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Hollande, Sarkozy, Le Pen : les trois France face à la faillite ou bien... la faillite
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Revue de presse des hebdos

Vos hebdos qui sont déjà dans l’après 6 mai, prédisent des heures difficiles pour le pays à cause des plans sociaux qui se préparent et de l’état de nos finances publiques…

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C’est pas la joie dans les hebdos cette semaine ! Ceux qui penchent à gauche (Marianne et le Nouvel Observateur) s’étranglent de fureur devant le ton droitier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Le président candidat est à la une des deux journaux avec des titres peu flatteurs, « La Faute » pour le Nouvel Obs, et carrément « La Honte » pour Marianne qui accuse Nicolas Sarkozy d’aller au-delà des thèses de Marine Le Pen… Pour « L’Express », qui place cote à cote trois portraits de jeunes militants en couverture s’interroge « Gauche, droite, FN, Trois France, peut-on vivre ensemble ? »

Le Point se projette carrément dans l’après deuxième tour et présente celles et ceux qui incarneront « LA RELEVE » que le vainqueur soit de gauche ou de droite. Avec Najat Vallaud-Belkacem et Nathalie Koziusko –Morizet en couverture, on pressent que la relève sera très féminisée. Vos hebdos qui sont déjà dans l’après 6 mai, prédisent des heures difficiles pour le pays à cause des plans sociaux qui se préparent et de l’état de nos finances publiques…

Dévaluer l’Euro

Dans « le Point », François Lenglet, l’homme que l’on a vu titiller tous les candidats dans « des paroles et des actes » broie du noir « la faillite ou bien la faillite, c’est l’alternative mortifère qui nous est proposée pour le second tour de l’élection présidentielle. L’Europe est prise dans un étau d’airain. Il n’est tout simplement pas possible de retrouver la croissance avec une dette élevée, des taux d’intérêts assassins et un taux de change surévalué de 30% pour l’Espagne (65% pour la Grèce). Or, sans croissance », l’Europe du sud va entraîner avec elle le Nord dans la plus grosse catastrophe financière et monétaire de tous les temps… Donc, nous explique doctement notre Cassandre « si nous voulons éviter l’effondrement financier et politique, il va falloir alléger la dette… » Comment ? « En dévaluant fortement l’euro face aux monnaies émergentes et au dollar, ce qui aurait le double avantage de faire fondre la dette et de rétablir la compétitivité. Le tout sans distendre les liens européens ».

Et dans Challenges on pose la question, « alors que les coûts salariaux sont inférieurs en Allemagne », comment faire alors pour redresser a compétitivité française ? Idéalement, il faudrait réaliser les mêmes efforts de formation, d’innovation et de montée en gamme que les Allemands, comme le suggère François Hollande. Cela prend du temps. A court terme, il est difficile d’échapper à la baisse du coût du travail souhaitée par Nicolas Sarkozy pour donner de l’air aux entreprises. L’hebdomadaire traduit l’éditorial de « The Economist », la Bible des hommes d’affaires… qui explique pourquoi il vote (malgré tout) Sarkozy : « S’il a, malgré tout, quelques réussites à son actif, l’assouplissement des 35 heures, la libéralisation des universités ou l’augmentation de l’âge de la retraite, sa politique a été aussi peu fiable et imprévisible que lui-même. Ses récentes prises de position en faveur du protectionnisme, contre l’immigration ou contre l’Europe l’attestent avec éclat. C’est pourquoi, si nous devions voter le 6 mai, nous choisirions Monsieur Sarkozy, non pas pour récompenser ses mérites, mais pour contrer Monsieur Hollande », car, s’il est élu « ses propositions plomberont les finances de 20 milliards d’euros de plus sur les cinq prochaines années ».

Même si l’on n’est jamais certain de l’avenir des propositions électorales, la France a un besoin profond de changements, auquel le programme de Monsieur Hollande répond de façon insatisfaisante, et c’est d’autant plus frappant que la plupart des voisins de l’Hexagone sont en train de mener des réformes de fond. La dette publique du pays est énorme et continue de croître, aucun gouvernement n’a dégagé d’excédent depuis trente-cinq ans, les banques sont sous-capitalisées, le chômage est endémique, et l’Etat pléthorique. En réponse, le candidat socialiste parle beaucoup de justice sociale, mais peu de la nécessité de créer de la richesse. Bien qu’il annonce vouloir éradiquer le déficit budgétaire, il veut augmenter les taxes, pas les réduire. Inconcevable pour « The Economist ».

