Les leçons à tirer de l'affaire Findus pour imaginer l'agriculture de demain <!-- --> | Atlantico.fr
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A quoi ressemblera l'agriculture de demain ?
A quoi ressemblera l'agriculture de demain ?
©DR

Nettoyeur

Cette semaine, Pascal-Emmanuel Gobry dresse le portrait de ce que pourrait être l'agriculture de demain : une agriculture qui doit continuer à augmenter sa productivité tout en protégeant nos ressources naturelles. Est-ce possible ? Oui.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Nous mangeons du cheval. L'affaire Findus et ses retentissements mettent en lumière le fait que l'agriculture moderne est composée de chaînes logistiques très complexes, et parfois peu transparentes - même de ceux qui les dirigent. Il ne faut pas oublier que, loin d'être auteur d'une supercherie, Findus a découvert et (admirablement) révélé la fraude après avoir mis en place des tests ADN sur ses fournisseurs pour assurer une meilleure qualité.

Plutôt que de ferrailler contre les préjugés anti-capitalistes que cette affaire est sans-doute entrain de déchaîner, j'aimerais plutôt esquisser un portrait de ce que pourrait être l'agriculture de demain.

Avant demain : hier. L'agriculture est le début de la civilisation humaine. C'est en devenant agriculteur que l'homme a commencé à devenir comme maître et possesseur, et non plus sujet, de son environnement. A son tour, depuis ce début, l'histoire de la civilisation est une histoire d'augmentation progressive de la productivité de l'homme. Grâce aux évolutions technologiques et d'organisation humaine (invention du droit, de l'Etat, du marché...) chaque homme est devenu capable de faire plus avec moins, de manière relativement ininterrompue.

La rupture de la Révolution industrielle est en réalité une rupture de la Révolution agricole : parce que l'agriculture devient de plus en plus productive, de plus en plus de gens peuvent se consacrer à d'autres activités, transformant ainsi notre productivité. Et cette productivité a continué de croître, faisant mentir les malthusiens et déclinistes, et permettant à une infime minorité de la population de nourrir tout le monde très bien, alors qu'avant il fallait presque tout le monde pour nous nourrir plutôt mal. L'industrie subit actuellement le même phénomène, avec augmentation de la productivité et baisse de l'emploi, phénomène qu'il faut saluer.

Aujourd'hui l'agriculture doit continuer à augmenter sa productivité tout en protégeant nos ressources naturelles. Est-ce possible ? La réponse est oui. La modification génétique des organismes (processus aussi vieux que la civilisation avec les croisements) premet des avancées formidables de productivité.

Mais surtout, on peut imaginer de nouveaux modes d'organisation de l'agriculture qui en sont aujourd'hui à leurs balbutiements.

Un exemple est la viande artificielle. Le produit alimentaire qui consomme le plus d'énergie est la viande, et si le végétarianisme reste minoritaire en Occident, il l'est encore plus dans les pays émergents où des centaines de millions de gens sortent de la pauvreté et pour qui le fait de manger de la viande est un signe de richesse et de succès. La startup californienne Beyond Meat produit de la viande artificielle à partir de protéines de plantes et, apparemment, leur blanc de poulet est presqu'indistinguible de l'original. Si la viande artificielle devient un produit sanitairement, gustativement et économiquement convaincant, nous pourrons tous manger de la viande pour pas cher et sans conséquences écologiques.

Un exemple encore plus encourageant est celui des fermes verticales. Rien ne dit qu'un produit agricole doit pousser dans de la terre au soleil, bien au contraire : nous avons tous, en cours de biologie au collège, fait pousser des lentilles dans un bocal avec de la mousse, de l'eau et du soleil. Des graines plantées dans un sol artificiel enrichi de nutriments et avec un éclairage UV calibré peuvent parfaitement faire de très bons légumes, voire meilleurs que ceux auxquels nous sommes habitués, étant donné l'environnement parfaitement contrôlé. Cette agriculture en circuit fermé permet de recycler presque tout et augmente l'efficacité. Une fois le processus maîtrisé, ces serres artificielles peuvent être empilées : des gratte-ciels agricoles. Les fermes verticales peuvent ainsi libérer une quantité incroyable de terrain aujourd'hui utilisé, augmenter la productivité agricole et réduire drastiquement l'impact écologique. Le concept de ferme verticale permet de se rendre compte qu'il n'y a absolument aucune limite à la quantité de nourriture que nous pouvons produire pour nous nourrir, et donc aucune limite à la croissance.

Ca fait deux siècles que les malthusiens ont tort, parce qu'ils ont sous-estimé le génie humain en général, et agricole en particulier. Dans la plupart des critiques de l'agriculture contemporaine (surtout en Europe) se trouve un substrat de malthusianisme. Les malthusiens ont eu tort et ils continueront à avoir tort.

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