Twitter et les manifestations en Turquie <!-- --> | Atlantico.fr
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90% des tweets géolocalisés proviennent de Turquie même.
90% des tweets géolocalisés proviennent de Turquie même.
©Reuters

La minute tech

Les manifestations monstres autour de la place Taksim à Istanbul puis d'autres villes turques ont été suivies de près par le monde entier grâce à Twitter. Cet épisode semble signaler un nouveau record et une nouvelle preuve du pouvoir catalyseur d'un réseau social dans un moment de tension politique.

En Turquie, à Istanbul, où le traitement réservé par la police à des manifestants qui souhaitaient sauver des arbres et un parc a déchaîné le mécontentement social qui couvait et les manifestations se sont étendues à d'autres grandes villes en trois jours. 

D'abord pris de court par une révolte populaire inattendue, comme souvent ces dernières années, les analystes du Web observent maintenant avec très grand intérêt les manifestations d'Istanbul et les flots ininterrompus de tweets comme un nouveau phénomène indicateur de la puissance des réseaux sociaux, en voie de maturation.

Twitter a joué un rôle de coordination et de diffusion d'informations dans chaque soulèvement au Moyen Orient et ailleurs depuis le mouvement durement réprimé des Verts en Iran, mais chaque étape semble renforcer son potentiel comme révélateur et accélérateur de contestations populaires. Pour la Turquie, dès vendredi soir, l'activité inhabituelle de Twitter à Istanbul avait attiré l'attention des spécialistes des données et réseaux sociaux. 

Les chiffres

Web3Lab , alerté par cette activité, a réalisé une série de captures d'écrans de comptages de Twitter autour de la place Taksim à Istambul, que l'outil-compteur de tweets géolocalisés utilisé qualifiait déjà de "very hot" (très actif); 275 tweets/heure dans un rayon de 1 km.

" Les tweets et les retweets sur la place Taksim à Istanbul ont littéralement explosé depuis que la police a essayé d’évacuer le lieu, avec plus de 5 000 tweets et retweets envoyés depuis ce lieu, selon Twitter. Ceci s'est poursuivi tout au long du week-end et c'est vraiment plus que tout ce que j'ai jamais vu, dont la Place Tahrir ou  Occupy Wall Street" constatait le blog.

Technosociology, blog d'une chercheuse par ailleurs turque, a situé le contexte des médias sociaux en Turquie : " En Turquie, surtout dans les grandes villes, presque tout le monde à au moins un téléphone portable, et beaucoup avec un accès à Internet (il faut donner votre carte d'identité pour l'obtenir, ce qui signifie aussi que les risques de surveillance sont grands(..). Facebook est très populaire, avec plus de 30 millions d'utilisateurs (la Turquie est dans le top ten mondial). Environ 16% de la population sur internet utilise aussi Twitter et, comme nous le voyons, Twitter est très important, en raison du profil de ces 16%". 

Les premiers enseignements

Pablo Barbera et megan Metzger, doctorants de l'Université de New York, ont analysé dans le cadre de leurs recherches sur les médias sociaux les nouveaux aspects de ce soulèvement '"twitterisé" et le compare aux précédents, comme en Egypte en 2011.

" La réaction sur les médias sociaux aux manifestations et le rôle des réseaux dans ces manifestations a été phénoménaux. Depuis 16h hier (ndr, vendredi), au moins 2 millions de tweets mentionnant les hashtags liés à l'évenement, comme  #direngezipark? (950 000 tweets), #occupygezi (170 000 tweets) or #geziparki (50 000 tweets) ont été envoyés. Comme nous le montrons dans les graphiques, l'activité sur Twitter a été constante durant toute la journée (vendredi 31 mai). Même après minuit, heure locale, la nuit dernière, plus de 3000 tweets sur les manifestations étaient publiés chaque minute".

Ce qui pour ces chercheurs est unique dans le cas de la Turquie : 90 pour cent des tweets géolocalisés proviennent de Turquie même, alors que selon de précédentes études, en Egypte, lors de la révolution de 2011, seulement 30% tweetaient depuis l'Egypte.  

Autre remarque : la grande majorité des tweets sont publiés en turc et non en anglais. Les utilisateurs du réseau ne cherchent plus tant à mobiliser leur diaspora à l'étranger, ou les médias étrangers, ils communiquent et se mobilisent pour eux et entre eux. 

Enfin, la grande activité est aussi la conséquence du black out médiatique que le gouvernement turc a essayé d'imposer sur les manifestations et le comportement de sa police. Conscients que rien ne filtreraient par les médias traditionnels sur place, les manifestants ont assuré eux même, et de façon intense, leur propre couverture des événements, en tweets, photos, et vidéos. L'ampleur de la contestation, attirant l'attention des médias et des utilisateurs de Twitter du monde entier, a fait le reste et court-circuité toute tentative de censure. 

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