Le mur de l’argent

D’accord, mais en attendant les patrons français sont inquiets et c’est Le Nouvel Obs qui relaie leurs inquiétudes : « Ne cassez pas le rêve ! » conjure Denis Payre, cofondateur de Business Objects, puis de Kiala. L’entrepreneur en herbe aspire à devenir Steve Jobs. Si vous lui retirez la perspective de devenir riche, il ira créer sa boîte ailleurs ou bien ne la créera pas du tout ! Ses griefs ? « Hollande met dans le même sac le grand manager qui abuse du système, l’héritier et l’entrepreneur ». Elles apprécient particulièrement l’approche proPME du programme Hollande, avec un accent sur la recherche et développement, les facilités de financement bancaire ou la perspective de relations sociales apaisées. Ces patrons ont cependant deux préoccupations tenaces : pour eux, l’approche de la compétitivité ne met pas assez l’accent sur l’allègement des charges. Plus généralement, ils redoutent une rigidité accrue en matière de conditions d’embauche et de possibilités de licenciement. Voilà, c’est dit !

Une certaine idée…

Pour choisir celui pour lequel on votera dimanche, le patron et éditorialiste de l’Express, Christophe Barbier conseille à l’électeur (encore indécis) de se poser « une question en trois dimensions : lequel des ultimes prétendants a une certaine idée de la France, une certaine idée de l’Europe et une certaine idée de l’avenir ? » Élémentaire, mon cher Watson ? Pas vraiment, surtout quand le pays est non pas divisé en deux, mais en trois… et son confrère de Challenges, Vincent Beaufils semble lui répondre en écho : « Les difficultés seront telles que le choix du 6 mai n’est pas qu’une simple affaire de rationalité. Élire un président, c’est aussi un pari sur l’intensité qu’il mettra à déployer son projet. »

L’autre grand sujet, c’est le vote FN, ou plutôt son électorat, les jeunes en particulier. L’Express fait une plongée dans cette France qui a voté en faveur de Marine Le Pen, et dont l’électorat est très courtisé par Nicolas Sarkozy. Tous les hebdos étaient bouclés quand on a appris que le ministre de la Défense Gérard Longuet avait accordé une interview à Minute dans laquelle il déclarait que « l’on pouvait parler avec Marine Le Pen, ce qui n’était pas possible avec son père ». Autrement dit que l’UMP pourrait à terme s’entendre avec le FN. Pour le Nouvel Observateur, dont la Une met en scène Nicolas Sarkozy en train de regarder un portrait de Marine Le Pen curieusement « masculinisée », c’est « la Faute ». Le Journal annonce révéler « les Secrets d’une folle dérive », et « les Premières fissures à Droite », avec les anciens premiers ministres, mal à l’aise, qui se démarquent de la stratégie Buisson. Quant au patron du Journal, Laurent Joffrin, il « cogne » et affirme que « Sarkozy termine son quinquennat dans le déshonneur. Le quinquennat avait commencé avec les idées libérales d’une droite décomplexée qui ne tiendrait pas l’argent pour un tabou. Il se termine avec celles du Front National. Il débute au Fouquet’s et se termine à Hénin-Beaumont. Jamais un leader de la droite classique n’avait à ce point adopté, assimilé, légitimé les thèses du Front National… On voit ce qui nous est promis si Nicolas Sarkozy est réélu : une synthèse entre le CAC40 et Marine Le Pen. »

Le Front National débordé sur sa droite

Même tonalité dans Marianne, où son fondateur, Jean-François Kahn appelle à « voter contre la honte ». Et de s’indigner contre le discours de Nicolas Sarkozy qui a selon lui « un discours ouvertement pétainiste. Non pas d’alignement sur le Front National, mais de débordement du Front National sur sa droite… Opposer les chômeurs aux travailleurs, le « vrai travail » au « faux travail », l’artisan au salarié, les salariés entre eux, la France saine et la France pourrie, la souffrance à l’intelligence, stigmatiser l’idée même de redistribution, faire de l’héritage et non de la fraternité le ciment de la famille, promouvoir les frontières et pourquoi pas les fils barbelés en bornage indépassable de l’horizon de nos ambitions, lacérer hystériquement le tissu national ; cela Marine Le Pen ne le fait pas. Ou elle n’ose pas. Nicolas Sarkozy, lui, ose… » Pour lui donc, pas d’hésitation, « il faut voter contre Sarkozy ». Mais n’allez pas croire que c’est par admiration pour la Gauche que rappelle-t-il « nous n’avons cessé de mettre en garde contre ce déni et ses aveuglements ? Contre ce mépris petit-bourgeois du peuple concret que révèle son instrumentalisation obsessionnelle du concept du populisme destiné à clore le débat en diabolisant toutes les contradictions… Pourquoi « les damnés de leur terre » de Gandrange et de Florange, haut lieu de la « Lorraine cœur d’acier », ont-ils plébiscité non pas la contestation Mélenchon, mais le crachat Le Pen ? La question ne mérite-t-elle pas d’être posée…? » Assurément si.

