Depuis quelques jours les pressions s&rsquo;intensifient sur le pétrole : les cours ont oscillés, de janvier à mars, entre 52 et 54$ sur le WTI et ont soudainement reflué près de 48$ vendredi dans la soirée. Plusieurs séances à -2% à -4% rappellent les jours difficiles connus il y a un peu plus d&rsquo;un an. Les pessimistes évoquent à la moindre baisse l&rsquo;arrivée imminente d&rsquo;un krach. Nous n&rsquo;en sommes pas là mais quelques éléments méritent d&rsquo;être analysés attentivement.&nbsp;Il faut toujours un &nbsp;déclencheur pour générer un recul de 10% sur un marché quel qu&rsquo;il soit. Dans le cas du WTI la semaine dernière le détonateur a été la publication des stocks de pétrole américains : ils ont progressé, pour la 9ème &nbsp; semaine consécutive, et ont atteint des niveaux records !&nbsp;Les opérateurs n&rsquo;avaient pas trop pris en compte la progression des stocks ces derniers temps. En effet l&rsquo;idée générale sur le marché du pétrole était que l&rsquo;accord de l&rsquo;OPEP conclu en décembre allait permettre une belle hausse des cours de l&rsquo;or noir. L&rsquo;argument était simple : tous les membres de l&rsquo;OPEP avaient signé l&rsquo;accord de réduction de production&hellip;donc plus de problème, les cours devaient partir à la hausse. D&rsquo;ailleurs sur les marchés à terme, jamais autant de positions &quot;acheteuses&quot; n&rsquo;avaient été enregistrées. Les spéculateurs attirés par un gain rapide et facile étaient là&hellip;Et puis, les grains de sable ont commencé à s&rsquo;accumuler : les stocks en hausse chaque semaine on l&rsquo;a vu, des chiffres de production en Russie et surtout l&rsquo;explosion de la production américaine.&nbsp;La production Russe annoncée début mars a effectivement sérieusement douché les plus optimistes : aucun ralentissement n&rsquo;était réellement perceptible. Beaucoup ont revécu des dizaines d&rsquo;accords précédents que finalement peu de producteurs ne respectent&hellip;les Russes en premier. Mauvais présage.&nbsp;Le point clé finalement, une fois de plus réside dans la production de gaz de schiste américain : le rebond des prix du pétrole sur les 9 derniers mois de 2016, a permis aux producteurs américains de repartir à fonds dans l&rsquo;exploitation de pétrole et de largement compenser la baisse, légère, de la production des membres de l&rsquo;OPEP.&nbsp;Les producteurs américains ont aussi pris la mesure de l&rsquo;attitude de leur nouveau président&hellip;DonaldTrump est effectivement totalement décomplexé vis-à-vis de la production de pétrole de schiste : l&rsquo;écologie et la préservation de la planète passent au second plan.&nbsp;Le résultat de tout cela est que la production est largement supérieure à la demande. La baisse des prix est somme toute logique et d&rsquo;autant plus forte que le consensus a été pris à contre-pied.&nbsp;Nous pensons qu&rsquo;il faut se méfier des consolidations sur le pétrole : cela peut facilement dégénérer et peut avoir des conséquences sur l&rsquo;ensemble des autres actifs.&nbsp;Cette consolidation a déjà de lourds effets sur les valeurs parapétrolières (CGG) ou valeurs liées au pétrole (Vallourec). Visiblement certains opérateurs sont méfiants.&nbsp;Nous regardons aussi comment les anticipations pourraient évoluer. En effet le consensus est que l&rsquo;inflation va repartir, à cause de la hausse du pétrole au départ et &nbsp;que les banques centrales, américaine en tête, &nbsp;vont remonter leur taux courts. Par ricochet, les taux longs doivent logiquement monter. Surtout, grâce au rebond général des matières premières, les pays émergents doivent voir leur économie repartir.&nbsp;Inutile de dire que si le pétrole venait à repartir franchement à la baisse le contre-pied pourrait être assez violent, en particulier sur les marchés émergents qui ont déjà anticipé un retour rapide de la croissance.&nbsp;Les officiels de l&rsquo;OPEP sont persuadés que les stocks américains ne reflètent que partiellement l&rsquo;excès d&rsquo;offre : pour eux les réductions de production des membres de l&rsquo;OPEP sont sous-évalués.&nbsp;Un krach sur le pétrole n&rsquo;est donc probablement pas à l&rsquo;ordre du jour, mais étant donné l&rsquo;excès de confiance de la spéculation un retour de bâton n&rsquo;est pas impossible. Les effets de bord sur les marchés actions des pays émergents pourraient sérieusement casser l&rsquo;ambiance haussière actuelle. &nbsp;

Vers un nouveau krach pétrolier ?

