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Comment les assistants personnels d’Amazon et de Google dominent la tech 2019
©ROBYN BECK / AFP

Minute Tech

Au CES, les gadgets ne manquent pas : téléviseurs intelligents, E-santé, maison connectée, voitures, pianos et même des toilettes intelligentes. Et ce ne sont là que quelques exemples d'appareils dotés d'assistants à commandes vocales…

Franck DeCloquement

Franck DeCloquement

Ancien de l’Ecole de Guerre Economique (EGE), Franck DeCloquement est expert-praticien en intelligence économique et stratégique (IES), et membre du conseil scientifique de l’Institut d’Études de Géopolitique Appliquée - EGA. Il intervient comme conseil en appui aux directions d'entreprises implantées en France et à l'international, dans des environnements concurrentiels et complexes. Membre du CEPS, de la CyberTaskforce et du Cercle K2, il est aussi spécialiste des problématiques ayant trait à l'impact des nouvelles technologies et du cyber, sur les écosystèmes économique et sociaux. Mais également, sur la prégnance des conflits géoéconomiques et des ingérences extérieures déstabilisantes sur les Etats européens. Professeur à l'IRIS (l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques), il y enseigne l'intelligence économique, les stratégies d’influence, ainsi que l'impact des ingérences malveillantes et des actions d’espionnage dans la sphère économique. Il enseigne également à l'IHEMI (L'institut des Hautes Etudes du Ministère de l'Intérieur) et à l'IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale), les actions d'influence et de contre-ingérence, les stratégies d'attaques subversives adverses contre les entreprises, au sein des prestigieux cycles de formation en Intelligence Stratégique de ces deux instituts. Il a également enseigné la Géopolitique des Médias et de l'internet à l’IFP (Institut Française de Presse) de l’université Paris 2 Panthéon-Assas, pour le Master recherche « Médias et Mondialisation ». Franck DeCloquement est le coauteur du « Petit traité d’attaques subversives contre les entreprises - Théorie et pratique de la contre ingérence économique », paru chez CHIRON. Egalement l'auteur du chapitre cinq sur « la protection de l'information en ligne » du « Manuel d'intelligence économique » paru en 2020 aux Presses Universitaires de France (PUF).

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Atlantico : Les assistants personnels sont les stars du CES 2019 de Las Vegas qui vient de fermer ses portes. « Google home » et « Alexa », l'assistance vocales intelligente d’Amazon, sont en pole position dans ce registre. Peut-on parler d'une véritable normalisation des assistants personnels ? Quelle est leur efficacité à l'heure actuelle ?


Franck DeCloquement : Au dernier CES 2019 de Las Vegas, le salon qui regroupe des milliers de start-up et de géants de la Tech, les gadgets ne manquent pas, en effet. Aucune annonce fracassante cette année, sinon dans l’univers des écrans et celui des transports. Cette dernière édition affirme les progrès notables des constructeurs dans certains domaines, comme l’audio et la vidéo. Et il semble bien que les assistants vocaux devenus incontournables aient définitivement fait le show cette année. 
Pléthore de téléviseurs asservis, de parasols de jardin contrôlés à la voix, de voitures connectées, de pianos, et même des toilettes intelligentes… Et ce ne sont là que quelques exemples emblématiques d'appareils dotés d'assistances à commandes vocales… Cette année, un bus non officiel amenait même en « off » certains visiteurs du salon jusqu’au portail d’une maison de prostitution - légale aux Etats-Unis - où étaient installées des chambres de « sex tape » contrôlées par l’assistant virtuel d’Amazon… Certains produits ne conviennent à aucune catégorie existante et n’auraient pas dû être acceptés, s’est d’ailleurs justifié la CTA (Consumer Technology Association), qui organise l’événement. À l’image de l’incongru sex-toy féminin nommé « Osé » de la jeune entreprise Lora Dicarlo, qui pensait pourtant faire découvrir au grand public, ce robot qui « simule les sensations procurées par les doigts, la bouche et la langue » et « promet l’orgasme sans utiliser les mains »... D’abord primé le 12 octobre 2018 dans la catégorie « Robotique et Drones des CES Innovation Awards », son prix lui a depuis été retirée, et le produit a été banni du salon…
Présenté par « Jabra », le casque audio à réduction de bruit Elite 85h de son côté innove en embarquant son propre système « d’intelligence artificielle ». Celui-ci adapte en outre son volume en fonction de scénarios spécifiques, grâce à l'intelligence artificielle notamment. Ici, on peut évidemment convoquer « Google Assistant » ou « Alexa » d’Amazon, comme sur le casque Bose QC35 II. Mais avec son système « Smart Sound », l’appareil équipé de huit micros détecte plus de 6000 caractéristiques sonores ambiantes, ce qui lui permet d’adapter automatiquement la puissance du son qu’il diffuse avec l’environnement extérieur. Passer d’une rame de métro très bruyante à un environnement sonore beaucoup plus paisible ou feutré devrait maintenant s’effectuer de façon beaucoup plus naturelle et harmonieuse. Et de surcroit, sans avoir à jouer constamment avec le bouton « volume » de son smartphone… Lancement sur le marché de ce nouvel objet « intelligent » en avril 2019. 

Se dirige-t-on dans un avenir proche vers un quotidien géré par ces assistants personnels ?


