Invisible, inaudible mais honnête : ce que pensent les Français de Jean-Marc Ayrault<!-- --> | Atlantico.fr
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"Vague", "absent", "inaudible", "je ne sais pas ce qu’il fait" : pour ces sondés qui ne lui font pas confiance, Ayrault n’existe pas.
"Vague", "absent", "inaudible", "je ne sais pas ce qu’il fait" : pour ces sondés qui  ne lui font pas confiance,  Ayrault n’existe pas.
©Reuters

Politico Scanner avec Délits d’Opinion

Le Premier ministre ne jouit que d'une faible popularité, et son image dans l'opinion publique est au mieux effacée, au pire inexistante. Une position de faire-valoir de François Hollande qui colle à la peau de celui qui est pourtant le chef du gouvernement.

Matthieu Chaigne et Mayeul l'Huillier

Matthieu Chaigne et Mayeul l'Huillier

Matthieu Chaigne est co-fondateur du site Délits d'Opinion, site de référence de l'opinion publique et des sondages. Il a commencé sa carrière au pôle politique de TNS SOFRES avant de travailler au sein du groupe Ogilvy à partir de 2008 en tant que planneur stratégique. En 2012 il a rejoint le cabinet de conseil en communication Taddeo, en charge notamment des études et du planning stratégique.

Mayeul l'Huillier est l'un des fondateurs de Délits d'Opinion, site de référence sur l'analyse des sondages et des tendances d'opinion. Passé par TNS Sofres et l'Ifop, il est l'auteur de plusieurs publications de décryptage des enquêtes d'opinion. Il a participé en 2010 à la création du cabinet d'affaires publiques Atlas Public Affairs.

Matthieu Chaigne est co-fondateur du site Délits d'Opinion, site de référence de l'opinion publique et des sondages. Il a commencé sa carrière au pôle politique de TNS SOFRES avant de travailler au sein du groupe Ogilvy à partir de 2008 en tant que planneur stratégique. En 2012 il a rejoint le cabinet de conseil en communication Taddeo, en charge notamment des études et du planning stratégique
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Qui est vraiment Jean-Marc Ayrault aux yeux des Français ? Alors que le Premier ministre stagne dans les eaux basses de la popularité, Harris Interactive est allé interroger nos compatriotes. Les réponses témoignent  des difficultés du Premier ministre à s’autonomiser par rapport à François Hollande. Retour sur les propos tenus par les  Français.

Un Ayrault très discret

"Vague", "absent", "inaudible", "je ne sais pas ce qu’il fait" : pour ces sondés qui  ne lui font pas confiance,  Ayrault n’existe pas. Trop en retrait de la scène politique, mal connu, il donne le sentiment de ne pas avoir vraiment endossé sa charge: "il ne prend aucune décision, ne s’exprime pas". Le tempo du Premier ministre semble en décalage par rapport à l’actualité du pays, comme s’il subissait les évènements, jouait à contretemps. Et les  thèmes que le Premier ministre tente de s’approprier, comme la question des retraites, ne sont quasiment pas évoqués. Face à ce déficit, la "mollesse" perçue du candidat revient fréquemment, moins liée à des griefs rationnels qu’un enjeu de communication : Ayrault peine à imprimer.

L’ombre de Hollande

Logiquement, alors que Jean-Marc Ayrault ne parvient pas à faire émerger un positionnement autonome,  c’est d’abord à travers le prisme de François Hollande que les Français le jugent. Premier ministre indissocié d’un Président mal aimé, Ayrault souffre par extension de la même défiance. "Pour moi, c’est pareil que pour Hollande.",  "c’est l’ombre de Hollande" expliquent ces sondés pour le baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion. Les critiques émanent bien sûr des partisans de droite, mais au delà perce aussi une critique plus large envers un Premier ministre qui peine à démontrer sa valeur ajoutée. "Simple exécutant",  Jean-Marc Ayrault a t-il une pensée propre, une vision autonome ?  "Il applique la politique de François Hollande  comme un prof suivrait un programme en cours" explique un sondé, soulignant l’absence de "ligne Ayrault" clairement identifiable.

A noter néanmoins que cette convergence de vue constitue en mineur pour les partisans du Premier ministre un bénéfice appréciable : une parfaite entente entre le Président et le Premier ministre.  "Il est en harmonie avec le Président",  "il suit bien la politique dictée par le Président" : les soutiens de Jean-Marc Ayrault lui sont grés de conduire avec fidélité l’action de François Hollande et de bien "le seconder", rappelant pour certains au passage l’entente plus précaire entre Nicolas Sarkozy et François Fillon.

Un manager contesté

Enfin, cités en mineur, les différents couacs gouvernementaux ont néanmoins laissé des traces malgré une amélioration indiscutable depuis le printemps. Réalisé juste avant l’éviction de Delphine Batho, le baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion révèle encore des doutes face à un chef de gouvernement qui peine parfois à s’imposer : "c’est une cacophonie. Tous les ministres se contredisent", "il ne sait pas manager son équipe". Reste à savoir si l’éviction de la ministre de l’Écologie saura restaurer l’autorité perçue du Premier ministre.

Malgré tout, ce constat  ne doit pas occulter les atouts d’un Premier ministre qui peut notamment s’appuyer deux forces : une probité reconnue d’une part, et une expérience réussie à Nantes.

L’honnêteté de l’homme.

C’est un terme qui revient de façon récurrente parmi ses soutiens : Jean-Marc Ayrault est un homme "honnête". Également jugé "intègre", le Premier ministre semble inspirer confiance à ses soutiens parce qu’il incarne une politique désintéressée et mue par l’intérêt général.  

Une honnêteté qui fait office de vertu cardinale pour ces Français qui soupçonnaient hier les hommes politiques de corruption, et semblent aujourd’hui convaincus, à l’aune des dernières actualités, que la classe  politique est vérolée.

Nantes : l’expérience réussie

Enfin, l’expérience Nantaise de Jean-Marc Ayrault est clairement un atout. "Je l’ai eu comme maire de nombreuses années. Il a beaucoup fait pour la ville" dit ainsi un sondé. "La ville de Nantes semble bien se porter", juge un autre. Ainsi, dans le flot de jugements subjectifs qui reposent davantage sur un ressenti que sur des faits, cet argument fournit un argumentaire qui dépasse les seuls enjeux locaux : celui d’un politique qui a eu la capacité de transformer une ville.  Reste à convaincre qu’il peut faire de même pour un pays.

Ainsi, Jean-Marc Ayrault, dont  la fidélité sans failles à François Hollande est reconnue,  semble menacé du syndrome de clonage. Son rejet est d’abord celui de Hollande. Sa remontée sera également celle du Président.

Dans ce contexte, la rentrée sociale qui s’annonce rugueuse avec la réforme des retraites, constitue un risque et une fenêtre de tir unique. Un risque car Jean-Marc Ayrault  parait  aujourd’hui bien affaibli pour peser dans les négociations et  protéger le Président Hollande. Une chance car une réforme réussie et bien préemptée par le Premier ministre  lui permettrait d’exister demain en dehors du seul sacre temporaire conféré par Hollande.

Le commentaire de Mayeul L'huillier, co-fondateur du site Délits d'Opinion

L'exécutif continue cette semaine sa stabilisation qui a commencé au début du mois d'avril. La tendance est toutefois légèrement à la baisse : Hollande, très légèrement en retrait par rapport à son Premier ministre, se rapproche de son plus bas historique (2,79), atteint le 18 mai. Pour sa part, Jean-Marc Ayrault bénéficie d'une image à peine plus favorable, mais semble plus loin de son plus bas (2,72 le 7 mai).

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