Atlantico Bourse

La chute brutale des cours du pétrole en l&rsquo;espace de quarante-huit heures vient de rappeler combien les prévisions en matière économique se révèlent aléatoires. L&rsquo;or noir, qui s&rsquo;était installé au-dessus de 55 dollars le baril, est retombé en-dessous de cinquante, à 49 dollars, pour le WTI, tandis que le pétrole de la mer du Nord accusait un repli supérieur à sept pour cent. Ce mouvement spectaculaire a surpris par sa soudaineté et son ampleur, preuve qu&rsquo;une certaine spéculation s&rsquo;était installée depuis quelque temps en pariant au contraire sur une hausse du brut. En effet, les risques d&rsquo;une pénurie s&rsquo;étaient répandus sur les marchés, à l&rsquo;annonce que les grandes compagnies réduisaient leurs investissements en matière de recherche, alors que la consommation continuait d&rsquo;augmenter, ce qui se traduirait à terme par un retour de la pénurie et une inévitable hausse des prix. Certains spécialistes envisageaient à terme leur doublement autour de cent dollars, en raison d&rsquo;une véritable flambée des prix. A cet égard, l&rsquo;inflation de deux pour cent enregistrée en février dans la zone euro apparaissait comme un signe prémonitoire, susceptible d&rsquo;entraîner les maux habituels&nbsp;: augmentation accélérée des taux d&rsquo;intérêt et effets négatifs sur la croissance.Mario Draghi a tenu à rassurer jeudi les marchés. Le président de la Banque centrale européenne assure que le risque de déflation redouté précédemment était conjuré grâce aux 1700 milliards qui avaient été déversés sur les marchés avec les rachats d&rsquo;actifs, auxquels&nbsp; s&rsquo;ajouteraient encore 620 milliards d&rsquo;ici la fin de l&rsquo;année. Au demeurant, selon lui, les taux d&rsquo;intérêt, qui aveint commencé à se tendre un peu, pourraient encore connaitre un mouvement de baisse, car hors énergie, l&rsquo;inflation de février dans la zone euro n&rsquo;était que de 0,9%&nbsp; ce qui montre l&rsquo;importance du rôle joué par le pétrole dans la fabrication &nbsp;des prix. &nbsp;La chute soudaine des cours des derniers jours aura donc ses répercussions&nbsp; sur l&rsquo;indice de mars, qui pourrait se stabiliser et faire retomber les craintes émises par certains&nbsp; économistes.Le débat se focalise désormais sur l&rsquo;évolution future de la production pétrolière. L&rsquo;accord de réduction d&rsquo;un million deux cent mille barils jour de la mise sur le marché des&nbsp; pays de l&rsquo;Opep&nbsp; conclu en novembre semble fonctionner&nbsp; normalement. Mais les investissements massifs qui ont repris aux Etats-Unis pour l&rsquo;exploitation du gaz de schiste depuis que les prix sont remontés, apportent un complément d&rsquo;offre qui compense déjà ce que les producteurs traditionnels ne fournissaient&nbsp; plus. Et la hausse régulière des stocks américains de semaine&nbsp; en semaine indique même que l&rsquo;on se trouve dans une situation nouvelle où l&rsquo;Amérique risque d&rsquo;inonder de plus en plus le marché. L&rsquo;inquiétude est telle parmi les fournisseurs traditionnels qu&rsquo;une réunion vient de se tenir pour la première fois avec les producteurs de gaz de schiste, pour tenter de tracer des perspectives réalistes sur l&rsquo;avenir de ce marché si sensible à la conjoncture, en prenant&nbsp; conscience d&rsquo;une donnée&nbsp; fondamentale&nbsp;: le meilleur moyen de contrôler la production est de stabiliser les prix, voire de les orienter à la baisse pour décourager la multitude de petits producteurs d&rsquo;outre-Atlantique à s&rsquo;orienter vers une activité qui serait alors de moins&nbsp; en moins&nbsp; lucrative, malgré&nbsp; la baisse des coûts d&rsquo;exploitation observée ces derniers temps.&nbsp; Ce serait la meilleure manière de rééquilibrer le fonctionnement d&rsquo;un marché d&rsquo;autant plus volatile qu&rsquo;il est lié aussi aux aléas géopolitiques de plus en plus présents.

