Quand l’esthétique impose sa mécanique et quand la technique se présente comme angélique : c’est l’actualité des montres en mode tricolore<!-- --> | Atlantico.fr
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Un bouquet printanier au poignet, histoire de patienter en attendant la fin de l’hiver, dans six semaines…
Un bouquet printanier au poignet, histoire de patienter en attendant la fin de l’hiver, dans six semaines…
©Gregory Pons

Atlantic-Tac

Mais aussi les minutes qui reculent d’une grande « petite marque », les instruments de bord qui passent du cockpit au poignet, le sacre des codes sportifs nés dans les années 1970 et des fleurs qui hésitent entre le style hippie et la toile de Jouy…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BELL & ROSS : Du cockpit au poignet…

La maison française Bell & Ross a marqué l’histoire des montres contemporaines en se plaçant à un point de tension maximale entre l’hyperfonctionnalité des instruments de bord et les canons classiques de l’esthétique horlogère. Avec la nouvelle BR 03-92 Bi-Compass, on passe directement « du cockpit au poignet » – et personne ne s’en plaindra, puisqu’il n’y a pas plus logique et plus lisible qu’un cadran aéronautique, conçu pour délivrer au premier coup d’œil les informations les plus essentielles. Dans cette dialectique permanente qui se joue au poignet entre l’œil et le cerveau, les couleurs jouent un grand rôle. Sur cette BR 03-92 Bi-Compass, un disque porteur d’une flèche verte qui se déplace au centre du cadran pour indiquer les heures. Au niveau supérieur, une aiguille pour les minutes gravées autour du cadran. Puis une fine aiguille qui tourne au-dessus de l’ensemble pour marquer les secondes. Un petit guichet pour la date (on aurait s’en passer). Le tout dans des tons noir mat de la céramique d’un boîtier de 42 mm, réveillé par le sablé luminescent (couleur « coquille d’œuf) des aiguilles et des chiffres : difficile de faire plus fonctionnellement « instrumental » – ce qui est précisément la mission de Bell & Ross dans le paysage horloger contemporain…

ICE-WATCH : Les premières fleurs du printemps

En pleines bourrasques de neige, un semis de fleurs au poignet donne un peu d’avance au printemps : Ice-Watch l’a bien compris avec une collection Ice Flower qui chasse la grisaille plombée de l’hiver. Des fleurs qui ne se faneront pas de sitôt et des pétales aussi doux que les bracelets en silicone. Des montres à cueillir comme des bouquets champêtres, avec des cadrans qui ressemblent parfois à des broderies dédiées au temps qui passe. Hippie ou toile de Jouy ? Tout dépend de son humeur du jour. Sur l’Ice Flower Precious, on remarque même les éclats d’une rosée dont les gouttes sont autant de cristaux Swarovski. Pour moins d’une centaine d’euros, on retrouve assez de moral pour tenir le coup jusqu’au prochain printemps, dans six semaines [précision : contrairement aux autres marques de cette chronique, toutes d’essence française, Ice-Watch est bien une maison tricolore, mais belge – noir, or, rouge]

RESERVOIR : La grande « petite marque » tricolore…

Pilotée avec beaucoup d’habileté par une équipe de passionnés qui s’efforcent de ne rien laisser au hasard, Reservoir est la grande « petite marque » indépendante française. Si les montres sont pour l’instant Swiss Made, parce que c’est (provisoirement) plus sérieux, mais surtout parce que l’horlogerie française ne dispose pas encore de mouvements mécaniques dignes de ce nom – ça vient, on vous le jure ! La maison n’a guère plus de deux ans, mais son parcours impressionne, avec un réseau de distribution international qui s’étoffe, une première exposition réussie à Baselworld et des partenariats originaux comme le parrainage horloger du premier show aérien français Air Legend. C’est que la référence aéronautique nourrit les créations de la marque, dont les cadrans affirment une identité marquée par leur style « instrumental ». Sur ce boîtier en acier de 39 mm, donc très portable de 39 mm (41,5 mm en or), les minutes se lisent sur une sorte de compteur en éventail sur 240°, les heures « sautant » toutes les soixante minutes dans un guichet à six heures ; en bas du cadran, une réserve de marche qui ressemble à une jauge. Pas de doute, cette Longbridge (annoncée à 3 750 euros) marie une certaine idée de l’élégance classico-britannique et une vraie originalité mécanique (Reservoir a développé un module pour parvenir à cet affichage), le tout complété et lié par une « touche française » très contemporaine. Ces montres-compteurs savent nous raconter de bien jolies histoires…

