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Carte des votes : de qui Emmanuel Macron est-il moins le président ?
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Tous les Français n'ont pas voté pour le candidat d'En Marche. Entre mélenchonistes, frontistes et abstentionnistes, voici une analyse de ceux qui ont refusé de donner leurs voix à Emmanuel Macron.

Atlantico : géographiquement parlant, quels sont les territoires qui ont le moins voté pour Emmanuel Macron dans le cadre du second tour de l'élection présidentielle ?

Laurent Chalard : Sur le plan géographique, les résultats du second tour de l’élection présidentielle de 2017 confirment ceux du premier tour. Il existe une fracture de part et d’autre d’une ligne reliant Le Havre à Marseille, qui opposent les régions situées à l’est de cette ligne, ayant largement souffert de la désindustrialisation où le vote anti-système, que représente Marine Le Pen, apparaît consécutivement important, aux régions se trouvant à l’ouest de cette ligne, qui ont bénéficié de la tertiarisation de l’économie où Emmanuel Macron, le candidat « optimiste », a été plébiscité. 
Lorsque l’on analyse plus en détail la carte, la géographie des territoires qui ont le moins voté pour Emmanuel Macron fait émerger deux grandes lignes de force du Front National au nord et au sud, qui témoignent cependant d’une évolution notable au cours des dernières décennies. En effet, le point de force méridional traditionnel, depuis l’émergence du Front National sur la scène politique hexagonale dans les années 1980, n’est désormais plus le pôle principal du vote d’extrême-droite, étant largement dépassé par un pôle nord-est, qui prend de plus en plus d’ampleur au fur-et-à-mesure des élections. Le pôle méridional s’adosse essentiellement sur le Var et les Alpes-Maritimes, avec un prolongement discontinu le long du littoral méditerranéen. C’est la France des rapatriés d’Algérie, base originelle de l’électorat frontiste. 
Par contre, au nord-est de la France, le Front National est désormais largement implanté dans les départements situés au nord de l’Ile de France, en l’occurrence, les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Maritime, de l’Oise, de l’Aisne et des Ardennes, mais aussi de plus en plus à l’est de cette même région Ile de France, dans les départements de la Marne, l’Aube, la Meuse, la Haute-Marne, les Vosges, la Haute-Saône, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle. Tout spécialiste de géographie économique y reconnaîtra les anciens bastions industriels de la France des Trente Glorieuses, qui ont le plus souffert de la désindustrialisation. Leurs habitants sont de plus en plus séduits par le nouveau discours social du Front National, incarné par la ligne Philippot.  

Du point de vue du type d'espaces, métropoles, villes moyennes, ruralité, quelles sont les zones qui ont été le moins représentées dans le vote Emmanuel Macron ? 

Laurent Chalard : Les zones les moins représentées dans le vote pour Emmanuel Macron sont essentiellement des zones rurales. En effet, une fois évacuées les différences régionales que nous avons vues précédemment, on a l’impression que le rejet pour le candidat du système est inversement proportionnel à la taille des agglomérations. Plus cette dernière est peuplée, plus les gens votent pour Emmanuel Macron, et inversement pour Marine Le Pen. Ce constat, mis en avant par le géographe Christophe Guilluy depuis près d’une dizaine d’années, est assez frappant dans les territoires du nord-est, où le Front National fait ses meilleurs scores. En effet, les métropoles de Lille, Metz et Nancy apparaissent comme les principaux pôles de faiblesse du vote d’extrême-droite, alors que cette dernière triomphe dans les campagnes. Les villes moyennes se situent entre les deux.

D'un point de vue sociologique, quelles sont les conclusions que l'on peut faire relativement à cette géographie du vote ?

Laurent Chalard : Etant donné la sociologie des espaces ruralo-industriels du nord-est, où s’affirme le plus fort rejet du candidat Emmanuel Macron, cette géographie du vote témoigne de l’importance des classes populaires connaissant une situation de l’emploi difficile dans le vote extrémiste, c’est-à-dire de populations demeurant dans des territoires où le nombre d’emploi se réduit d’année en année, d’où l’importance du chômage officiel (et officieux, certains individus préférant se déclarer inactifs) et des situations de précarité de l’emploi, dans un contexte de présence de populations extra-européennes, perçues comme « concurrentes », en nombre important dans les zones urbaines. En effet, on ne retrouve pas le même profil de vote dans certains territoires industriels de l’ouest à forte présence de catégories populaires, comme la Vendée ou le Choletais car la situation de l’emploi y est bien meilleure et l’immigration extra-européenne bien moindre. Il existe donc une corrélation certaine entre situation économique personnelle et vote contestataire. 

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