Veillée d’armes sur les marchés avant l'élection présidentielle américaine<!-- --> | Atlantico.fr
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Les entreprises américaines liées à la construction seront donc favorisées de même dans un second temps que les entreprises liées à la consommation des ménages.
Les entreprises américaines liées à la construction seront donc favorisées de même dans un second temps que les entreprises liées à la consommation des ménages.
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Atlantico Bourse

Force est de constater que mercredi matin tous les doutes et interrogations ne seront pas levés. En effet, le nom du vainqueur est clé mais sa capacité de « gestion effective » sera au moins aussi importante : quelle sera sa marge de manœuvre avec le Congrès ?

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Plus que quelques heures à attendre pour connaître le nouveau président américain. Les marchés échaudés par le Brexit de juin ne se hasardent pas à anticiper les résultats. Cela semble plus prudent effectivement tant les résultats s’annoncent serrés. Nous avons, chez Talence Gestion une ligne de conduite claire : ne prenons aucune position en fonction d’une échéance politique quelle qu’elle soit. L’élection américaine ne déroge pas à cette règle. Nous analysons néanmoins les éléments et les études à notre disposition pour estimer dans quelle mesure notre stratégie et nos positions pourraient évoluer dans les différents contextes post événement politique de ce type.

Dans le cas américain, force est de constater que mercredi matin tous les doutes et interrogations ne seront pas levés. En effet, le nom du vainqueur est clé mais sa capacité de « gestion effective » sera au moins aussi importante : quelle sera sa marge de manœuvre avec le Congrès ?

Depuis quelques années l’aspect « partisan » l’emporte dans les votes du congrès ou du sénat : un président d’un camp est désormais de plus en plus largement « empêché » d’agir par un congrès ou un sénat d’un autre camp. Cela peut remettre largement en cause ce que l’on pense aujourd’hui des programmes.

Justement si l’on analyse les programmes on peut distinguer quelques lignes claires et imaginer des conséquences. L’un des points commun des deux candidats réside dans la volonté de relancer l’économie soit par des réductions d’impôts soit par des dépenses d’infrastructure. Cette politique de relance très classique paraît nécessaire pour ce qui concerne les infrastructures : les études comparatives montrent un niveau d’obsolescence élevé aux Etats-Unis qui les positionne très mal par rapport aux autres pays développés... Les entreprises américaines liées à la construction seront donc favorisées de même dans un second temps que les entreprises liées à la consommation des ménages.

Autre point commun, les deux candidats vont augmenter les dépenses liées à la Défense : même schéma, les valeurs de défense américaines vont largement profiter de cette manne.

Par contre l’impact de ces mesures est quasi certain pour 2018 et 2019 : un déficit en très forte hausse. Certaines hypothèses prévoient même un déficit équivalent à 8-10% du PIB…ce qui serait du jamais vu hors période de crise. Deux conséquences directes sur les marchés : une tension à prévoir à un moment ou un autre sur les taux longs et, au moins dans un premier temps une nette baisse du dollar, nous y reviendrons.

Sur les autres éléments à envisager dans le cas Clinton en particulier : les dépenses de santé seront plus contrôlées et la pression sur la régulation des banques va s’accentuer ; enfin les fusions acquisitions pourraient être moins faciles sous une présidence Clinton.

Tout ceci interviendra plutôt à partir de mi-2017. A plus court-terme, le marché devrait évoluer sous contraintes de fortes pressions contradictoires. L’élection de Trump ou Clinton va conduire le Dollar à être plutôt orienté à la baisse dès le lendemain de leur élection mais dès le 8 décembre la Réserve Fédérale Américaine devrait logiquement monter ses taux, ce qui pousserait le Dollar à la hausse… La volatilité des devises devrait donc être à l’ordre du jour d’ici la fin d’année avec des conséquences sur les taux et les actions.

La BCE a elle aussi un agenda chargé pour la fin d’année : la croissance, même modérée, et les faibles tensions sur les prix enregistrées récemment, font que les questions sont de plus en plus nombreuses pour contester la prolongation de politiques monétaires non conventionnelles. La BCE pourrait, à un moment ou à un autre devoir ralentir à ses achats sur les marchés obligataires. Outre des tensions sur les taux cela aurait un impact direct sur l’Euro : il serait propulsé à la hausse et ce d’autant plus que le Dollar serait probablement fragilisé au même moment. Ces éléments sont potentiellement assez défavorables aux entreprises européennes exportatrices.

Nous ne changeons donc toujours pas notre stratégie globale : plutôt positif sur l’économie mondiale, favorable aux entreprises de la zone Euro domestiques, moins sensibles aux fluctuations monétaires, très prudents sur les taux…très prudents également sur les pays émergents et la Grande-Bretagne. Sur ces deux derniers points : les prix du pétrole avaient flambé suite à l’accord « historique » de fin septembre prévoyant une limitation de la production... Hélas, les faits sont têtus : aucun pays n’a vraiment joué le jeu et le prix du baril a lourdement rechuté. Enfin en Grande-Bretagne la seule raison de la bonne tenue de l’économie réside dans la baisse de 10-15% de la Livre... Nous pensons toujours qu’au fil du temps cet impact va s’estomper et que la baisse de l’investissement, la hausse de l’inflation et l’impréparation de la classe politique britannique à la gestion du Brexit finiront par peser sur les résultats des entreprises... Nous restons donc à l’écart pour le moment.

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