La correspondance Taylor-Montebourg : faire-part de décès de la marque France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La correspondance amoureuse Taylor-Montebourg est en fait un avis qui, si l’on n’y prend garde, tiendra lieu de faire-part.
La correspondance amoureuse Taylor-Montebourg est en fait un avis qui, si l’on n’y prend garde, tiendra lieu de faire-part.
©Reuters

Bercoff contre les tartuff

Arnaud Montebourg a répondu à Maurice Taylor en faisant l'éloge de l'attractivité industrielle française, mais également en taxant les propos du PDG de Titan d'"extrémistes" et "insultants".

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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La correspondance entre Maurice Taylor, le PDG de Titan et Arnaud Montebourg, le PDG du Redressement Productif, ne restera pas dans les annales des grands épistoliers de la littérature mondiale. Aussi n’est-elle point destinée à cela. Elle demeure, cependant, pour le moins remarquable en ce qu’elle expose, en lumière crue, les contradictions, effets pervers et occasions manquées du devenir industriel français.

Les deux correspondants sont dans leur rôle : l’homme d’affaires américain, brutal jusqu’à la caricature, Sylvester Stallone du pneu qui veut donner des leçons aux frenchies paresseux et improductifs. Le socialiste qui en appelle aux mânes de Lafayette, au drapeau tricolore et à la fierté nationale insultée par un gros mangeur de hamburgers qui n’arrive même pas à la cheville de Michelin.Subtilité française, vulgarité US.

Reste l’essentiel, la vedette à peine cachée de l’échange : les syndicats. Les commentateurs français n’ont pas attendu Maurice Taylor pour dénoncer l’immobilisme du syndicat CGT de l’entreprise Goodyear d’Amiens Nord, qui aurait, depuis des années, bloqué toute tentative de changer les règles de travail, de salaire et de productivité dans l’usine, au nom d’une défense des salariés qui se transforme aujourd’hui en déroute, faute d’alternative. Cet exemple n’est hélas pas le seul : chacun sait que depuis plus de trente ans les règles du jeu économique mondial ont été complètement bouleversées et que nos représentants de droite comme de gauche ont répété à Madame la Marquise que tout allait bien : « les riches paieront » disent les uns, « l’Allemagne paiera » clament les autres. D’Aulnay à Florange, de PSA en Pétroplus, la litanie des fermetures et la question lancinante, permanente, létale : comment naviguer le plus victorieusement possible entre des Asiatiques qui cassent les prix et des délégués qui cassent la rentabilité ? Seconde question à 100 milliards d’euros : comment empêcher les richissimes investisseurs du CAC 40 de jouer au Monopoly sur toute la planète, en se foutant éperdument du devenir de tel ou tel groupe humain pour aller, comme toujours, vers le meilleur marché ?

A cela, pas de réponse miracle, mais toujours plus d’innovations, d’inventions, de recherches et de développements d’entreprises, mais aussi, évidemment, de régulation et de gouvernance internationales. Toujours moins de bureaucratie, d’obésité étatique, de dépenses somptuairement inutiles. Cela exige les mots pour le dire et le courage pour le faire. Incontournables travaux d’Hercule : la correspondance amoureuse Taylor-Montebourg est en fait un avis qui, si l’on n’y prend garde, tiendra lieu de faire-part.

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