Globalement, un assistant intelligent est en mesure de nous permettre d’interagir avec tous nos appareils connectés, dès lors que nous prononçons le mot magique. Mais aussi de nous apprendre de très nombreuses choses. Il est ainsi capable d'interaction vocale, de lire de la musique, faire des listes de tâches, régler nos alarmes, lire nos podcasts et nos livres audio, de nous donner la météo, la densité du trafic routier et d'autres informations de même acabit en temps réel. « Alexa », l'assistance vocale intelligente d’Amazon, peut par exemple contrôler plusieurs appareils intelligents concomitamment en faisant office de « hub » domotique. L’assistant intelligent comprend tout ce que vous dites, tant que vous utilisez un langage intelligible, simple et courant : il vous diffusera les flashes infos à la demande, enregistrera vos listes de courses, et pourra même effectuer vos propres recherches sur Wikipédia à votre place… Dites « Alexa » à l'assistance vocales intelligente d’Amazon, et de sa voix synthétique, elle vous dira alors tout ce que vous voulez savoir... Plus besoin non plus d’avoir votre agenda sous les yeux puisqu’elle enregistrera vos rendez-vous pour vous. Elle vous les rappellera même de surcroit, en temps et en heure. Ses micros peuvent rester en veille et ne jamais s’éteindre… Vous êtes connecté en permanence à elle, pourquoi alors vous soucier de votre vie privée ? Cependant, pas de panique, si vous ne voulez pas que vos disputes ou vos éclats de voix soient enregistrés à votre insu, vous n’aurez qu’à vous rendre dans les paramètres et supprimer les fichiers incriminant... Cependant, même si certains apprécient d’ores et déjà la présence de l’intelligence artificielle au quotidien, beaucoup d’utilisateurs se demandent toutefois légitimement si Amazon est bien le seul à pouvoir accéder à leurs données personnelles traitées au bout du micro... « Et si je ne suis plus seul désormais, qui est aussi dans la pièce avec moi ? Amazon ou NSA ? » À en croire certains esprits chagrins, Big Brother s’est d’ores et déjà introduit durablement par ce biais cognitif dans nos habitats et nos foyers. Affaire à suivre donc…

Le mois dernier, Amazon avait envoyé par erreur 1700 fichiers sonores enregistrés par une enceinte « Echo » à la mauvaise personne. Quel type de dérive potentielle est d’ores et déjà à craindre compte tenu de la diffusion galopante de tous ces objets connectés dans nos écosystèmes de vie moderne ?

Ces dérives sont nombreuses, hélas… La cybersécurité ne passe pas que par le choix raisonné d’un mot de passe sûr… Vulnérables, les objets connectés le sont à maints égards, et peuvent être exploités de manière particulièrement malveillante par les hackers de tous poils. Leur objectif étant à ce titre assez simple : prendre le contrôle, voler des données personnelles, ou s'attaquer aux infrastructures sur lesquelles ces objets sont connectés. En 2016, une attaque informatique exploitant des failles dans des caméras connectées avait d’ailleurs paralysé temporairement une partie du Web… Rendant Twitter, Spotify ou Netflix totalement inaccessibles plusieurs heures durant. 
Les assistants vocaux représentent à ce titre un danger potentiel supplémentaire de captation malveillante. Et en marge de certains choix industriels parfois discutables incombant à certains constructeurs - ou leur implémentation technique à travers des dispositifs complexes que nous avons souvent décrypté pour nos lecteurs d’ATLANTICO - « Acklio » qui était présente au CES 2019 est une start-up française qui veille justement sur la sécurité et l’intégrité de nos objets connectés. Elle développe à cet effet des protocoles de sécurité dédiés à la sécurisation des réseaux sur lesquels sont branchés les objets connectés. Elle a été fondée en 2016 par deux chercheurs, Alexander Pelov et Laurent Toulain, qui se sont rencontrés à l'ancienne école d'ingénieurs Télécoms Bretagne. Leur travail est en passe de devenir un standard mondial dans la sécurisation de l'Internet des objets (IoT). Un domaine en plein essor, mais qui représente aussi une porte d'entrée indéniable pour de nombreux pirates informatiques...
De plus en plus d'objets connectés - hors smartphones et ordinateurs - fonctionnent grâce à l'utilisation d'un réseau à longue portée et basse consommation, aussi appelé LPWAN. Ce dernier permet de transmettre des informations tout en consommant très peu d'énergie électrique. Un atout essentiel pour les appareils fonctionnant sur batteries, afin de préserver leur durée de vie. Or, il existe plusieurs types de réseaux « Low-Power Wide-Area Networks », développés par différentes entreprises, mais reposant chacun sur leurs propres normes spécifiques. Les fabricants d'objets connectés sont donc obligés de choisir l’une de ces technologies, au risque que celle-ci finisse par être rapidement dépassée par la concurrence en termes de sécurité… Le logiciel de la société française Acklio répond justement à ce problème en proposant une « surcouche » entre ces différents réseaux, en les rendant compatibles avec le protocole IP qui sert déjà à échanger des informations entre des périphériques sur l'Internet « classique ». Résultat : les LPWAN peuvent ainsi communiquer entre eux, mais surtout bénéficier du même niveau de protection. Cette technologie innovante baptisée « SCHC », est désormais en passe de devenir un standard international, promu par « l’Internet Engineering Task Force », qui publie la majorité des standards actuels de l’Internet. A ce titre, Acklio est aujourd'hui hébergée par l'incubateur de start-up « d'IMT Atlantique », à Rennes. Elle emploie une quinzaine de personnes et doit boucler sa première levée de fonds avant la fin du mois de janvier 2019. 

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