CHANEL : Une rétro-nostalgie masculine qui noircit le tableau…

Le moins qu’on puisse dire est que Chanel n’est pas, spontanément, la plus virile des marques horlogères, d’où sa difficulté bien naturelle à créer des « vraies » montres masculines. À de rares exceptions près, les déclinaisons masculines de la célèbre J12 [conçue à l’origine comme une « sportive chic » pour les garçons] ont toujours manqué d’une légère dose de testostérone. On attendait donc Chanel au tournant avec sa montre Monsieur, lancée en 2016 pour repenser les canons masculins de l’horlogerie classique. Pour une fois, on partait de la mécanique [un mouvement « maison », spécialement dessiné pour exalter les codes stylistiques et intemporels de Chanel] pour arriver à l’idée d’un boîtier rond, élégant et sobre, avec un cadran capable de traduire une certaine idée de l’originalité Chanel. C’est l’esthétique qui a imposé sa vision mécanique d’un temps très masculin. Bel exercice de créativité « genrée » et bel exemple d’intelligence française appliquée à des objets du temps. La version 2019 de la montre Monsieur a conservé l’harmonie symétrique de son heure « sautante » (guichet à six heures), de ses minutes rétrogrades décentrées sur 240° et de sa « petite seconde » centrale, mais en les mettant en valeur sur un cadran superbement grainé et avec un boîtier en céramique noire légèrement satinée. Autant dire que la démonstration opérée par cet habit noir est virilement convaincante : il n’y en aura de toute façon que 55 pièces – pour le monde entier ! – de cette Monsieur parée de noir (comptez dans les 35 000 euros pour en décrocher une), qui parvient même à s’enrichir d’une discrète teinte de rétro-nostalgie en évoquant les montres de poche d’une époque qui ne connaissait pas Chanel…

MICHEL HERBELIN : Le vintage français se jette à l’eau…

La collection Cap Camarat ne cache pas sa génétique très marquée par les années 1970 : cadran bleu à rainures horizontales, bracelet intégré dans le boîtier en acier de tendance hexagonale, à « table » plate et pans coupés, lunette à six vis, index biseautés – les seventies sont de retour ! Le design a été affiné, la taille est plus contemporaine (42 mm), les aiguilles sont plus affirmées et une date a été ajoutée au mouvement électronique de ce chronographe très sportif, étanche à 100 m et facturé autour des 750 euros. Le mot « France » sur le cadran affirme cette fidélité à l’histoire d’une marque familiale française enracinée dans sept décennies de tradition. Dans les années 1970, on ne parlait pas encore de « sport chic » : c’est normal, ce sont des montres comme la Cap Camarat qui ont inventé sans nous l’avouer cette discipline horlogère aujourd’hui très courue…

CHRISTOPHE CLARET : Plus diabolique qu’angélique…

Que serait la haute horlogerie suisse sans ses « sorciers » mécaniques… français ? L’un des plus fameux est Christophe Claret, maître-horloger français qui œuvre sous son nom depuis dix ans après trente ans de mercenariat pour les grandes marques suisses dont il concevait les montres à grandes complications. Une passion pour les hautes mécaniques dont il nous administre une démonstration pour la montre-anniversaire de ses dix ans d’indépendance : si elle porte le nom oxymorique d’Angelico, c’est peut-être parce qu’elle est satanément compliquée – et on ne vous parlera du prix, forcément à six chiffres ! Tout en admirant cette architecture mécanique exceptionnelle, largement dévoilée sous le verre saphir, on ne tentera pas non plus de tout vous dévoiler des subtilités de cette Angelico : sachez simplement qu’il s’agit d’un « tourbillon à échappement longue détente avec fusée câble », soit un exploit qui n’avait encore jamais été dans une montre-bracelet. Le « tourbillon », c’est le dispositif qui tourne majestueusement – une révolution en six minutes – dans le bas de la montre (à six heures) pour en régler la précision et laisser admirer son exceptionnel échappement à longue détente. Ce n’est pas tout : il ne faut pas manquer la « fusée » (à une heure) dont le profil conique délivre à l’échappement de la montre une force constante, grâce au câble (rouge) qui transmet l’énergie stockée dans le double barillet (à dix heures). Ah oui, au fait, comment lit-on l’heure sur cette montre qui a recueilli et magnifié l’héritage des anciens chronomètres de marine sans lesquels la conquête des océans aurait été impossible ? Pour une fois, c’est tout simple : pour les heures de référence, c’est en bas à gauche (vers sept heures) ; pour un second fuseau horaire, c’est en bas à droite (vers cinq heures). En prime, un indicateur jour/nuit pour ces deux affichages de l’heure ! Et les minutes pour cette montre de grand voyageur dans les méandres du temps ? Elles sont pointées par une aiguille périphérique ornée d’un rubis naturel ou d’un saphir, selon les versions de la montre. On commence à mieux comprendre les six chiffres du prix de cette Angelico d’une diabolique précision…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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Lien : https://businessmontres.com/

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