Il y a dix-huit mois,<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/japon-est-en-train-sauver-monde-ou-detruire-economie-pascal-emmanuel-gobry-690075.html" target="_blank"> j&#39;avais écrit que le Japon se lançait dans une expérience de relance économique</a> qui pourrait remettre en jeu toute nos connaissances de l&#39;économie et potentiellement sortir le monde développé de son marasme économique. Il y a un an,<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/japon-est-en-train-sauver-economie-mondiale-en-tout-cas-ressemble-plus-en-plus-pascal-emmanuel-gobry-854235.html" target="_blank"> j&#39;avais écrit que les premiers résultats s&#39;avéraient très prometteurs.</a>Où en sommes-nous d&#39;Abenomics, le programme de relance japonais qui pourrait être un modèle pour l&#39;Europe et les Etats-Unis ?Aujourd&#39;hui, les résultats sont plus mitigés. Le premier ministre Shinzo Abe a annoncé des élections anticipées, en déclarant que ces élections seraient un référendum sur sa politique d&#39;Abenomics.Abenomics est donc un programme de relance, principalement fondé sur l&#39;action de la banque centrale, avec un soupçon de relance fiscale et de réformes structurelles. L&#39;idée, promue par de nombreux économistes, et quelques commentateurs, votre serviteur compris, est que si la banque centrale annonce une claire intention d&#39;augmenter la masse monétaire, et crédibilise cette intention, par exemple par des achats d&#39;actifs, une zone économique peut ressortir d&#39;un marasme comme celui du Japon et, aujourd&#39;hui, de la zone euro.Aujourd&#39;hui, l&#39;inflation est en baisse vers 1%, ce qui semble rendre difficile la cible de 2% adoptée par la banque centrale.Alors, est-qu&#39;Abenomics est décrédibilisée ?Non, car en réalité l&#39;économie japonaise, qui a vraiment été relancée au début d&#39;Abenomics, s&#39;est ralentie lorsque le Premier ministre a dévié de son programme. En effet, il a annoncé une hausse de 3 points de la TVA, ce qui est énorme. Une telle hausse va à l&#39;encontre de la politique de relance qu&#39;il s&#39;était fixée, et ne peut que plomber la consommation des ménages, déjà si fragile, et qu&#39;Abenomics visait à relancer.En réalité, c&#39;est cette hausse d&#39;impôts, pas Abenomics, qui a ralenti l&#39;économie japonaise.Est-ce à dire qu&#39;Abenomics a fait ses preuves ?Non. Le principe, en macroéconomie, est qu&#39;on n&#39;est jamais sûr de rien. Mais surtout, il est encore trop tôt pour dire si la Banque du Japon atteindra son objectif d&#39;inflation, et, si c&#39;est le cas, si cette inflation permettra de relancer l&#39;économie.Il faut donc expérer qu&#39;Abe remporte sa réélection, qu&#39;il abandonne ses hausses d&#39;impôts, et appuie encore sur l&#39;accélérateur d&#39;Abenomics.Mais il faut signalre qu&#39;Abenomics n&#39;est qu&#39;une relance monétaire partielle : la Banque du Japon augmenter la somme de monnaie en achetant des actifs sur le marché, et ainsi, par une chaîne de cause-à-effets compliquée et pas garantie, relancer l&#39;inflation et la consommation.Il y aurait une solution beaucoup plus simple : la Banque du Japon pourrait directement envoyer de l&#39;argent à tous les citoyens. L&#39;effet serait beaucoup plus simple, beaucoup plus rapide, et radical. Mais pour l&#39;instant, personne ne veut parler de ce choix.

Les Abenomics sont-ils décrédibilisés ?

