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L'Eurovision en Azerbaïdjan : flonflons et répression
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Revue de blogs

Les finales de l'Eurovision ont débuté et culmineront samedi prochain à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. En coulisses et sur le Net se déroulent des bagarres beaucoup moins sucrées entre l’Azerbaïdjan officiel, déterminé à exploiter cette occasion unique d'enjoliver son image, et les opposants et organisations des droits de l'Homme, qui veulent dénoncer l'oppression et la corruption. Cible : 300 millions de téléspectateurs.

Depuis lundi soir 21 mai, l'Eurovision s'échauffe. Bakou, en Azerbaïdjan, accueille cette année l'incoulable festival de la chansonnette car il a remporté ce prix l'an dernier avec un duo de chanteurs azéri. Sur place, à Bakou, les concurrents répètent déjà mais lundi, des poignées d'opposants ont joué leur va-tout en manifestant à Bakou devant les caméras étrangères. Ils sont appuyés par toutes les associations internationales de défense des droits de l'Homme, qui ont eux aussi lancé leurs contre-campagnes et veulent profiter d'une semaine d'exposition médiatique inespérée pour rappeler ce qu'est aussi l'Azerbaidjian, pays riche en pétrole et très pauvre en liberté politique, où l'on estprésident à vie et de père en fils

 La charge des médias britanniques

Côté officiel, le concours déroule une série de blogs et sites sucrés dans toutes les langues. Sur le blog en français, l'article du jour est titré : Azerbaidjian, simplicité et émotion. Lundi soir aussi, le mot clé #azerbaidjian est apparu dans les Trending Topics de Twitter, mais pas pour les raisons que l'ont attend : les médias britanniques étaient en train de diffuser une succession de reportages pré-Eurovision virulents. La chaîne Channel 4 a mené une charge en règle avecun reportage sur l'incarcération et les intimidations des manifestants azéri, suivie par l'émission phare d'investigation de la BBC, Panorama, qui a diffusé une enquête sur la corruption et les violences entraînées par les préparatifs de cet Eurovision.

Prêt pour l'Eurovision : affiche dans une rue de Bakou la capitale,
photo du site Human Right Watch

Ce rappel à la réalité est le fruit de l'activisme des grandes centrales de défense des droits humains, qui se consacrent toutes, cette semaine, à l'Azerbaïdjian, en général oublié par leurs militants. Human right watch, Amnesty International,Index on Censorship, appuyés par des pétitions, sont en ordre de bataille. Amnesty International promet même d'être sur place lors de la fête de la chanson, pour réclamer sur place la libération de 17 prisonniers d'opinion.

La brutalité et la censure au pouvoir

Le contraste est frappant entre les flonflons du concours et les informations relayées par ces associations. Sur son site, Channel 4 propose par exemple une carte-guide du côté obscur de Bakou : le lieu du meurtre inexpliqué de l'écrivain Rafiq Tagi, assassiné à l'arme blanche en novembre 2011, celui de l'agression deIdrak Abbasovk, reporter d'investigation passé à tabac sous les yeux de la police. Jabbar Savalan, Eynulla Fatullayev, Khadija ismayilova, sont d'autres noms de blogueurs ou journalistes emprisonnés ou menacés. Une équipe de télévision suédoise a récemment été expulsée du pays. Mais le gâteau d'anniversaire du président, servi à la population, fait chaque année quelques mètres de plus...

Le cas des "Donkey bloggers" (blogueurs à l'âne) résume l'attitude du régime envers la liberté d'expression sur Internet, dans un pays ou Skype est considéré comme "une menace à la sécurité intérieure". 

Les Donkey Bloggers 

En 2009, Emin Milli et Adnan Hajizade étaient deux jeunes Azéris qui s'amusaient sur Internet. La vidéo satirique ci-dessus, où l'un d'eux déguisé en âne félicite le gouvernement azéri de bien traiter les ânes du pays, leur a valu d'être arrêté en juillet 2009 pour "hooliganisme" et condamnés à deux ans et deux ans et demi de prison. Ils ont été libérés sous condition fin 2011, grâce aux pressions internationales.

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