La relève ou la continuité

Si vous voulez savoir qui de Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Michel Sapin ou Manuel Valls, peut devenir demain le Premier Ministre de François Hollande, qui de Jean-François Copé, Alain Juppé ou Nathalie Koziusko-Morizet pourrait occuper Matignon si Nicolas Sarkozy est réélu, il faut lire le Point.

En tous cas il y a un nom qu’il faut retenir en cas d’élection de François Hollande ; c’est celui de Pierre-René Lemas, un préfet qui a de fortes chances de devenir secrétaire général de l’Elysée. Il est, selon Challenges, issu de la promotion Voltaire, et a été éjecté de la préfecture de la région Lorraine au lendemain des législatives de 2007 parce qu’il refusait d’appliquer la politique du chiffre voulue par Nicolas Sarkozy.

Et l’écriture ?

Le Point a aussi eu l’idée de faire examiner l’écriture des deux prétendants par deux graphologues.

Pour François Hollande, Françoise Benedetti note « une écriture sage et appliquée, écrite avec un style normal, qui apporte force et chaleur au graphisme, et relève une remarquable aisance tant intellectuelle que relationnelle… L’écriture, petite et simplifiée, bien construite, démontre les qualités d’intelligence, de mémoire, d’organisation rationnelle des connaissances ; il assimile ainsi toutes les notions utiles à son succès… Plus porté au compromis qu’au combat, il reste dans la ligne, se révélant ainsi plus doctrinaire que spontané… »

Dans l’écriture de Nicolas Sarkozy, la graphologue note « une personnalité hors du commun, complexe et riche de contrastes… Le très grand soin qu’il apporte à la formation de ses lettres et en particulier, au « d », lettre de la morale qu’on s’est construite, montre qu’il a pour projet l’excellence et que pour y parvenir, il cherche à concilier, en lui comme dans ses réalisations, la rigueur et la générosité qui l’habitent… Conforme à lui-même, il a le projet d’apporter un souffle nouveau, de redynamiser les forces vives du pays qu’il a choisi de défendre et de mener au meilleur de son potentiel ».

Vous en voulez plus ?

On ne l’attendait pas dans ce registre.Dans le Point Michèle Alliot-Marie confie à Anna Cabana qui enquête sur les « coulisses des grands meetings » que « prononcer un discours dans un meeting, quand ça marche, c’est vraiment comme faire l’amour, je vous promets… Il y a une telle excitation… »

Dans Challenges, seuls 3% des Français suivent un candidat à la présidentielle sur Twitter et 5% sur Facebook.

Dans le Nouvel Obs, une enquête sur un récit sur un autre duel ou plutôt une guerre pas très littéraire, celle que se livrent les deux auteurs de best-sellers, Guillaume Musso et Marc Lévy, sur fond d’opération marketing et de mise en place dans les supermarchés.

Dans le Point, tout sur la Soirée DSK à « JOSE », une soirée planplan dans cet ancien sex-shop qui aurait couté un éventuel strapontin ministériel à son organisateur Julien Dray, d’après le Nouvel Obs.

Dans la rubrique Téléphone Rouge de ce journal, on ne change pas une équipe qui gagne, donc pas le nom du Front National : « Est-ce que Chaumet ou Pernod changent de nom ? » Le changement de nom du FN préconisé par certains conseillers de Marine Le Pen n’a pas l’heur de plaire au père : « C’est une idée que je combattrai jusqu’à la mort ! » prévient Jean-Marie Le Pen, qui ajoute : « Quand on a mis quarante ans pour installer une marque, on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain ! »

Et le mur médiatique…

Alain Minc prévient : « François Hollande sera tôt ou tard victime du mur médiatique…Les journalistes qui ont envie que le pouvoir change sont d’une dissymétrie réversible », confie le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy dans l’Express.

Et notre consœur Arlette Chabot de ponctuer cette affirmation : « J’ai vécu 1981 avec des confrères qui découvraient des convictions socialistes et des cartes PS quand ils n’en avaient jamais eu entre leurs mains… J’ai vu en 2007 éclore des sarkozystes en herbe, et je vois aujourd’hui des convertis de la dernière heure rouler comme un seul homme pour François Hollande. C’est lamentable ! »

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