Voyage en immersion au cœur des Philippines<!-- --> | Atlantico.fr
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Vue sur les rizières et les montagnes des Philippines.
Vue sur les rizières et les montagnes des Philippines.
©Reuters

Grand large

Au nord de l'île de Luçon, des cercueils suspendus habillent les falaises, tandis que des rizières millénaires donnent vie aux paysages...

Quentin Desurmont

Quentin Desurmont

Président fondateur de Peplum, créateur de voyages sur-mesure de luxe, Quentin Desurmont agit activement pour l’entreprenariat. Il a fait partie de la délégation du G20 YES à Moscou en 2013 et  à Mexico en 2012, est membre de Croissance + et des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Quentin contribue aussi à l’émergence du tourisme de luxe en Europe, il est membre de Traveller Made.

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Pour en savoir plus sur les Philippines, rendez-vous sur le site de Peplum.com.

Des montagnes, et de la jungle. C’est l’atmosphère générale qui règne dans le nord de l’île de Luçon, aux Philippines. Une région dominée par les imposants monts Tabayoc (2 842m), Kapiligan (2 670m) et Alchanan (2 576m).Malgré ces conditions en apparence difficiles, une excursion en privé dans l’intimité des Philippines devient un grand et beau voyage d’exception.

Aller au plus près des peuples et de leurs traditions. Telle est l’ambition du guide local. L’immersion commence à Sagada, la ville aux « cercueils suspendus ». On y accède par une large route sinueuse et vallonnée, où les rochers se succèdent comme autant d'obstacles à cette singulière épopée. Durant la saison des pluies, il arrive que des voyageurs restent coupés du monde pendant plusieurs jours, à cause d'un éboulement ou un affaissement de terrain. L’histoire ne rassure pas, mais renforce ce sentiment exaltant d’être à l’autre bout du monde.

En mode aventurier, on s'enfonce dans la végétation de ces intimidants reliefs. Alors que l’on commence à douter de trouver ce que l'on y cherche, le guide poursuit sa route, sûr de lui. Jusqu’à ce que sans s’y attendre, on tombe nez à nez avec une falaise recueillant les plus vieux cercueils suspendus de la région. Derrière cet atypique club des cinq, une quinzaine d'autres bières artisanales se distinguent à travers le vert feuillage. Qu'elles soient accrochées à des roches en saillie, posées sur des pieux plantés à même la falaise ou encore empilées à l'intérieur de quelques grottes en calcaire, ces grandes boîtes funèbres ne s'avèrent pas réellement en suspension. Les plus vieilles ont été façonnées à partir de troncs d’arbres sculptés et parfois même colorés. Inversement, de simples planches clouées constituent les modèles le plus récents.

Quand un Philippin de la Mountain Province s'éteint, son corps subit plusieurs traitements, raconte le guide. Pendant la période de deuil d’une semaine, le cadavre reste attaché à un fauteuil. Il se raidit, obligeant ensuite les membres de sa tribu à lui briser les os. Le corps est alors mis dans un cercueil puis emporté, loin dans les montagnes, par ces « grimpeurs de rochers » qu'incarne la jeune génération. Ce refus de l'inhumation vient d'un profond respect impliquant de rapprocher le défunt du paradis céleste, de maintenir ses sens en éveil au contact du vent et du soleil et, enfin, de le protéger des bêtes sauvages. Bien qu'illégale, cette pratique semble perdurer même au-delà des Philippines. 

Laissant ce cimetière suspendu, on s’enfonce un peu plus dans les montagnes pour se rapprocher de Banaue et de ses rizières. Classées au patrimoine mondial de l’Unesco, elles sont aussi membres de ce club subjectif des huitièmes merveilles du monde. Le panorama, en effet, est très impressionnant. Depuis les hauteurs que l'on a peine à quitter, on dirait des marches s'élevant depuis le creux d'une vallée jusqu'au ciel. C'est le principe même des cultures en terrasses. On engage une descente pour aller fouler l'herbe mêlée de riz. Peu de travailleurs dans les rizières, la plupart sont au village. Les femmes, souvent assistées de leurs époux, séparent les grains, qu'elles écrasent dans des mortiers géants, et les brins, qu'elles recyclent en terreau.

Direction Hapao, à moins de cinq minutes en voiture. Le trajet paraît néanmoins beaucoup plus long étant donné l'intensité des virages et le tangage du véhicule. D'un détour à l'autre, on arrive enfin au but. La boue est au rendez-vous. Chaussé de bottes, on s'engage cette fois sans réticence dans la vase de ce labyrinthe fertile. Si l'on cherche d'abord des yeux les plants de riz évidés il y a peu par les autochtones, l'attention se porte progressivement sur d'autres curiosités. Hormis les escargots, Hapao regorge également de moules et de bigorneaux. La technique de pêche est étonnante, un brin d'herbe pour seule canne à pêche suffit à attraper les mollusques.

Hapao est bercé par le Chico, plus connu aux Philippines sous le nom de « rivière de la vie ». On la traverse sur un pont atypique : un long tapis de bois, démantelé par endroits, fixé à des troncs d’arbres par un long cordage. Au sortir du pont, un très vieil escalier, marqué par deux millénaires de mousse. Avant de l'emprunter pour reprendre de la hauteur, on remarque une longue tige de bambou qui s'élance jusqu'au faîte du grand mur de pierre que l'on souhaite dépasser. Un conduit indispensable à l'irrigation des différents courants coexistant dans la vallée, explique le guide. Il nous emmène aux sources d’eau chaude d’Hapao. Des bassins, contenant une eau d’une quarantaine de degrés, qui servent de baignoire aux habitants des rizières en manque d’installations sanitaires. Pas de touristes, c’est le cœur des Philippines. Le point d’orgue d’une incroyable immersion en terre inconnue.

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