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Les cybercenseurs sont lâchés
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Revue de blogs

Les convulsions des révolutions du monde arabe et les répressions en cours en Chine laissent à penser qu'il est peut-être utile dès maintenant de s'informer et de se former aux outils de contournement de la cybercensure et à apprendre à protéger sur Internet ses amis chinois ou arabes.

La semaine passée, une brave Georgienne a sectionné d’un malencontreux coup de bêche les câbles de cuivre qui relient l'Internet arménien et géorgien pendant quelques heures. Sur Twitter, la nouvelle a fait beaucoup rire les Tunisiens, fins connaisseurs de la cybercensure. Un tweet parmi d'autres : « Pourquoi se sont-"ils" fatigués à censurer Internet, quand un bon coup de bêche aurait réglé le problème... ». A coups de bêche, de matraques, de procès, le web libre souffre en ce moment et va encore plus souffrir.  Au Caire, révolution ou pas, un blogueur vient d'être condamné à 3 ans de prison pour ce billet critique de l'armée. En Thaïlande, Chiranuch Premchaiporn risque 50 ans de prison (oui, 50 ans) pour un commentaire laissé trop longtemps sur son site. La bataille pour le contrôle d’internet fait rage partout. Les internautes chinois et arabes sont prêts. Ils ont l'habitude. Les Européens, d’une candeur confondante, ne le sont pas. Une mise à niveau s’impose.

Comment les gouvernements censurent-ils Internet de nos jours ? En achetant à des sociétés américaines ou européennes - que cela ne choque pas du tout - des logiciels qui ressemblent au "contrôle parental", mais d’une puissance industrielle. D’un clic, des millions de sites sont censurés sur tout leur territoire. Si un de leurs internautes tente de se connecter à un site interdit, il tombe sur une page blanche, ou à ce genre d'avertissement (ci-dessous, au Qatar).

Comment contourner la censure

Il existe des parades. D'abord, les « anonymiseurs », qui permettent de se connecter de façon anonyme puis d’emprunter une adresse internet à l'étranger pour surfer.  TOR est actuellement l'outil le plus populaire. On le doit à des cyber-militants qui ont adapté à internet un logiciel de cryptage de l’US Navy, tombé dans le domaine public en 2000. TOR permet à chaque minute d'une journée à des centaines de milliers de personnes dans le monde de passer sous les radars des cybercenseurs en empruntant les adresses de noms de domaine étrangers qu'il met à leur disposition. D’autres outils de contournement se nomment Ultrareach, Psiphon, Dynaweb. Ils sont bien sur interdits de téléchargement ou de possession dans beaucoup de pays. Il est bon de les amener avec soi en Chine ou à Bahreïn sur une clé USB ou un DVD.

Les VPN, ou Réseaux privés virtuels, sont une autre tunique d’invisibilité numérique. Les VPN  permettent de créer des  passerelles cryptées entre un réseau d’utilisateurs invités. Illégal ? Pas du tout.  Les multinationales les utilisent tous les jours pour échanger des informations confidentielles entre filiales. Pour s’entrainer, faire un test avec HotSpot ShieldAlwaysVPNSocial VPN, parmi d’autres.

En Iran, et dans d'autres pays, des sites de photos et vidéos comme Flickr sont inaccessibles. On comprend pourquoi, au vu des œuvres de certains artistes. C’est un Iranien, Hamed Saber, qui a le premier créé une petite extension Firefox Mozilla pour contourner le blocage.

Protéger ses correspondants

Le plus important, en ce moment, si l'on communique  avec le Moyen-Orient ou la Chine sur des sujets "sensibles" est de protéger ses correspondants. Un très utile guide en ligne vient d’être publié par Access Now, pour l’instant en anglais et en arabe, en attendant la version française.

Un reflexe à prendre est de protéger les communications par mail ou par messagerie instantanée en utilisant une connexion cryptée et sécurité, dites "en https", comme l'est la page des sites marchands lors d’un achat en ligne. Seule la messagerie gmail offre cette option à cocher dans les paramètres de ses compte mail.

Dans une Europe encore naïve, un seul pays est de taille à résister à une éventuelle dérive vers une cyber-censure dure : l’Allemagne. On ignore pourquoi les Allemands sont si sourcilleux sur la protection des données sur Internet et sur la vie privée. Mais le fait est qu’ils sont les premiers utilisateurs d'outils d'anonymisation tels que TOR, qu'ils méprisent Facebook et qu'ils ont fait vivre un enfer à Google. Alors que son service Google Street View était lancé sans grands problèmes dans tous les pays occidentaux, en Allemagne, il s'est vu refuser l’autorisation de filmer et de mettre en ligne directement les millions d’images enregistrées par ses voiture-caméras. Le Goliath d’Internet n’a pu que s’incliner et a du flouter des centaines de milliers de façades, maisons, devantures et portes de garages....

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