rapport, intéressant, certes, sur l'Etat et le financement de l'économie, qui considère que les banques sont "le principal pourvoyeur de prêts" aux entreprises, alors que le crédit interentreprises est près de 4 fois supérieur aux crédits difficilement octroyés par les banques ?

On le voit, la route reste longue pour faire comprendre à ceux qui veulent présider à nos destinées les difficultés et la réalité auxquelles sont confrontées nos entreprises et donc nos concitoyens. Financement de l'économie et régulation financière restent incontournables. Au cœur du redressement se trouvent les entreprises et les hommes dans les entreprises. Mais à trop les oublier, on sape l'énergie et la volonté de réussir investies dans l'économie, et les chances de rebonds dont cet investissement et l'espoir qui le tire sont porteurs.

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