Uber et ses confrères sont très instructifs. Ainsi que Blablacar et autres services qui permettent de voyager moins cher que le train.La grande bataille est entrain de démarrer : Internet contre les monopoles. Et je sais qui va gagner. C&#39;est Internet.Pourquoi est-ce qu&#39;Internet gagne contre les monopoles?La raison en est simple : Internet permet de faire les choses plus efficacement, et plus ouvertement. Uber permet d&#39;héler une voiture avec chauffeur à n&#39;importe-quel moment, alors que le monopole des taxis assure qu&#39;il est très difficile de trouver un taxi la plupart du temps. Internet remet même en cause des monopoles dont on ne savait pas qu&#39;ils existaient : Airbnb remet en question le monopole des hotels sur le voyage.L&#39;effet d&#39;Internet est en général impossible à arrêter parce que la plupart des services sur Internet disposent de ce qu&#39;on appelle un effet de réseau.L&#39;effet de réseau est ce qui se produit lorsque l&#39;utilité d&#39;un produit ou service augmente si d&#39;autres personnes l&#39;utilisent. L&#39;exemple classique est le téléphone. Si personne n&#39;a de téléphone, ça ne sert à rien d&#39;avoir un téléphone, puisqu&#39;on ne peut pas appeler ni recevoir d&#39;appels. Par contre, si tout le monde à un téléphone, il devient obligatoire d&#39;avoir le téléphone pour avoir une vie sociale.Ce sont ces effets de réseau qui font la puissance des services Internet, parce qu&#39;ils créent un cercle vertueux. Plus il y a de gens qui utilisent le service, plus le service a de la valeur, donc plus de gens se mettent à l&#39;utiliser, donc plus le service a de la valeur, et ainsi de suite.Pensons à Facebook : vous êtes sur Facebook parce que tous vos amis y sont. Et vos amis y sont parce que leurs amis y sont. Et ainsi de suite. C&#39;est pour ça qu&#39;à partir du moment où Facebook avait dépassé un certain seuil, sa croissance était presque garantie.Mais n&#39;y-a-t-il pas un côté obscure à cette force disruptive d&#39;Internet ? L&#39;aboutissement logique de l&#39;effet de réseau, c&#39;est le monopole : tout le monde est sur le réseau, et personne ne peut détrôner le réseau, parce que tout le monde est sur le réseau. Est-ce que, loin de détruire des monopoles, Internet n&#39;est pas tout simplement entrain de remplacer un monopole par un autre ? A la place de l&#39;administration des PTT, nous voici les administrés de Google ?Si le monde de l&#39;innovation était statique, la réponse serait oui. Mais, heureusement, ce n&#39;est pas le cas. Car il existe des réseaux dans les réseaux.L&#39;exemple le plus frappant est Craigslist, leader des petites annonces aux Etats-Unis (équivalent de Leboncoin). Craigslist a, en apparence, un monopole sur les petites annonces. Et il y a effet de réseau : le principe d&#39;un site de petites annonces et que plus il y a d&#39;acheteurs et de vendeur, plus le site a de valeur pour les acheteurs et les vendeurs, d&#39;où effet de réseau.Oui, sauf que &ldquo;les petites annonces&rdquo; recouvre un domaine extrêmement vaste. Depuis la création de Craigslist, de nombreuses startups ont fleuri sur chacun des &ldquo;verticaux&rdquo; de Craigslist. Il est impossible de faire un &ldquo;Craigslist 2&rdquo; mais il est possible de faire des sites de petites annonces sur certains secteurs specifiques, où Craigslist, qui est générique, n&#39;est pas aussi bon. Ainsi, il y a des sites de petites annonces de rencontres, des petites annonces de logement, des petites annonces de location, et ainsi de suite. Craigslist garde son &ldquo;monopole&rdquo; mais c&#39;est un monopole qui ne peut pas devenir abusif, car dès que ça serait le cas, il y a d&#39;autres candidats pour prendre la relève et exploiter les abus de Craigslist.Le 21ème siècle va être intéressant.

