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Le tournis : qui est encore capable de cerner la politique économique de la France face au double langage permanent de François Hollande ?
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Cette semaine, Serge Federbusch revient sur le voyage du président en Grèce, mais aussi sur la guerre au Mali vue par Nicolas Sarkozy...

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 – Le double langage de Hollande le fait perdre sur deux tableaux.

Pour mieux agir dans l’ambiguïté et tromper son monde, notre président a coutume de dire tout et son contraire. Les exemples foisonnent. Il ouvre des professions supplémentaires au travail des Roms mais les expulse comme jamais, hausse le plafond du livret A et baisse son taux, dénonce la Françafrique et vole au secours d’un régime issu d’un coup d’Etat au Mali, augmente les impôts des entreprises d’une main pour les baisser de l’autre en finançant ce tour de passe-passe par une attitude inverse avec la fiscalité des particuliers, cf la TVA qui descend puis qui monte ou la taxe sur la bière instaurée alors que celle sur les oeuvres d’art reste dans les cartons à dessins. C’est à donner le tournis et il n’est pas sûr qu’il s’y retrouve lui-même.

La question cruciale de la politique économique de la France en Europe est marquée par la même duplicité. Sauf que, là, Mou-Président joue dans la cour des grands et que la ruse tourne vite à l’incurie.

Le voilà donc dénonçant il y a deux jours l’austérité dans un voyage en Grèce. Cherche-t-il le soutien de ce pays dont l’influence et la puissance sont à leur maximum face à l’Allemagne ? Quasiment au même moment, à Bruxelles, ses ministres capitulent en rase-campagne et annoncent à nos partenaires que les Français vont se serrer la ceinture comme jamais. Marchant en robe de bure et la corde autour du coup afin que Merkel et Draghi avalisent un déficit budgétaire éloigné des prévisions irréalistes à 3 % du PIB que Moscovici continue seul d’ânonner, Hollandréou prépare, par lettres de cadrage, le tour de vis qui l’entraînera vers les abysses de l’impopularité.

Qui va trinquer ? On aimerait bien toiser les familles nombreuses ayant encore quelque revenu et pour cela on envoie Migaud, de la Cour des comptes, au charbon pour suggérer de fiscaliser leurs allocations. Tant qu’à faire, autant dissoudre le gouvernement et le remplacer par l’assemblée de la rue Cambon, cela fera gagner du temps aux correspondants de presse qui s’ennuient ferme à Matignon.

Retraités, chômeurs, salariés en tout genre, consommateurs d’électricité : gare à vos abattis et vos petites économies ! Dès que le détail de ces fameuses lettres de cadrage sera connu, les fonctionnaires, socle électoral de la gauche de gouvernement, vont pouvoir commencer à vraiment s’inquiéter.

Mais tout ceci sera-t-il d’une quelconque utilité ? Non, hélas. Car, c’est une seconde nature, Mou-Président ne peut agir que dans la demi-mesure et le plus tard possible. Et, comme ses rodomontades n’inquiètent plus personne à l’étranger, l’euro se porte comme un charme, plombant plus que jamais la frêle compétitivité des entreprises françaises.

Enfin ... il y a quand même un début de soupçon sur les marchés car les taux d’intérêt des obligations du trésor français ont retrouvé une pente ascendante et la différence de rémunération avec les bons allemands s’accroit.

C’est ainsi : tôt ou tard, le double langage fait perdre sur les deux tableaux. Né trop mou dans un monde trop dur …



2 – La guerre Mali-Hollandaise vue par Sarkozy

Qu’il était bien ce Sarkozy ! A en croire les indiscrétions qui pimentent les gazettes, l’ancien président s’irrite de ce que les médias et son propre camp aient gobé sans tousser la version officielle de l’intervention française au Mali. Pour lui, on a volé au secours d’un régime peu recommandable et frappé sans distinction des Touaregs pouvant légitimement combattre un régime oppressif et des islamistes cachés au milieu d’eux. Il est rafraîchissant de lire pareille nouvelle et de constater que la droite conserve quelque part un leader doté d’une certaine lucidité. S’il devait revenir pour effectuer un ultime mandat, espérons que, ne devant plus rien à personne, il entreprenne enfin ce qu’il n’a pu, su ou voulu faire auparavant.

En attendant, que se passe-t-il du côté de Bamako ? Aïe, on commence à déplorer des pertes, c’était donc une guerre pour de vrai ! Les insaisissables ennemis auxquels nous avons livré une bataille largement virtuelle commencent-ils à sortir de leurs cachettes ? Combien tout cela coûte-t-il vraiment (on évoque 70 millions d’euros ce qui paraît bien faible) et qu’adviendrait-il si la France réduisait sa présence sur place ? Toutes ces questions restent en suspens. Elles vont pourtant se poser alors que le « livre blanc sur la défense » s’inscrit dans un contexte de disette budgétaire, les crédits affectés aux armées étant gelés en 2013 et 7.234 emplois supprimés. N’ayant pas l’habitude de voter socialiste, les militaires sont en effet aux avant-postes de la guerre contre les dépenses publiques que le gouvernement va devoir conduire sous le haut commandement de Bruxelles et Berlin.


