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De Baupin à Airnbnb : omerta et délation sont les deux mamelles de la gauche
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Chroniques du pot aux roses

Le pire méfait de Baupin n'est pas celui dont on parle ces derniers jours, mais bien d'avoir massacré la voirie haussmanienne, abîmé les abords de nos plus beaux monuments, gaspillé des milliards d’euros dans un tramway inutile quand il suffisait d’améliorer la ligne de bus de petite ceinture, fait perdre des millions d’heures aux automobilistes pour flatter la jalousie et l’entre-soi de ses bobos d’électeurs.

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Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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1 - Baupin le bitonniau

Faisons un rêve. Non, ce n’est pas pour ses propos graveleux, ses gestes déplacés et autres Sms baveux que ce notable vert, qui avait ridiculement troqué le col ouvert pour la cravate sitôt élu à l’Assemblée nationale, demandera pardon aux Franciliens en général et aux Parisiens en particulier. Le harcèlement est détestable mais ce n’est pas un viol : l’inénarrable Emmanuelle Cosse le sait bien, qui s’en remet à la justice comme on botte en touche, attendant que le vent médiatique retombe. Les délits de ce type sont rapidement prescrits.

Il y a plus grave chez Baupin, n’en déplaise aux belles âmes aussi promptes à le dénoncer aujourd’hui alors qu’elles le soutenaient hier. Son pire méfait : avoir massacré la voirie haussmanienne, abîmé les abords de nos plus beaux monuments, gaspillé des milliards d’euros dans un tramway inutile quand il suffisait d’améliorer la ligne de bus de petite ceinture, fait perdre des millions d’heures aux automobilistes pour flatter la jalousie et l’entre-soi de ses bobos d’électeurs. Sans même évoquer la pollution générée par sa politique de congestion.

Les Parisiens n’oublient pas cet adjoint au maire de sinistre mémoire qui a encombré leurs rues et leurs avenues d’édicules, boudins de béton et séparateurs honteux. Le pire bitonniau de Baupin n’est pas celui qu’on croit.

Le plus intéressant dans l’affaire de ces attouchements et paroles libidineuses n’est pas non plus la médiocre banalité du comportement de Baupin, caractéristique des hommes qui ne savent pas séduire. Mais l’omertà qui les accompagna.

Il fallut attendre en effet que Baupin quitte les Verts pour que les langues se délient. Auparavant, la peur, la servilité et la soumission régnaient. Ce petit jeu durait, nous dit-on, depuis 1998. Personne, dans son entourage, à la mairie de Paris, chez EELV ou à l’Assemblée n’osa jamais rompre le silence.

Le pouvoir des appareils est encore plus grand à gauche qu’à droite dès lors que la plupart des élus et collaborateurs d’élus n’ont pas de véritables parcours professionnel en dehors de la politique. Ils doivent se ratatiner davantage encore dans ce type de situation. La loi du silence dont Baupin a bénéficié ne s’explique pas autrement. C’est un des vices inhérents à l’excessive professionnalisation de la politique en France.

Au moment même où les dangers de l’omertà apparaissaient au grand jour, la gauche parisienne nous offrait comme un contrepoint, une illustration d’une dérive symétrique : la délation.

A nouveau en effet, la mairie d’Hidalgo s’en prend aux particuliers qui louent leurs biens via Airnbnb. Malgré de poussifs démentis, la publication de la liste des loueurs qui se sont mis en conformité avec la réglementation parisienne va permettre aux gens bien intentionnés de vérifier si leurs voisins y figurent.

Gênée, la mairie de Paris a fini par expliquer sans rire au Figaro que ce «lâcher de données (sic) pourrait permettre à des start-up et des développeurs de produire des outils cartographiques et statistiques». Comme si les pléthoriques services municipaux n’étaient pas en mesure de le faire !

Du reste, la municipalité d’Hidalgo n’en est pas à son coup d’essai dans ce domaine. Il y a un an jour pour jour ou presque, elle avait lancé dans le quartier du Marais une opération de contrôle des meublés touristiques.

Le commissaire politique Ian Brossat, communiste et adjoint au maire de son état, avait alors crânement déclaré : «Nous visons les multi-propriétaires qui louent leurs résidences secondaires à prix fort aux touristes. Ils peuvent réaliser en une semaine le gain d’un mois de location standard». Brossat, en bon camarade, n'aime pas l'argent que gagnent les autres et veut donc le leur reprendre.

Une vingtaine de contrôleurs de la mairie avaient ciblé soixante-cinq à quatre-vingt immeubles dans treize rues. Trente infractions étaient constatées dès la première journée : beau tableau de chasse ! Cette pratique digne d’un régime policier était censée lutter contre la hausse des prix de l'immobilier et des loyers à Paris. Jamais les préemptions de la mairie pour cause de clientélisme n’étaient, bien entendu, mises en cause.

Ainsi, au même moment, en parlant trop tard ou en tentant de faire parler les autres, la gauche française a raté à la fois l’occasion de se taire et de s’exprimer.

2 - Trump le mauvais et Khan le bon

La distinction claire et nette entre le camp du bien et celui du mal, indispensable à la quiétude mentale du progressiste en climat tempéré, a retrouvé de la vigueur cette semaine. D’un côté l’affreux Trump qui se méfie de l’islam, de l’autre le doux Khan, nouveau maire de Londres et musulman intégré.

Mais intégré à quoi au juste ? Même si son épouse n’était pas voilée le jour de sa prestation de serment comme ont cru le remarquer des commentateurs sur le qui-vive, les tenues bigotes ne manquaient pas dans son entourage à cette grande occasion. On ne l’a guère entendu se proclamer athée ou agnostique alors qu’il a amplement utilisé son origine religieuse pour séduire les près de 15 % de Londoniens musulmans. Après avoir attribué les attentats de juillet 2005 à Londres au soutien britannique à Israël et dénoncé avec force vocalises la politique de l’Etat hébreu à Gaza, il a mis récemment de l’eau dans son vin et visité le mémorial de la Shoah. Normalisation ou astuce ? Affaire à suivre en tout cas...

Les laboratoires de séparatisme communautaire que sont devenus la Grande Bretagne en général et Londres en particulier ont besoin de beaucoup d’argent pour fonctionner sans heurts et Khan a grandement intérêt à ce que ses idées socialistes ne plombent pas cette opulente métropole.

En attendant, de l’autre côté de l’Atlantique, nul à gauche ne s’irrite qu’Hillary Clinton table sans complexe sur le vote noir et latino pour s’emparer de la Maison Blanche. Le communautarisme est devenu le nutriment essentiel du camp du bien.

3 - Frondeurs encore un effort pour être révolutionnaires !

Allez quoi ! Il suffit d’un grosse cinquantaine de courageux mêlant leurs votes à ceux de la droite et du centre et le tour est joué : une dissolution épargnerait à la France une longue année de reptation avant la mise à l’écart si nécessaire du Mou roublard qui nous gouverne.

Véritable patriote, je suggère à la gauche «radicale» la solution pour sortir du piège du 49 alinéa 3. Que Mélenchon et Laurent assurent aux frondeurs socialistes qui voteront la censure que le Parti de Gauche et les Communistes ne leur opposeront pas de candidats dans leurs circonscriptions. Ainsi, ces rebelles pourraient tenter le tout pour le tout et espérer en une réélection que la poursuite de la situation actuelle ne leur permettra pas.

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