Le nettoyeur

Le 13 août, le Cabinet Office rattaché auprès du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, publiait les premières estimations de croissance pour le pays au titre du deuxième trimestre 2014. C&rsquo;est la douche froide&nbsp;: la contraction atteint 6.8% en termes annualisés. En raison de l&rsquo;ampleur du chiffre, le modèle économique désormais appelé &quot;Abenomics&quot; pourrait-il être remis en question&nbsp;?Il convient tout d&rsquo;abord de préciser que la croissance japonaise avait connu un premier trimestre tonitruant à 6.1% de croissance, toujours en termes annualisés, ce qui vient relativiser le chiffre de ce second semestre. La montagne russe que connaît l&rsquo;économie japonaise a une cause principale; une ambitieuse réforme fiscale. Depuis le 1er avril 2014, le taux de TVA local a été relevé de 5 à 8%, soit une hausse de 60%. Même si le niveau de taxe paraît peu élevé pour un Européen, la hausse reste conséquente. L&rsquo;objectif clair du gouvernement est de permettre un assainissement des finances publiques grâce aux nouvelles recettes que générera cet impôt. La taille de la dette japonaise, soit 240% du PIB, ne laisse que peu de marges de manœuvres. Il fallait trouver une solution. Ainsi, lors du premier trimestre, les consommateurs japonais se sont précipités pour effectuer leurs achats les plus importants avant la hausse de la fiscalité. Puis, évidemment après le 1er avril, les clients ont boudé les dépenses. La baisse du second trimestre n&rsquo;est que la correction (certes forte) du vigoureux premier trimestre.Pourtant, à y regarder de plus près, les chiffres dévoilés par le Cabinet Office sont saisissants. Car malgré une baisse de 6.8% de la croissance réelle en ce second trimestre, la croissance nominale (intégrant les chiffres de l&rsquo;inflation) n&rsquo;a reculé que de 0.10%. Pourquoi&nbsp;? Parce qu&rsquo;une hausse de la TVA est un impôt indirect qui se doit d&rsquo;être intégré dans les chiffres de l&rsquo;inflation. La hausse de l&rsquo;impôt vient donc grèver le calcul du PIB d&rsquo;autant. Bien entendu, l&rsquo;effet sur les dépenses a tout de même été conséquent mais bien moins impressionnant en regardant le graphique ci-dessous&nbsp;:PIB nominal. Japon. En milliards de Yen.<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u38983/2014/08/japon2.jpg" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u38983/2014/08/japon2.jpg" style="width: 480px; height: 289px;" /></a>Le petit retournement perceptible au bout de la courbe correspond à cette &quot;dramatique&quot; chute du PIB pour le second trimestre. Il est également à noter que le PIB nominal progresse de 1.5% depuis le début de l&rsquo;année. Un peu court pour crier à l&rsquo;échec des &quot;Abenomics&quot;, programme lancé à la fin de l&rsquo;année 2012. Un programme qui a déjà permis au chômage de passer de 4.3% à 3.7%, c&rsquo;est-à-dire de parvenir au plein emploi.Mais le défi reste immense pour Shinzo Abe et Haruhiko Kuroda, Président de la Banque du Japon. Car le premier objectif de Shinzo Abe, au-delà de la fiscalité et de la dette, est de permettre un retour durable de la croissance au Japon. Un objectif qui correspond à la &quot;première flèche&quot; des Abenomics, et qui repose entièrement sur les épaules de la Banque centrale japonaise, et donc sur Kuroda. A plusieurs reprises depuis 2013, le nouveau Président de la Banque du Japon fut interrogé sur les conséquences de la hausse de la TVA, et a indiqué : &quot;Nous n&rsquo;hésiterons pas à ajuster notre politique monétaire si des risques venaient à se matérialiser&quot;. &nbsp;Pour le moment, aucune réaction n&rsquo;est intervenue et les projections de croissance se maintiennent. Ce sera entre 0.6 et 1.3% pour cette année fiscale. Si de tels chiffres se confirmaient, Shinzo Abe apporterait là une nouvelle preuve qu&rsquo;il est possible d&rsquo;absorber un important choc fiscal grâce à l&rsquo;utilisation de la politique monétaire. Ou comment permettre une amélioration de la situation budgétaire sans plonger la totalité de l&rsquo;économie en récession. Car si la Banque du Japon ne soutenait pas fortement l&rsquo;activité économique, une telle réforme aurait eu le même effet qu&rsquo;en 1997. Date à laquelle une autre hausse de la TVA avait plongé l&rsquo;économie japonaise en déflation (et dont l&rsquo;impact sur la croissance est à constater dans le graphique précédent).A lire également, le livre de Nicolas Goetzmann : <a href="http://www.atlantico.fr/editions/books/sortir-europe-crise-modele-japonais-abenomics-nicolas-goetzmann-atlantico-editions-inflation-bce-905506.html" target="_blank">Sortir l&#39;Europe de la crise : le modèle japonais</a>, (<a href="http://www.atlantico.fr/editions" target="_blank">Atlantico éditions</a>), 2013. Pour acheter ce livre, <a href="http://www.atlantico.fr/editions/books/sortir-europe-crise-modele-japonais-abenomics-nicolas-goetzmann-atlantico-editions-inflation-bce-905506.html" target="_blank">cliquez ici</a>.<img alt="" height="314" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u39253/2013/12/europe.jpg" width="219" />

Shinzo Abe

Japon : ces gros détails qu’oublient ceux qui veulent enterrer les Abenomics

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Ralentissement de l'économie japonaise : les Abenomics ne sont pas décrédibilisés pour autant