3 – Cumul des mandats : diversion en péril

Ah, qu’est-ce que cela aurait eu comme gueule un beau petit referendum après une bonne année d’interminables débats sur le cumul des mandats ! Pendant ce temps, la cruelle situation économique se serait éloignée des « unes » des journaux.

« Souhaitez-vous interdire à votre maire et à votre président de conseil général ou régional l’appartenance à l’Assemblée nationale ou au Sénat ? » La question, malgré le ressentiment des Français contre Super-Normal, aurait reçu à coup sûr une réponse positive et plongé la droite et le centre dans les affres de la division, tiraillés qu’ils auraient été entre la tentation de dire non à Hollande et le risque de se mettre en porte-à-faux avec l’opinion majoritaire.

Lui-Président aurait pu y vivre comme le match retour du referendum européen de 2005 où, volant au secours de Chirac, il avait fini par se voir désavoué par les électeurs.

C’était ce qu’on appelle perdre sur deux tableaux. Déjà.


4 – Un monde de brut

Les prix à la pompe sont repartis à la hausse et flirtent avec leur niveau record d’avril 2012, quand le candidat Hollande avait promis de les geler. On s’en souvient, après bien des tergiversations, le gouvernement, en août, avait mis en place un système d’aide venu désormais à échéance. Pas de chance, c’est le moment qu’a choisi le prix du baril pour repartir à la hausse ! Bercy avait promis un autre dispositif en cas d'emballement de l'or noir. C’est bizarre, mais les médias ne le lui rappellent pas ...


5 - Haschisch parmentier à la viande de cheval

Au bout d’un mois, les effets sondagiers de la drôle de guerre au Mali sont dissipés et la cote de Hollande repique du nez. Même le mariage pour tous les médias ne suffit plus.

L’épouvantable scandale des lasagnes au cheval et la douleur des deux papas en colère perchés sur des grues a tenu en haleine les lecteurs de Libération, du Nouvel Obs et du Monde pendant au moins … quatre jours. Tous ces dérivatifs se périment trop vite et la presse gouvernementale doit faire des efforts héroïques pour trouver les sujets qui enverront les chômeurs et futurs chômeurs qui les lisent dans les paradis artificiels où la gauche est encore synonyme de progrès.

Libération a eu une idée : il faut relancer le débat sur la légalisation de l’usage du cannabis ! Cela valait assurément une couverture. Comme, par chance, ce n’était pas un jour où les kiosquiers ou Presstalis avaient décidé de ne pas diffuser les journaux, les quelques soixante-huitards qui tournent encore les pages du quotidien fondé par un homme qui tentait de s’adresser aux ouvriers de l’automobile purent humer le parfum de leur vaporeuse jeunesse.

Bon, ceci dit, fume ton joint et fous nous la paix Libé !



6 - La bielle de Cadix a l'essieu de velours !

Après avoir pourri l'existence des automobilistes et puisqu'il lui faut inventer quelque chose pour exister dans l'ombre de Delanoë, Hidalgo entend faire vivre désormais un enfer aux chauffeurs de camions, motards et scootards de Paris. La goutte d'huile qui fait déraper le Vélib' ?

Dans Direct Matin, journal de Bolloré, exploitant d'Autolib' - c'est sans doute le fait du hasard - Hidalgo n'y va en effet pas par quatre pédales : cette usine à gaz électrique à roulettes est dit-elle une "invention majeure qui contribue à faire baisser le trafic automobile" ! On attend les statistiques alors qu'il a été déjà relevé que les utilisateurs d'Autolib" étaient surtout des anciens usagers des transports en commun et des taxis ...

Elle veut aussi : "revoir l’espace accordé aux deux-roues motorisés, avec de nouvelles mesures de sécurité." Inutile de faire un dessin aux motards et assimilés : la sécurité comme la pollution ont toujours été les prétextes mis en avant par les Delanoistes pour plonger les rues de Paris dans la paralysie.

Hidalgo n'a sans doute pas jeté un coup d'oeil depuis longtemps à une station Vélib' car le spectacle du nombre croissant de bicyclettes inutilisables et dans un état de décrépitude avancé aurait tempéré ses ardeurs. Quant au coût dispendieux pour la mairie de ce service, dont il faudrait repenser l'organisation, il n'a égal que celui d'Autolib'. Mais ces considérations sont sans influence sur la bielle de Cadix qui a décidé de sortir son essieu du velours pour en frapper les scootards, motards et chauffeurs de camions.

C'est comment qu'on freine ?


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