baril de pétrole arabie saoudite

La chute des cours du pétrole éloigne le risque d’un retour de l’inflation

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Comme nous l&#39;indiquons depuis plusieurs semaines, la situation dans les pays émergents devient de plus en plus compliquée&nbsp;: après la Russie qui a beaucoup souffert du pétrole et des sanctions pays occidentaux, après la Turquie qui souffre d&#39;une baisse de sa devise et des tensions au Moyen-Orient, après la Chine qui a inquiété l&#39;ensemble de la communauté financière, le Brésil est depuis cette semaine sous les feux de l&rsquo;actualité.La nouvelle de la semaine est provenue de l&rsquo;agence de notation Standard &amp; Poors qui a dégradé la note du Brésil sur sa dette avec des perspectives négatives. Le Brésil n&#39;avait pas besoin de cette mauvaise nouvelle supplémentaire&nbsp;!En effet, depuis plusieurs mois, toutes les données économiques fondamentales se dégradent&nbsp;:La croissance&nbsp;: le Brésil est en route pour sa pire récession depuis 25 ans. Le Produit Intérieur Brut (PIB)&nbsp; a encore reculé au deuxième trimestre 2015. Sur un an le PIB affiche une baisse de 2.6%. La moindre demande internationale explique une partie de ce mauvais score, les mesures monétaires et fiscales restrictives mises en place par le gouvernement expliquent le reste. L&rsquo;économie Brésilienne souffre également de lacunes plus structurelles qui pèsent constamment sur sa croissance&nbsp;: la faiblesse des infrastructures, le coût du travail et la faiblesse de la devise brésilienne reviennent en boucle chez les analystes et investisseurs pour expliquer leur défiance dans le potentiel de croissance structurelle du Brésil.L&#39;inflation est également un problème au Brésil&nbsp;: elle a atteint un niveau incroyable de 9,6 % sur un &nbsp;an glissant en août. Au Brésil, l&#39;inflation est structurellement élevée&nbsp;; en effet les salaires sont indexés, beaucoup de loi locales imposent des augmentations de prix systématiques et régulières, et de plus, les infrastructures étant faibles et souvent engorgées, les prix augmentent mécaniquement&hellip; Mais surtout depuis quelques mois, la forte dépréciation du real a provoqué une hausse des prix des produits importés.Les finances publiques traversent une période de grandes difficultés. Les objectifs budgétaires et fiscaux affichés par le gouvernement apparaissent de plus en plus difficiles voire impossibles à atteindre du fait de la stagnation l&#39;économie brésilienne&nbsp;: en période de récession et de forte inflation, le déficit augmente régulièrement. Il atteint désormais 8.8% du PIB et aucune amélioration ne peut être envisagée à court-terme&hellip;Sur le plan des comptes extérieurs la situation se dégrade aussi. Le déficit commercial s&rsquo;aggrave. La baisse du réal n&rsquo;a pas contribué à améliorer la situation. En effet, les concurrents du Brésil ont aussi vu leur devise baisser et du fait du manque de compétitivité de l&rsquo;économie Brésilienne, aucun gain de part de marché n&rsquo;est envisageable&nbsp;; mais surtout, la baisse de la demande chinoise pèse depuis plusieurs mois sur le niveau des exportations brésiliennes.Pour finir de ternir l&rsquo;image du Brésil, la situation politique et sociale s&#39;est fortement dégradée. La&nbsp; Présidente Rousseff est extrêmement impopulaire avec un taux d&#39;approbation de 8%&nbsp;seulement; sa situation devient particulièrement difficile au congrès avec, de plus, de nombreux problèmes de corruption qui sont venus perturber la crédibilité de toutes les institutions.Avant l&#39;été nous avions envisagé d&rsquo;initier des positions sur les marchés émergents. En effet, nous pensions que les matières premières allaient arrêter de baisser et permettre un début d&rsquo;amélioration économique.&nbsp; Les nouvelles provenant de Chine nous ont incité à surseoir à ces investissements.Depuis le mois d&rsquo;août, la situation qui c&#39;est fortement dégradée et le Brésil est une bonne illustration de cette nouvelle phase d&rsquo;incertitude. La remise en cause par les agences de notation de la qualité de la signature de la 7ème économie mondiale est en elle-même suffisamment inquiétante pour dissuader d&rsquo;investir sur les émergents en général.&nbsp;Les plus pessimistes envisagent même désormais les effets potentiels du fort ralentissement subi au Brésil sur les valeurs européennes. En effet, certaines entreprises européennes sont bien implantées sur les pays émergents et pourraient souffrir si l&rsquo;économie ralentissait dans ces pays. Par exemple : Fiat, BIC, Casino, Carrefour, Vallourec, Technip, CGG, Santander ou Telefonica tirent entre 10 et 20% de leur chiffres d&rsquo;affaires du Brésil. Difficile d&rsquo;imaginer qu&rsquo;elles ne souffriraient pas d&rsquo;un ralentissement encore plus marqué au Brésil.Comme nous l&rsquo;évoquions la semaine dernière, une certaine prudence tactique doit être de mise sur les quelques semaines à venir en attendant d&rsquo;y voir plus clair sur la politique monétaire américaine et ses conséquences sur l&rsquo;économie mondiale.

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Dégradation de la note du Brésil sur sa dette : pourquoi ce n'est pas le bon moment pour investir dans les pays émergents