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La méfiance des Français à l’égard des syndicats se creuse et particulièrement vis-à-vis de la CGT
©Reuters

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Alors que les Français ont encore une relativement bonne image des syndicats, la CGT fait exception. D'où vient ce désamour pour le premier syndicat de France ?

Hubert Landier

Hubert Landier

Hubert Landier est expert indépendant, vice-président de l’Institut international de l’audit social et professeur émérite à l’Académie du travail et de relations sociales (Moscou).

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Atlantico : Alors qu’en 2010, 53% des Français déclaraient avoir confiance dans les syndicats, 48% de nos concitoyens ont aujourd’hui une mauvaise image de la CGT qui a été accusé par les médias d’être faite de "professionnels de la casse" et d’ "opposants stériles". Comment expliquer que le premier syndicat de France ait une telle image ? Dans quelle mesure peut-on la lier à la crise ?

La cote d'opinion de la CGT

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Hubert Landier : Il est certain que depuis 2008 les Français sont soumis à un approfondissement de la crise qui provoque beaucoup de licenciements et donc de tensions sociales. Le problème de la CGT est que nous ne la percevons qu’à travers les nombreuses restructurations ou négociations qui se sont mal passées comme chez Citroën à Aulnay-sous-Bois ou chez Goodyear. C’est cela qui finit par donner de la CGT une image radicale et jusqu’au-boutiste. Pourtant, certains syndicats CGT au sein des entreprises s’efforcent bien souvent de trouver des solutions constructives mais les plus modérés ne sont pas les plus visibles et les plus visibles sont les radicaux.

Quelles sont les conséquences de cette dégradation d’image ? La CGT est-elle une sorte d’indicateur du rapport des Français à leurs syndicats ?

Le caractère dominant de la CGT fait que son image rejaillit en général sur l’ensemble du syndicalisme français. Le principal reproche qui est fait à ce dernier est le fait qu’il soit trop politisé, ce qu’il a effectivement longtemps été notamment par le biais de la relation quasi organique entre la CGT et le PCF. Cela a donc laissé un certain nombre de réflexes de lutte de classes et d’accusation envers le patronat qui ne sont peut-être plus tout à fait approprié à la situation actuelle qui n’est pas une crise du capitalisme mais une crise du monde industriel et de l’Occident, ce qui est complètement différent. Il y a une malgré tout une grande différence entre les affaires qui créent l’image de la CGT et ce qui se passe dans les entreprises qui bien souvent entre dans le jeu de la négociation et des accords. Mais c’est beaucoup moins visible.

La perte de confiance des Français dans les syndicats est-elle structurelle ?

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Ce qui est frappant dans la situation actuelle, c’est le niveau de résignation dont font preuve les Français dans leur comportement face à celle-ci. Ainsi, seuls se révoltent ceux qui sont bénéficiaires de statuts  ou de rentes de situation  qu’ils ont peur de prendre, et d’autres part, il y a ceux qui n’ont rien à perdre et qui ont déjà perdu leurs emplois et qui ont peur, bien souvent à juste titre, de ne jamais en retrouver. Entre les deux, il y a de la résignation qui ne débouche pas à une action collective et les syndicats sont donc paralysés par ce phénomène. On l’a notamment constaté avec la manifestation du 5 mars dernier organisée avec FO qui n’a pas vraiment rempli les rues. Il y a donc un désengagement croissant des employés, une sorte de "chacun pour soi" qui ne peut pas donner lieu à une action collective qu’elle soit de position, comme à la CGT, ni de construction ou de solution comme c’est le cas au sein de la CFDT.

Peut-on retrouver celle-ci en réinventant le syndicat ?

Cela ne pourra passer que par une action à très long terme car le syndicalisme français est aujourd’hui prisonnier de ses traditions, de ses habitudes et de ses certitudes. Il faudra au moins une voire plusieurs générations pour arriver à cette renaissance tant le syndicalisme de demain devra être autre que celui d’aujourd’hui. Le syndicalisme est mort, vive le syndicalisme de demain. Celui-ci devra passer par les réseaux sociaux, par de nouveaux services et surtout par des solutions différentes de celles proposée depuis des dizaines d’années qui aujourd’hui ne font plus recette et ne correspondent plus au contexte socio-économique.

Méthodologie

Ce document présente les résultats d'une étude réalisée par l'Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l'enquête par sondage. Les enseignements qu'elle indique reflètent un état de l'opinion à l'instant de sa réalisation et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l'accord exprès de l'Ifop.

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Précision relative aux marges d’erreur

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

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