Pourquoi les monopoles sur Internet ne peuvent pas devenir abusifs 

Le nettoyeur

Twitter est connu comme étant un réseau social fort prisé. C&#39;est également une entreprise, cotée à la Bourse de New York. Pour l&#39;instant, Twitter n&#39;est pas rentable, même is son chiffre d&#39;affaires, comme sa base d&#39;utilisateurs, est en forte croissance.Cette semaine, Twitter s&#39;est endetté sur les marchés en offrant de la dette au public. Ces obligations portent sur une durée de 5 ans et de 7 ans. Le marché a donné aux obligations à 5 ans un taux de 0.25%, et à celles de 7 ans un taux de 1% - des taux extrêmement faibles, qui, en théorie du moins, représentent un risque très faible.A contrario, à l&#39;occasion de ce placement, l&#39;agence de notation Standard &amp; Poor&#39;s s&#39;est fendue d&#39;une note (non sollicitée) qui a donné à ces obligations une de ses notes les plus faibles. S&amp;P a fait remarquer que Twitter est une entreprise très jeune, non rentable, et qui existe sur un secteur très changeant - les médias sociaux - ; sa capacité à rembourser sa dette doit donc être remise en question.Nous avons ainsi deux verdicts complètement opposés. Que s&#39;est-il passé ? Avons-nous devant nous une nouvelle bulle ?La première chose à faire remarquer c&#39;est l&#39;état global macroéconomique et financier. D&#39;un côté, nous avons, au niveau mondial, une croissance relativement faible. De l&#39;autre, énormément de capital prêt à être investi. Et, enfin, une inflation très faible qui n&#39;incite pas à la prise de risque (puisque, lorsqu&#39;il y a un peu d&#39;inflation, il faut investir sur des placements plus risqués pour avoir un bon rendement en termes réels).Autrement dit, il y a beaucoup d&#39;argent (capital) qui cherche des opportunités d&#39;investissement trop peu nombreuses (croissance trop faible). Pour une entreprise comme Twitter - par exemple - ça veut dire que si elle décide de placer de la dette, il risque d&#39;y avoir une demande très élevée pour cette dette, et donc qu&#39;elle pourra les placer à des taux réduits.Mais ce n&#39;est pas le seul facteur en jeu.Il y a aussi un problème du côté de S&amp;P, qui ne comprent pas la dynamique des business models sur internet. Un phénomène fondamental, en particulier, est le concept d&#39;effet de réseau.Un effet de réseau est ce qui se déroule lorsqu&#39;un produit ou un service croît en valeur au fur et à mesure que les gens l&#39;utilisent. L&#39;exemple classique est le téléphone : si personne n&#39;a de téléphone, ça ne sert à rien d&#39;avoir un téléphone, puisqu&#39;il n&#39;y a personne à appeler et personne pour vous appeler ; si tout le monde a un téléphone, il devient insensé de ne pas avoir un téléphone. Le service téléphonique a un effet de réseau : plus les gens utilisent le téléphone, plus le réseau téléphonique a de la valeur.Cette notion d&#39;effet de réseau est très profonde. Elle indique que s&#39;il est difficile d&#39;établir un réseau (ça ne sert à rien d&#39;avoir un téléphone si personne n&#39;en a), une fois que le réseau existe, il y a un cercle vertueux qui s&#39;engage : plus il y a de gens qui ont un téléphone, plus les personnes qui n&#39;en ont pas seront incitées à s&#39;en équiper, et ainsi de suite. Elle indique également qu&#39;un service à effet de réseau peut être très rentable, une fois établi, parce qu&#39;il s&#39;agit d&#39;un monopole. Si quelqu&#39;un demain essayait de créer un nouveau réseau téléphonique similaire à celui que nous avons mais un peu moins cher, personne ne l&#39;achèterait, parce que tout le monde a déjà un téléphone et l&#39;effet de réseau du réseau existant domine.&nbsp;Est-ce que Twitter a un effet de réseau ? Comme tous les réseaux sociaux, oui. Plus il y a de gens sur Twitter, plus il est intéressant d&#39;y être, donc plus le réseau a de la valeur.Cet effet de réseau suggère très fortement deux choses au sujet de Twitter : premièrement, qu&#39;il ne s&#39;agit pas d&#39;une mode, mais d&#39;un réseau qui durera très longtemps, à cause de la durabilité des effets de réseaux (aujourd&#39;hui il y a Skype et pourtant il reste des milliards de gens sur le réseau téléphonique du 19ème siècle) ; deuxièmement, que son manque de rentabilité ne durera pas et au contraire que Twitter sera rentable sur le long terme, puisqu&#39;un réseau coûte très cher à établir, mais devient très rentable une fois qu&#39;il est établi.L&#39;attitude du marché est donc rationnelle. <a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/agences-notation-triple-maches-taux-interets-etats-pascal-emmanuel-gobry-271423.html" target="_blank">Celle de S&amp;P</a>, comme d&#39;habitude, ne l&#39;est pas.

Pourquoi Standard & Poor's n'a rien compris au modèle économique de Twitter

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